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SOMMAIRE INTERVIEWS Brass Phantoms ..……….....……..……....…….. 5-8 Brooke Sharkey ...…………………...….………. 9-12 Charlotte & Magon .………………....…..…….. 13-16 Couteau Papillon ..………………….…………. 17- 21 Gentle Vex ....……………………...….………… 34-37 Indeflagration .....………………….…….…...… 38-41 Konoba..…..............…………….…..…..……… 42-45 Loïc Desplanques.…………..…….…..….…… 56-59 Mathis……....…....…………………….......……. 60-63 No Random………………………..……………. 72-74 Pti Ben…………………..…………...………….. 75-78 She Owl……..……………………..….………… 87-90 Six………………………..…………..………….. 91-96 Sophren..…..…..…………………...………… 105-108 Talitres..…………..………………..….……… 109-112 Tisiphone..…..…..……….………..…………. 113-116 The Moonfingers..……….…..………...…… 127-130 ZOËN..…………………...….………..………. 131-134

CHRONIQUES

4MenStanding…...………….……………….…………. 23-24 Adan & Xavi y los Imanes..………………….……….. 25-26 Babel ..….......…….…………………………………..… 27-28 Billie …….………….………………………………….... 29-30 Clint Slate..…………………………………….……..… 31-32 Collection...…………………………………….……..… 47-48 Dan Druf………………….…………………………...… 49-50 Eve & The Travelers..…..…………………....……..… 51-52 Fingers & Cream …………….……………..…………. 53-54 Gisèle Pape …………………………………..………... 65-66 Grout/ Grout ...……………………………...………… 67-68 Heloïse................…………………………….………….69-70 Hubrecht ……………………...………………..………. 80-81 Juna…………………………………………….……….. 82-83 Kissamilé……………………………………….………. 84-85 Leitmotiv..………………………………………….…… 98-99 Mârie Adôre………………………………….………. 100-101 Miss Géo …………………………………….………. 102-103 Nuits Blondes……………………………….………. 118-119 Pet Trap..……………………………………….…….. 120-121 CLIPS Station Echo………………..……………………….. 122-123 Loa Frida ………………………………………..… 143 Summer…………….………………………………… 124-125 Normcore……………………………………………144 The VieWers ………..……………………….……… 136-137 Wild Wild Waves….………………………..………. 138-139 LA PLAYLIST Yeti……………………..…………………….....……. 140-141 Playlist #11 – Printemps/été 2016…………...… 146

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L'EDITO. Happy brithday Amalgame Musical ! Le temps de souffler les six bougies et c'est reparti pour une belle année de plus, riche en découverte musicale. L'année dernière, à l'occasion des cinq ans, nous vous présentions notre nouvelle formule, un magazine saisonnier. Une édition puis deux éditions, ce format semble vous avoir beaucoup plu. Malheureusement, les obligations professionnelles passant par-là, nous n'avons pas pu sortir une troisième édition hivernale. Ce pourquoi, pour ce sixième anniversaire, nous avons trouvé un compromis afin de continuer les découvertes musicales qui sont toujours plus nombreuses chaque mois. Un webmagazine toujours mais pour deux saisons (soit 2 numéros par an). Des numéros très complets car vous êtes énormément à nous proposer de découvrir de nouveaux univers musicaux. Au programme de cette collection printemps/été de très bonnes sonorités, des plus électriques au plus électroniques en passant par de douces ballades folk et autres ambiances qui raviront vos oreilles de mélomanes. Des artistes mais aussi un label et un webzine ainsi que bien évidemment de nombreux opus que nous vous proposons de découvrir, cette édition est très complète, éclectique et chacun y trouvera son bonheur pour sûr. Comme à chaque numéro, nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à le feuilleter (certes virtuellement) que nous à le réaliser. Il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture, une bonne écoute et un bel été, Musicalement vôtre, Florence & Manon.

R E T R O U V E Z

L E

W E B Z I N E

S U R

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amalgamemusicalwebzine.wordpress.com

CO–REDACTRICES: Florence Allignet Manon Sabard Interviews de BRASS PHANTOMS & BROOKE SHARKEY par Suzon Bodin

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INTERVIEWS BRASS PHANTOMS - BROOKE SHARKEY CHARLOTTE & MAGON – COUTEAU PAPILLON

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B R A S S

Des guitares et des histoires, découvrez les dublinois de Brass Phantoms ! Tout d’abord, pouvez-vous présenter le groupe .. ? Ryan : Brass Phantoms est constitué de Greg Whelan et James Geraghty (guitares), Adam McCabe (batterie) et Ryan Cashell (basse et chant). James et moi, nous nous sommes rencontrés à l’école et on a voulu faire un groupe ensemble. On cherchait un batteur et un ami nous a parlé d’Adam. Il était dans un groupe avec Greg et c’est à partir de ce moment-là que tout a commencé pour nous… Quelles sont vos influences ? Ryan : On est influencés par de nombreux groupes de la fin des années 70 et par des groupes plus modernes des années 2000. On a tous des goûts différents en matière de musique, ce qui est super pour écrire parce que, du coup, nous avons tous quelque chose de différent à mettre sur la table. James : Je pense que Ryan aime plus les groupes plus sombres : Joy Division, Interpol, ce genre de musiques... Greg apporte beaucoup de mélodies, s’il y a des rythmes sautillants dans une de nos chansons, ça vient probablement de Greg ! Adam fait une partie des arrangements et apporte beaucoup d’idées sur la structure des morceaux. Il est bon en jazz et en musique psychédélique ! Avec un peu de chance, cela s’entendra plus dans les nouvelles chansons que nous allons enregistrer cet été.

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P H A N T O M S


INTERVIEW . B R A S S P H A N T O M S

Comment composez-vous vos morceaux ? Est-ce que vous avez un cheminement qui revient ou est-ce que ça change à chaque fois ? Ryan : Habituellement, l’un de nous compose la musique ou arrive avec une idée de comment il veut que la chanson sonne et ensuite on travaille toujours tous ensemble. Le premier jet ne sonne jamais pareil que la version finale. Je pense que cela joue beaucoup sur notre son : on a tous des idées et une mentalité musicale différentes. James : Exactement ! Je pense que l’écriture d’un morceau est toujours un peu différent à chaque fois. Quand on a fait l’EP City of Wolves, ça venait d’une idée de partie guitare sur laquelle on s’est concentrés. C’est ce qui est génial dans le fait d’être un groupe au sein duquel chaque membre joue plusieurs instruments. On joue tous de la guitare donc les idées peuvent venir de partout ! De quoi parlent vos morceaux ? Ryan : Souvent nos chansons parlent d’expériences ou de réflexions personnelles. Récemment j’ai écrit beaucoup de paroles venant de livres et de poèmes que j’ai lu ou de mon intérêt pour l’Histoire ou encore sur ma vie personnelle. James : C’est essentiellement Ryan qui écrit les paroles de nos morceaux . Quelques une de mes préférées seront des les chansons que nous allons enregistrer cet été ! Un de nos morceau est basé sur l’Histoire égyptienne...c’est comme si je recevais une leçon d’Histoire à chaque fois que Ryan explique les paroles qu’il écrit ! Le son du groupe a pas mal évolué entre votre premier EP et City of Wolves, comment vous l’expliquez ? Ryan : Et bien nous étions très jeunes pendant l’écriture du premier EP, on commençait tout juste à jouer sur nos instruments. Le premier EP était un apprentissage ce qui, je trouve, ne nous représente plus dans l’ensemble. James : Certaines de nos chansons qui sont dans cet EP ont été écrites lorsque nous avions 15 ans ! Je ne suis même pas sûr que cela devait être un EP au départ. On avait besoin d’une démo pour pouvoir faire des concert à Dublin et aux alentours donc on a enregistré des morceaux. On les adorait à ce moment-là mais...ce n’est plus là où on veut aller aujourd’hui. Je pense qu’on s’est vraiment rapprochés de ce qu’on voulait faire avec l’EP City of Wolves mais j’ai aussi vraiment hâte d’enregistrer les nouveaux morceaux cet été !

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B R A S S

Ryan : Un des gros changements pour nous a été de faire des expériences, jouer avec des effets et d’écouter beaucoup plus de musique expérimentale. Notre dernier EP est, définitivement, seulement le début de la construction de notre son et, avec un peu de chance, on ne pourra que l’améliorer. Est-ce qu’il y a un endroit où vous voudriez vraiment jouer ? Ryan : Personnellement, à Dublin, j’adorerais jouer à l’Olympia, c’est une salle vraiment emblématique.. James : Ouais, l’Olympia est une magnifique salle ! Le Vicar St est à peu près de la même taille et il y a eu beaucoup plus de concerts récemment. Si tu joues dans l’une de ces deux salles,c’est que tu fais un truc vraiment bon. Ryan : Pour les autres villes, je pense que la prochaine étape pour nous sera Londres. C’est une très belle ville et on essaye vraiment de trouver un moyen d’aller y jouer...avec un peu de chance, ça arrivera dans les prochains mois !

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P H A N T O M S


INTERVIEW . B R A S S

Pouvez-vous nous parler de la scène musicale dublinoise ? Ryan : Nous avons pas mal de groupes amis ici, New Mellow est l’un d’entre eux. On a joué avec eux un paquet de fois et ils ont été super à chaque fois ! James : Un autre truc cool avec le fait de vivre à Dublin est que de nombreux groupes étrangers y passent. Nous avons eu le plaisir de jouer avec un groupe français appelé T.O.T.E.M, un groupe de funk-rock vraiment cool ! Ryan : Comme salle sympa, il y a l’Olympia, le Whelan’s, le Vicar St, l’Academy, la Button Factory, le Workman’s...il y a tellement d’endroits fantastiques pour faire de la musique dans cette ville ! Ce que j’adore avec Dublin c’est qu’il y a toujours quelque chose à faire en matière de musique. C’est un endroit très vivant et génial pour un groupe ! Un mot de la fin ? Ryan : Nous allons retourner en studio dans quelques jours pour enregistrer de nouveaux morceaux. On a vraiment hâte de vous les faire écouter !

P H A N T O M S

http://brassphantoms.bandcamp.com/

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B R O O K E

J’ai découvert la musique de Brooke Sharkey par hasard, au détour d’une rue londonienne. Le casque vissé sur mes oreilles, j’aurai pu passer complètement à côté de cette chanteuse à la voix cristalline et puissante… ce qui aurait été bien dommage ! Curieuse que je suis, je me suis approchée de l’attroupement et j’ai écouté. Quelques mois (et moult rebondissements) plus tard, le rendez-vous est pris sur Skype avec la jeune chanteuse-compositrice, histoire de pouvoir vous la présenter dans ce numéro d’Amalgame Musical... Est-ce que tu peux te présenter ? Donc je m’appelle Brooke Sharkey, j’ai vécu en France de l’âge de 9 ans jusqu’à mes 16 ans mais je suis Anglaise d’origine, de Londres. Donc j’ai passé sept années en France et c’est comme ça que j’ai appris la langue, ma famille habite toujours là-bas. Quand je suis revenue en Angleterre, je suis allée vivre chez mon père qui est musicien et donc j’ai commencé à chanter dans les pubs et tout ça et c’est là j’ai appris à faire de la guitare et que je me suis mise à écrire en Français des chansons, influencées par des artistes américains, français et anglais que j’aime beaucoup... A partir de mes 16 ans en fait j’ai beaucoup joué dans la rue, à consolider mon projet, à inclure des musiciens dans ce projet... et puis après j’ai sorti un EP, en 2010 et ensuite un album en 2012. J’ai sorti un autre EP en 2014 et là je travaille sur mon deuxième album que je vais sortir au mois d’octobre. Voilà !

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S H A R K E Y


INTERVIEW . Quelles sont des inspirations (pas forcément musicales) ? Ce qui m’inspire ce sont...les émotions… les sacrifices, les compromis...la célébration d’individus et d’endroits. Ces inspirations me tombent un peu dessus par hasard, tout d’un coup et… ça me remplit le cœur et me donne envie d’en parler !

B R O O K E S H A R K E Y

Tu écris en français et en anglais... pourquoi ? Oui, alors ... en fait j’ai commencé très naturellement en fait. J’avais un peu peur parce que peu de personnes comprennent les deux langues mais ça c’était évident pour moi de le faire... Parce qu’il y a des choses qui sont plus jolies à dire en Français, ou alors des choses un peu secrètes que je chante en Français (rires)… donc voilà, plusieurs raisons mais dans tous les cas, lorsque j’écris la chanson, ça me parait tout-à-fait naturel de le faire en Français ou en Anglais...je me laisse complètement allée à mon instinct poétique et...voilà. Du coup, tu en as déjà un peu parlé mais, que raconte tes chansons et comment se passe leur composition ? Chaque chanson est unique dans la manière dont ça m’est venue. J’ai pas de stratégie pour écrire. Je peux te donner un exemple : un morceau que j’ai écrit qu’en Français, qui s’appelle Offida et qui va être sur mon prochain album...ça a été inspiré par des Italiens qui nous ont fait joué dans un festival en Italie et après ils nous ont un peu fait visiter les alentours et du coup on est tombé sur une ville qui s’appelle Offida, qui a été connue pendant des centaines d’années dans la fabrication de soie et maintenant il n’y a plus que quelques femmes en fait qui créent cette dentelle à partir de soie, typique de cette ville ...et donc du coup j’ai rencontré ces femmes, on a parlé de l’Italie et tout ça...et donc cela m’a vraiment bouleversée. J’ai écrit d’abord toutes les paroles et puis la musique m’est venue après en fait. Et je voulais vraiment… comment dire.. .emmener une structure musicale ancienne dans cette chanson tout en gardant un langage un peu moderne et raconter l’Histoire de ces femmes. Donc cette chanson m’est venue comme ça mais il y en a d’autres qui ont vraiment été créées à partir de la mélodie qui a fait ressortir des émotions en moi, comme Wondering Heart...c’est venu comme ça, j’étais en train de conduire et il y a une mélodie qui m’est venue en premier et ça a vraiment rempli tout mon corps, après ça a fait remonter des sentiments que j’avais tout au fond de moi...cette chanson parle de comment on peut être amoureux de plusieurs personnes et pas juste d’une seule en fait. Donc il y a vraiment tout type de chanson et c’est cela qui est intéressant parce que ça veut dire que dans la vie tout n’est pas absolument structuré, certaines choses arrivent et tu ne sais pas comment.

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Tu joues beaucoup dans la rue. Est-ce que tu peux me parler de cette démarche ? Ce qui est intéressant c’est que, avec les changements dans l’industrie de la musique etc, il n’y avait pas vraiment, pour moi, un accès à une plateforme qui...enfin où je pouvais jouer et gagner de l’argent. C’était soit t’as 16 ans et tu prends la route commerciale sur laquelle il y a de l’argent mais t’es en compétition permanente avec plein de gens de ton âge et puis c’est toujours associé à la musique pop et grand public... et moi en fait j’avais déjà trouvé ma musique qui, je pensais, n’était pas accessible à tout le monde et le fait de jouer dans la rue m’a permis de pouvoir jouer mes chansons devant beaucoup plus de monde, de pouvoir toucher beaucoup plus de personnes et ça me permet de gagner un peu d’argent parce que je ne suis pas allée à l’université et...et voilà je voulais continuer à faire de la musique du coup c’était la réponse la plus évidente pour moi...et même mon père m’a suggéré de le faire donc...j’avais son soutien moral ! (rires) Et après j’y ai pris goût, ça m’a permis de continuer à voyager et aussi de gagner ma vie et de faire ce que j’aime le plus faire dans ma vie ! Est-ce que tu peux me parler de la scène londonienne ? Oui ! Alors c’est très intéressant mais c’est très compliqué (rires) Il y a des cercles un peu partout dans la ville, parfois t’as l’impression qu’ils sont très connectés mais d’autres fois t’as l’impression qu’il y a une poche de vie qui vit à proximité de toi mais t’as aucune idée de ce qu’il s’y passe. Je suis plus la scène folk du coup. Mais c’est très compliqué à expliquer… il y a des endroits où il y a des salles de concert dans lesquelles tout le monde veut jouer. Par exemple le Jamboree, c’est un endroit avec un concert par mois, pour lequel ils font de la promo et tout mais, tous les dimanches, les musiciens peuvent venir pour s’entraîner, pour jamer, pour rencontrer d’autres musiciens etc … et voilà ! Après il y a beaucoup de gens qui jouent aussi dans la rue. Il y a beaucoup de talents, de gens qui sont très créatifs. Il y en a qui font que du Jazz, d’autres qui font que du Blues ou que de la folk … et il y en a qui font un peu de tout !

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B R O O K E S H A R K E Y


INTERVIEW . B R O O K E S H A R K E Y

Quels sont tes projets pour les prochains mois ? Donc là ça fait un peu plus d’un an que je travaille sur mon prochain album. On avait déjà les morceaux mais on a vraiment tout déconstruit pour le reconstruire pendant l’enregistrement. En ce moment, il est en train d’être mixé… et on est en train de faire artwork aussi. Donc c’est vraiment en plein progrès en ce moment, on est très occupés du coup ! L’album sortira en octobre et on fera ensuite une tournée pendant trois semaines en Angleterre ...et puis on viendra aussi faire des concerts en Belgique, à Amsterdam et en France au mois de novembre. Mais entre temps on continuera à faire des concerts… surtout que là ça va être la saison des festivals ! Questions Bonus : -Ton meilleur souvenir de concert ? Wow ! Franchement... j’ai eu tellement d’instants magiques ... pour des raisons complètement différentes à chaque fois ! Parfois je peux faire un concert dans un salon, chez quelqu’un et c’est incroyable, je veux dire...ce que les gens te donnent c’est tellement magique ! Là j’en ai fait quelques uns en Belgique que j’ai vraiment adoré, les gens était tellement adorables, c’était magique ! En terme de lieu, mon meilleur concert jusqu’à présent c’était dans une vieille salle, the wiltons music hall, c’est un music hall des années 1750...et j’ai fait la sortie de mon dernier EP, en 2014, là-bas...c’est déjà une salle mythique donc... c’était juste magique quoi ! -La salle ou le festival où tu rêverai de jouer ? Oh il y en a tellement !! (un temps) Mais il y a tellement d’endroits où j’aimerai jouer ! La réponse à ta question : j’ai envie de jouer partout, voilà ! (rires) -Une collaboration de rêve ? Mmh...en fait c’est tellement triste parce que mon artiste préférée est décédée...mais je fais des collaborations avec elle tous les jours parce que je l’écoute et je chante avec elle (rires)...elle s’appelait Lhasa de Sela...mais sinon....han faut que je réfléchisse parce qu’il y a beaucoup d’artistes que j’aime bien...attends, je regarde toutes les chansons que j’écoute en ce moment...ah oui, Feist ! Un mot de la fin ? Perseverance works ! https://soundcloud.com/brooke-sharkey

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C H A R L O T T E &

Des sons pop-psychédéliques mais pas que, les deux amoureux Charlotte & Magon répondent à toutes nos questions avec simplicité et sincérité !

Salut Charlotte &Magon ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas ? Magon: Moi c'est Magon Charlotte: Moi c'est Charlotte C&M: Nous sommes un duo d'amour, de musiques et de spectacles. Racontez-nous un peu votre rencontre artistique. Cela s'est passé d'abord virtuellement, à la fin des années 2000, sur Myspace. On faisait de la musique à distance en s'envoyant des pistes audio.

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M A G O N


INTERVIEW . Charlotte: Magon m'a ensuite invitée à venir à Tel-Aviv pour travailler ensemble. On s'est donc rencontrés en vrai.On s'est enfermés pendant 12 jours et on a composé un album. On était assez inspirés vu qu'on est tombés amoureux.

C H A R L O T T E & M A G O N

Vous définissez votre musique comme de la pop-psychédélique, pourquoi ce choix ? Quelles sont vos influences musicales ? Magon: Pour commencer, en France, il semblerait que le besoin d'étiqueter le genre d'un groupe soit primordial. Où qu'on aille, les gens te demandent toujours "quel genre de musique tu fais". Au début, c'était assez difficile pour nous car nous changeons souvent de style entre chaque chanson. Ensuite on a décidé de qualifier notre musique de Pop-Psychédélique. Cela nous permet d'inclure beaucoup de genres différents : le terme pop est très ouvert et celui de psychédélique apporte une profondeur en plus car nous cherchons sans cesse à dévier de la norme. Nos influences musicales sont beaucoup trop vastes pour vous les lister. Nous aimons des choses tellement différentes et nous découvrons jour après jour de nouvelles choses. Charlotte: Oui mais bon, je me dis que Magon aurait dû naître dans les années 50 : lorsqu'il met de la musique, c'est très souvent celle des seventies... (rires) Vous êtes un duo franco-israëlien, est-ce que vous essayez de partager cette rencontre de culture dans votre musique ? Charlotte: on ne peut pas vraiment dire que notre musique s'inspire formellement de la musique française ou de la musique israélienne. Au final la rencontre culturelle se fait grâce aux influences extra-musicales, elle se fait dans notre vie de tous les jours, dans nos discussions, nos différentes manières de voir les choses. Nos parcours de vies sont marqués par les histoires, les mœurs, la politique etc. propres à chacun de nos pays. C'est comme si on se retrouvait ensemble pour parler (en anglais) de toutes ces choses que chacun de nous a vécues de son côté afin de trouver un terrain d'entente, au delà de nos différences, mais sans les occulter. Magon: Oui, c'est bien la différence (rires). Alors vous sortez tout juste votre nouvel EP intitulé « Power in ». Pouvezvous nous parler un peu de cette production ? Nous avons crée « Power In » pendant une période durant laquelle s'opéraient en chacun de nous de grands changements, il nous a fallu trouver de la force et du courage pour les surmonter. Nous sommes tous les deux passés par un processus de déconstruction et les chansons de l'EP reflètent cette recherche, cette mutation, cette confrontation sans miroir déformé de nos vies et de la réalité dans laquelle nous évoluons. Magon: Le travail dans notre Studio Justine, chez nous, a été assez rapide. Les enregistrements ont duré environ deux semaines durant l'été. On a pris le temps de bien manger, principalement des légumes.

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C H A R L O T T E Vous avez également publié sur la toile un nouveau clip du titre « What if the World ». Comment avez-vous imaginé, conceptualisé, scénarisé le clip ? Et pourquoi ce choix de ne faire apparaître que Charlotte dans le clip ? Cette chanson parle des prises de conscience, de nos luttes, de notre hypersensibilité. Une chanson que l'on se murmure la nuit quand nos démons reviennent nous embêter. Donc pour le clip, on voulait créer quelque chose de très simple, intimiste, émotionnel. Charlotte: C'est une chanson très personnelle pour ma part. Je suis si sensible. Je voulais parler en filigrane de la manière dont j'ai embrassé le féminisme. Comment il a fallu que je me fortifie par rapport à ma condition de femme tout en restant la personne créative et émotive que j'ai toujours été. J'ai imaginé une "chorégraphie improvisée" pour illustrer tout ça. Magon: Moi j'ai filmé en retrait, comme si j'étais un spectateur, comme si Charlotte ne savait pas qu'on la regardait, je voulais la laisser s'exprimer et dire avec ces mouvements tout ce qu'elle avait à dire sur ces émotions qui la débordent. Au final elle parle aussi pour moi, je suis aussi très sensible (rire). Elle parle pour tous. À la fin, elle sort de sa bulle et elle regarde la caméra. Elle s'adresse à moi, au monde. Et elle a ce geste que je trouve génial : un coup de poing suivi d'une main qu'elle nous tend. Charlotte: Aussi on voulait faire apparaître Magon succinctement dans une situation où on ne l'attendrait pas, à la fin il nous fait une superbe apparition de 5 secondes, maquillé.

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& M A G O N


INTERVIEW . Vous avez certainement partagé la scène avec des groupes/artistes émergents, est-ce qu'il y en a un que vous aimez particulièrement et que vous nous conseillez de découvrir ? Le 1er juillet nous jouons au Supersonic à Paris et nous partageons la scène avec La Chica, le projet solo de Sophie Fustec, chanteuse et keyboardiste des 3SomeSisters. On adore. Une sorte de indietronica inspirée et groovy en espagnol. Superbe.

C H A R L O T T E & M A G O N

Connaissez-vous le groupe « Couteau Papillon » présent avec vous dans cette édition ? Pas du tout et on va écouter et découvrir de ce pas ! On est friands de découvertes ! Charlotte: Je suis particulièrement avide de concerts. J'aime aller dans des lieux improbables et rencontrer de nouveaux artistes. Je me sens vivre à 100% par les concerts et les rencontres artistiques ou humaines qu'ils génèrent. Et si demain on vous disait que avez la possibilité de collaborer avec un groupe ou un artiste tout genre confondu, son nom serait .... ? Magon: Sans hésiter Kate Bush ou Laurie Anderson. Quelques projets à venir peut-être pour Charlotte et Magon ? Nous enregistrons cet été un album dans notre studio !! Nous allons inviter beaucoup d'amis à y participer. Et vous avez bien une petite anecdote à partager avec nous pour finir ? Charlotte: Oh la la, il y en a tellement... La plus récente, le concert pour la Fête de la Musique. Nous avons joué près de chez nous, à Cergy, sous un chapiteau de cirque, dans un verger sur les bords de l'Oise. La soirée a été organisée par une association locale très cool : Premier Dragon. Il y avait aussi Tiwayo et d'autres groupes du coin. Il pleuvait, il y avait de la boue partout, les organisateurs avaient mis de la paille par terre pour amenuiser les dégâts.Nos costumes blancs et notre matériel peint tout en blanc en ont pris un coup. Mais c'était tellement chaleureux et tellement bien goupillé qu'on recommencerait bien ce genre d'expérience chaque semaine. Il y a vraiment cette envie forte chez nous les humains de créer et de partager des moments de convivialité contre vents et marées qui n'en finit jamais de m'émerveiller. Et nous vous laissons le mot de la fin tout en vous remerciant d'avoir répondu à nos questions : Magon: Merci à vous et Peace & Love !! http://www.charlottemagon.com/

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C O U T E A U

Le folk-rock tout droit venu de Montréal, c'est avec Couteau Papillon qui nous dit tout ! Bonjour les « Couteau Papillon » ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ? Salut! Moi c'est Philippe Lachance de Montréal et Couteau Papillon est le nom d'un projet de composition et de production musicale que j'ai débuté il y a quelques années. Le groupe inclut présentement six membres : Linda Luttinger et Sara Breitkreutz à la voix, Gabriel Frank au clavier, Jon Cohen à la basse, Pierre-Marc Lemire à la batterie et moi-même à la voix et à la guitare. Depuis, nous avons lancé deux longs jeux, Archipel et notre plus récent Noirs corridors, ainsi qu'un maxi éponyme Couteau Papillon EP. Votre nom est pour le moins original alors pourquoi ce choix ? Pris hors contexte, c'est un mot chargé de possibilités. Il peut représenter d'un côté la nature violente de l'homme et de l'autre son désir à se transformer, à devenir une meilleure version de lui-même. C'est un mot d'équilibre, comme le Ying et le Yang, que j'ai choisi justement pour sa nature ambiguë.

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P A P I L L O N


INTERVIEW . C O U T E A U P A P I L L O N

Dans votre biographie on peut lire que « Couteau Papillon présente des fables modernes où les légendes du monde s'articulent à un imaginaire contemporain et singulier. ». On peut alors se demander ce qui vous inspire un pareil univers ? J'aime me réapproprier les symboles et archétypes présents dans les histoires et les légendes du monde en les présentant dans un nouveau contexte, voir l'évolution de notre culture collective non pas comme quelque chose de linéaire mais comme un immense bassin de pâte à modeler créative, prêt à être remanié et combiné en quelque chose de neuf, d'inattendu. C'est comme un produit recyclé où l'on peut entrevoir les fibres de ce qui a servi à le créer. Vu de cet angle, tout devient inspirant. J'aime bien construire mes textes comme des énigmes à résoudre, désolé pour les maux de tête que cela peut causer! Lire Joseph Campbell m'a ouvert les yeux à ce sujet, et l'artiste Owen Pallett (anciennement Final Fantasy) a fait chose semblable dans He Poos Cloud en réinterprétant la culture des jeux de rôles de façon tragi-comique, ça a orienté mon travail lyrique . Votre registre musical c'est plutôt le folk-rock, mais quelles sont vos influences musicales ? C'est toujours dur de parler d'influences, parce que ça finit par te mettre dans une boîte. J'ai touché à tous les styles musicaux à travers ma carrière, et idéalement je voudrais que Couteau Papillon se situe à leurs frontières. Évidemment c'est une mauvaise idée de mettre tout ce que l'on sait dans une seule œuvre, donc ça prend du temps pour arriver à se décrire en musique dans tout ce que l'on est. Je crois que l'important est surtout de se renouveler. J'essaie toujours de prendre le temps de découvrir des nouveaux trucs, ça me pousse à écrire de la musique en dehors de ma zone de confort. Vous venez de sortir votre tout nouvel album « Noirs corridors », pouvezvous nous en dire plus (production, écriture ..) ? J'ai choisi, parmi une trentaine de sketchs de nouvelles compositions, celles qui se retrouveraient sur Noirs corridors. J'enregistre et mixe moi-même nos disques et la plupart de ce qui s'y retrouve. Contrairement à Archipel, notre album précédent, j'ai décidé de fragmenter le travail à faire en me concentrant sur une chanson à la fois. Ça m'a permis d'aborder le projet plus facilement et d'apprendre en cours de route à travers les commentaires du public. Nous avons donc ouvert un site de financement participatif Patreon à travers lequel nous avons lancé une chanson par mois. Pour chaque pièce j'avais des sessions d'enregistrements avec Linda et Sara pour les voix et avec Pierre-Marc pour la batterie, puis je m'occupais du reste. Noirs corridors a donc été une œuvre évolutive qui s'est développée dans le temps. Comme nous ne sommes présentement sous aucun label ni soutenu de bourses artistiques, les dons du public chaque mois ont été d'une aide inestimable pour permettre à cette approche de fonctionner, on en est très reconnaissants !

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La pochette de votre album est à l'image de votre univers alors estce que vous pouvez nous aider à la décrypter ? Une illustration de couverture unique a été créée par Linda Luttinger pour accompagner chaque chanson du mois. L'illustration de la pochette est celle qui a été créée pour la pièce titre Noirs corridors et fait donc directement référence à elle. On y voit des châteaux à l'endroit et à l'envers face à l'océan dans un décor éblouissant au centre duquel danse un trio de vautours. L'album de manière générale parle d'arriver à atteindre une certaine plénitude dans un monde nous forçant souvent à vivre dans des conditions difficiles. De là le décor à la fois ouvert et claustrophobe, réconfortant et étranger. Vous avez également sorti un clip dont le titre est celui de l'album qu'on aime beaucoup avec cet assemblage de scènes. Vous pouvez nous parler de sa conception et de sa réalisation ? Nous avons réalisé le vidéoclip nousmêmes, ce n'est vraiment rien de prétentieux et ça se veut un portrait intime du band, à regarder comme on regarde un vidéo de famille. Nous avons expérimenté avec plusieurs idées de plans et de situations, certaines qui ont fonctionné, d'autres non. Ça a donné plusieurs petites histoires qui s'entrecroisent : la peinture sur plexiglas, les masques dans la neige.. Le montage final a été réalisé par un ami cinéaste, Youcef Beghdadi, de Film & Blues production. Pour nous, c'est le portrait d'une époque, un polaroid qu'on souhaite partager. Couteau Papillon c'est avant tout des amis, qui se réunissent pour partager quelque chose de vrai et d'extraordinaire, l'espace d'un instant. Concernant votre album, y a t-il un titre qui vous tient particulièrement à cœur ? Chaque chanson a son petit univers, où j'ai vécu intensément l'histoire d'un moment. Comme la vie, elles sont formées de situations drôles ou tragiques, agréables ou difficiles. Maintenant que j'explore de nouvelles avenues c'est à vous d'aller explorer ce par où je suis passé. Quand on regarde derrière, les souvenirs forment un tout qui nous définit. Dur donc d'avoir une préférence, ce

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INTERVIEW . sont toutes différentes facettes du même visage.

C O U T E A U P A P I L L O N

Vous avez certainement partagé la scène avec des groupes/artistes émergents, est-ce qu'il y en a un que vous aimez particulièrement et que vous nous conseillez de découvrir ? Tous les artistes avec qui nous avons partagé la scène méritent d'être mentionnés ! Il y a tellement de talent au Québec au pouce carré mais malheureusement pas assez de vitrines et d'opportunités pour tous les connaître. J'ai une amie Xania pour qui j'ai fait le mixage de son dernier album, All Alone Together, qui fait ponctuellement des tournées Européennes. Elle mélange rap, musique électronique et claquettes (!) et son spectacle est toujours visuellement intéressant. Nous avons récemment joué avec Rosie Valand. compositrice dont la musique poignante semble avoir trouvé sa place au soleil. Enfin il y aurait Monogamy, un power trio combinant pantalons de yoga, accordéon et musique de boisson. Tellement d'autres, vraiment. Connaissez-vous le duo « Charlotte et Magon » présent dans cette édition avec vous ? Je les écoute en ce moment en écrivant l'entrevue, j'aime beaucoup! Leurs pièces ont une bonne progression de différentes ambiances/feelings rythmiques. L'attitude irrévérencieuse qui se prend pas trop au sérieux, les effets sonores et le jeu de guitare psyché, il y a un petit côté Beck là-dedans. La vidéo en stop motion d'Alien est super. Beau travail! Et si demain on vous disait que avez la possibilité de collaborer avec un groupe ou un artiste tout genre confondu, son nom serait …. ? Pour le genre de musique que l'on fait, je pense que collaborer avec quelqu'un comme David Byrne (des Talking Heads) serait super enrichissant. Ou encore Merrill Garbus (Tune-Yards), David Longstreth (Dirty Projectors), Sufjan Stevens ou Owen Pallett mentionné précédemment. Je suis toujours attiré par les artistes à l'approche différente et/ou multi-disciplinaire, et je suis en totale admiration par l'originalité de leurs démarches artistiques. Quelques projets à venir peut-être ? Couteau Papillon souhaite transformer le projet Patreon d'une chanson par mois en laboratoire expérimental. Ce sera pour nos patrons l'occasion d'entendre des démos de façon exclusive, de commenter (et potentiellement influencer) le travail en cours, de voir et entendre tout ce qui se passe derrière le rideau avant le lancement grand public. Si ça vous intéresse, c'est par ici! (https://www.patreon.com/couteaupapillon) Côté personnel, entre mes responsabilités de professeur de musique, je commence bientôt la musique des nouveaux jeux vidéos d'Henry Smith (http://www.sleepingbeastgames.com/spaceteam/), pour qui j'ai créé la trame sonore du jeu Spaceteam récemment. Je suis en charge de la production du nouveau projet de l'artiste new yorkais David Pollack, dont notre premier single I saw your future vient de sortir (https://vimeo.com/148915376). Je suis aussi claviériste pour le groupe Jon Cohen Experimental et nous revenons d'une session d'enregistrement pour un album qui devrait sortir bientôt. Enfin, la collaboration avec Youcef Beghdadi sur le vidéoclip de Noirs corridors a mené à

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la discussion d'être en charge de la trame sonore de son prochain film. À suivre ! Et vous avez bien une petite anecdote à partager avec nous pour finir ? Un jour on m'a offert en cadeau un Couteau Papillon pour une raison évidente et j'ai éventuellement décidé d'apprendre quelques trucs pour le plaisir. Cependant quand j'ai voulu montrer mes prouesses au reste du groupe, j'ai failli blesser mon chat en échappant le couteau qui est venu se planter au sol près de lui. J'ai pas vraiment réessayé depuis. Et nous vous laissons le mot de la fin tout en vous remerciant d'avoir répondu à nos questions : Merci de nous avoir donné la parole Amalgame ! C'est vraiment un plaisir d'avoir échangé quelques idées avec vous. On aimerait beaucoup faire une tournée européenne un jour et on vous fait signe sans faute le jour venu !

http://www.couteaupapillon.net/

C O U T E A U P A P I L L O N

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CHRONIQUES 4MEN STANDING - ADAN & XAVI Y LOS IMANES BABEL – BILLIE – CLINT SLATE

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4 M E N S T A N D I N G Début 2016, le groupe belgo-canadien 4MenStanding a sorti son premier EP, éponyme, 6 titres. 4MenStanding, ce sont quatre musiciens. Quatre musiciens de nationalités différentes qui se retrouvent à Bruxelles. Intéressant n’est-ce pas ?! Tout commence par la rencontre de Laurent (guitare), un belge influencé par le rock britanique psychédelique des 70’s, et d’Etienne (chant/guitare) un canadien bercé par la même culture musicale mais plus teintée de folk et de grunge. Ils sont rejoints par Michel (basse) originaire de l’Ile Maurice et ayant vécu en Australie, ainsi que par l’italien Giacomo (batterie). A eux quatre, ils couvrent déjà une bonne partie du globe. On peut donc imaginer le mélange des genres, et des cultures avec des influences internationales donnant un style bien particulier à ce groupe. Allez suivez-nous , on va vous faire découvrir 4MenStanding !

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CHRONIQUE . 4 M E N S T A N D I N G

On enclenche le lecteur. « Change » se met alors à jouer. Dès les premières notes, un univers très calme, pop/rock se fait entendre. Le tout est très pacifique, sans violence, sans heurt. C’est plutôt agréable. Les deux guitares se répondent dans des tonalités différentes. Elles sont bien accompagnées par la basse et la batterie. Le chant d’Etienne vient se poser sur l’ensemble délicatement. Il laisse place, parfois, à des parties instrumentales plus rock, le tout est appréciable. On change d’ambiance avec « What if ? ». 4menStanding nous électrise sur ce morceau au rythme saccadé. Les musiciens nous font danser sur un rythme plus soutenu. On peut y entendre des guitares qui rugissent, des riffs agressifs et entraînants, tout comme la chanson. Le refrain nous restera bien dans la tête. Un titre efficace donc. Après s’être exaltés sur ce morceau, « Lonesome Man » nous ramène sur Terre avec une belle ballade nostalgique qui nous ébahit. Vous l’avez peut-être déjà découvert à travers un clip rondement bien fait. Sur ce morceau, la voix est enregistrée avec un micro utilisé sur les marchés pour la criée, ce qui donne un style particulier. De belles variations se font également entendre là encore. L’EP se poursuit avec « Do it for yourself » . Le groupe ne cesse de nous surprendre à chaque chanson. Une chanson est égale à un style différent, une ambiance différente. Ici, 4MenStanding nous propose un style se rapprochant du ska mais sans les cuivres. Ils jouent avec la rythmique, une fois lente et parfois effrénée. On s’étonnera également avec « Bulldog Fighter », le cinquième titre. La voix nous fait penser à celle d’Eddie Vedder (Pearl Jam) dans un premier temps, en un peu moins grave, mais l’intonation est là. La chanson est progressive. Elle monte en puissance au fil des notes. Certaines se détachent et scintillent de temps à autre. La voix se fait de plus en plus aiguë. Une chanson qui a tout d’une grande, les musiciens font preuve de professionnalisme. Des montées en puissance, des jeux de guitares et d’instruments, des jeux de styles. La fin réserve d’ailleurs une excellente partie instrumentale. Les 4MenStanding amateurs vous avez dit ? Laissez-vous surprendre ! L’opus se termine (déjà ) avec « Nothing More » . Un dernier morceau pour apprécier le mélange d’influences des membres avec ce titre plutôt rock alternatif. On ne vous en dit pas plus. Les 4MenStanding puisent leur force dans la diversité des genres et des styles pour créer leur propre univers. Et c’est plutôt très réussi. On vous laisse jugez par vous-même ! http://soundcloud.com/4menstanding/sets/6-tracks-ep

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A D A N & X A V I Y

Né d'une amitié de longue date, Adan & Xavi y Los Imanes présentait en avril dernier son album éponyme. Issues d'un subtile mélange de toutes les influences musicales de Adan Jodorowsky (Adanowsky) et Xavi Polycarpe (Gush), les sonorités de cette production sont différentes et variées. On passe d'une musique espagnole tropicale à un son plus pop british. Ambiance intimiste et simple, c'est ce qu'arrivent à dégager les compositeurs (accompagnés par Los Imanes : Edouard Polycarpe (le frère de Xavi) à la basse et Julien Boyé (GUSH)) au talent incontesté et incontestable de leur album qui retrace quelques déceptions amoureuses et sentiments amicaux, des émotions quasi universelles. Quelques notes acoustiques et le titre « Xavi » est lancé avec l'EP. Une voix masculine se fait entendre, elle chante en espagnol. Elle est douce, intimiste. Il y a des effets un peu électriques très légers en arrière qui rendent bien. Une batterie vient marquer délicatement le rythme. La fin du titre est plus intense avec cette rencontre d'instruments et la voix soutenue par des chœurs. « Un » laissera également s'échapper un son électrique et de légères percussions.

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L O S I M A N E S


CHRONIQUE . A D A N & X A V I Y L O S I M A N E S

Le texte cette fois-ci est en français, la voix paraît plus fragile, un peu raillée. C'est une jolie chanson d'amour, intimiste et intense en même temps. Sonorités électriques avec un soupçon d'électro pop pour « Luna » qui reste bien dans l'esprit de l'album. « Finalidad » elle mélange sonorités acoustiques et électriques (comme le titre « Vagabond ») entêtantes sur lesquelles on a envie de taper la mesure avec le pied. La musique est presque tropicale par moment. Un style que l'on retrouvera sur le titre « Fuera el Dolor » avec ce folk un peu rock. On se balance aisément de gauche à droite en suivant le rythme de ce titre, comme insouciants. « Leoncito » délivrera également une musique plutôt folk avec un chant espagnol intimiste. Il y a de jolies sonorités synthétiques qui viennent se poser, le tout est très zen, très serein. La voix plus aiguë qui vient soutenir l'autre apporte une jolie dimension au titre. Trois titres se démarquent de la production et retiennent particulièrement notre attention. Tout d'abord, « Along the Way » où l'on retrouve presque un esprit Beatles (un peu « Let it Be »), entre la mélodie au synthé/piano et cette voix qui chante en anglais. Les percussions délicates apportent cette petite chose en plus au titre. Puis une guitare électrique et des percussions plus imposantes prennent part au titre qui prend vraiment une tournure très pop, pop-british indie. La fin est très intense avec cette rencontre des voix et les instruments qui semblent se répondre. Plus années 70, plus esprit Aerosmith avec le titre « HeartBeat ». Le rythme est frappé un peu de façon mystique, tribale. On change vraiment de registre sur ce titre, avec ces sonorités plus blues rock. La voix un peu raillée apporte de nouveau une belle dimension au titre, cette intensité. Celui-ci est travaillé, assez long d'ailleurs. C'est une très bonne surprise, que l'on ne attendait pas sur cet album. Toujours dans la même lignée, « I'm not the one ». On arrive au départ sur une mélodie qui sonne traditionnelle mais qui prend une tournure rock, du rock acoustique. Les percussions et la voix se veulent blues. Les voix qui chantent en chœurs sont d'ailleurs assez puissantes dans leur fragilité. On retrouve l'esprit de « HeartBeat » mais avec un son acoustique dominant. C'est un très bon titre pour fermer cet album. Adan & Xavi y Los Imanes se font et nous font plaisir avec cette production. Alliant romantisme espagnol et pop british, le groupe délivre une production riche en sonorités qui le temps d'un album s'associent à merveille. Une association parfaite résultant du travail des compositeurs et des musiciens. Un album à découvrir ! http://soundcloud.com/adan-xavi-y-los-imanes/tracks

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B A B E L

Babel. Comme la tour de Babel ? Oui, on le sait, ça vous a effleuré l’esprit. Babel est un groupe de musique, un quatuor français qui chante en français mais attention, Babel se révèle être une découverte assez hors du commun. C’est « une organique machine. Du boom boom sensible. Du chant-son pour danser et penser | … | On brûle sur scène pour te réchauffer. On te cueille au ventre, donne des coups et des caresses qui te bénissent et te blessent ». Après un album et un EP auto-produits, qui lui ont valu d’être remarqué par les Francofolies de la Rochelle et le festival du Printemps de Bourges entre autres, Babel a sorti en octobre dernier son nouvel opus 5 titres intitulé BLESS[E] YOU. Un EP rock, puissant et touchant. La production commence par le titre « Cœur ouvert » et le bruit de machines rejoint par quelques notes de claviers. L’ambiance est assez mystérieuse, sombre comme une boite à musique déréglée avec une danseuse attristée.

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CHRONIQUE .

B A B E L

Le chant arrive, il est très sobre, assez grave dans l’ensemble avec quelques passages plus aigus. Le violoncelle apporte une dimension particulière tout comme les scratches. Le tout forme un morceau très abouti avec des variations intéressantes allant du calme à la tourmente, du grave à l’aigu, du texte en français au chœur en anglais. Ils nous transportent, et nous prennent dans un style assez dramatique comme dans le morceau suivant « Réveillez-moi ». La mélodie est plus saccadée et saturée avec des touches électroniques. La voix nous chante, nous raconte, une histoire sous tension. On verrait bien ce titre dans une comédie musicale. Le groupe regroupe aussi plusieurs univers musicaux dans cette piste avec quelques sonorités orientales légères qui donnent de la profondeur au morceau de caractère rock. Les textes sont très bien écrits, et il n’y a pas d’autres expressions pour dire que ça nous prend aux tripes. On retrouvera cette ambiance sur « Bless(e) you ». Un mélange de styles avec là encore des sonorités orientales, ajoutées à du rock engagé et du classique le tout mixé à la sauce Babel. Le rendu est une nouvelle fois impressionnant et scotchant. Le thème est bien particulier et les mots nous font quelque chose. On se laisse prendre encore une fois et les frissons ne tardent pas à arriver. Le titre est d’ailleurs aussi à découvrir à travers un clip très beau (https://youtu.be/96_1uAQEzps). L’écoute se poursuit avec « Climb the Tower ». Un chant parlé affirmé et déterminé qui peut nous faire penser à celui de Noir Désir. Un morceau calme en apparence qui fait parfois place à des passages plus hard rock. Tout est bien maîtrisé, bien pensé. Un mélange d’influences qui leur est propre, qui fait la force de Babel, qui fait Babel. « Tell me » ferme cette parenthèse avec un slam sur fond de violoncelle. Et oui, Babel c’est de la chant-son. Les passages instrumentaux sont très purs, débouchant sur un passage très fort qui clôture cet EP et qui prendra une dernière fois nos entrailles. Un EP, un groupe à découvrir sans plus attendre ! Surprenant par sa diversité, ce mélange d’influences, d’univers, ce tout que forme Babel. Ce groupe, comme on en fait peu maintenant, ne vous laissera pas indifférent et vous marquera profondément. Alors ne soyez pas surpris si votre vie change après l’avoir écouté. http://letourdebabel.com/

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B I L L I E

Billie nous avait fait découvrir son univers musical avec les titres « Ta Bouche » et « Sangtimentale » issus de son précédent opus. Un univers entre féerie et sensualité, brillance et provocation auquel nous avions déjà succombé avec des sonorités pop et glamours. L'artiste originaire de Lyon nous revient avec une toute nouvelle production de 4 titres intitulée « nuits aquatiques », où elle mélange de nouveau des sons voluptueux et pop-électro à souhait, flirtant parfois avec des sonorités hip-hop résultant de la collaboration avec EroticMarket. Indépendante et dans l'air du temps, Billie ne manquera certainement pas de se faire remarquer avec cet opus frais et envoûtant, dans lequel on plonge allégrement.

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CHRONIQUE .

B I L L I E

Billie se transforme en femme « Méduse » et nous transporte dans sa bulle aquatique. Le son est plus lourd que sur son premier album où elle faisait un clin d’œil au son kitsch des eighties. Électroniques, léchées, flottantes, les sonorités sont envoûtantes tel le mouvement d'une méduse dans l'eau. La mélodie électro est poussée à saturation nous initiant doucement à quelques sons hip-hop. On retrouve cependant la voix de Billie qui n'a pas son pareil cette voix un peu lubrique et sensuelle. On quitte la méduse pour partir à la rencontre d'une sirène dans le titre suivant « Avant, bien avant toi ». La mélodie se veut plus psychédélique, elle est enivrante, envoûtante, elle a quelque chose d'hypnotique. Les paroles sont poétiques et on ne perd pas ce côté très épicurien et glamour de Billie avec de belles images très sensuelles. Elle utilise tout ce qui se rapporte à la mer pour parler d'un amour ce qui rend quelque chose de très beau si on prend le temps de tendre l'oreille. L'artiste nous propose ensuite un titre plus court (environ 2min50s contre 5min pour les autres titres) toujours sur le thème marin avec « La Carte au Trésor ». La mélodie est beaucoup plus saccadée, les sonorités jouent sur le tableau hiphop/r'nb envoûtant. On y retrouve des marins, des corsaires. On plonge presque en apnée dans ce titre qui est une ode à la vie des mers et des océans. Le titre dégage quelque chose d'un peu mystique. L'épopée aquatique prend déjà fin avec le titre « Des ailes sur les phalanges ». Un morceau aussi joli que son titre. Une certaine volupté se dégage de cette chanson. Elle est hypnotisante, envoûtante, d'une beauté simple et d'une sensibilité incroyable avec cette douceur de la voix. Tous ces sentiments se rencontrent sur ce titre minimaliste en ce sens que les choses simples sont souvent les plus belles. Billie nous prouve avec ce nouvel opus toute l'étendue de son talent. Elle navigue sans embûche entre sons électroniques et pop heurtant parfois quelques vagues hip-hop. Des textes poétiques et sensuels donnent le cap tout le long de cet EP qui arrive à bon port tout en finesse, délicatesse avec nous passagers totalement enivrés. Un excellent opus à écouter sans plus tarder ! http://www.billieofficiel.com/

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Oscillant entre electro-organic, pop-rock, dark folk, Clint Slate n'est pas de ceux à qui l'on colle une étiquette musicale. Lancée en 2015 sur la toile, les sonorités de Clint Slate sont à la fois classiques, mystiques et fédératrices. Se jouant aussi bien de rythmes hip-hop électro que de mélodies rock-folk plus sombres, l'univers musical de Clint Slate est très éclectique. Un univers qu'il partage avec nous sur son album « Before the Dark », LP de 12 titres qui ne manque pas de choses à entendre. L'album s'ouvre sur le titre « Slave ». C'est très joli dès le début avec ces bruitages légers, aériens, perçants. Puis une voix arrive, une voix assez douce mais puissante en même temps. Quelques notes de guitare acoustique se font également entendre. Le titre prend une tournure un peu pop folk voire rock folk par endroits, c'est très sympa à entendre. « Till Death (Do Us Part) » délivre un mélange de sonorités classiques et de beat un peu hip-hop. Il y a un bel échange entre percus et cordes. Les voix qui chantent en chœur apportent une très belle dimension au titre. C'est sombre et en même temps il y a une certaine luminosité qui se dégage par quelques sonorités plus brillantes sur un fond grave. C'est un beau mélange de folk dark, de pop et d'électro à la fois. Le registre de Clint Slate est large. Les morceaux sont longs en plus et offrent plein de variations. « Harder » laisse entendre des sonorités folk, un folk assez classique. On retrouve notre voix avec cette certaine fragilité mais cette sensibilité. Les notes se détachent entre une guitare qui donne le rythme et celle qui joue des notes plus distinctes, plus pincées. Elle est assez dans l'esprit musique latine, un peu manouche mais en gardant ce ton folk, le tout étant parfaitement maîtrisé. On reste dans ce même registre avec le titre « Wish » sur lequel s'ajoute un rythme/beat électro/hip-hop. C'est très entraînant, les voix apportent de la puissance. Il y a également des effets rock en arrière, une fois de plus ils mélangent les styles et c'est bien fait, le rendu est assez unique.

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C L I N T S L A T E


CHRONIQUE . C L I N T S L A T E

Pas moins intéressant, le titre « Over God's Shoulders » où le rythme est un peu mystique voire tribal au début avec ces sons synthétisés et ces percussions furtives. Il y a ces chœurs aussi, enfin on ne sait pas exactement ce que c'est. Ça part un peu dans tous les sens et la voix ne semble pas suivre réellement de rythme. Quand les cordes arrivent le titre devient plus mélodieux. Il dégage un certain esprit fédérateur. Un particularité qu'on le retrouvera sur le titre « Escape ». C'est très particulier comme ambiance avec ces « ban ban ban » marqués par un chœur masculin, puis les voix qui chantent en canon. Quel travail, c'est harmonieux. Puis une mélodie acoustique arrive, elle est plutôt discrète, accompagne légèrement les voix qui font la chanson à elles seules pratiquement. Il y a des percussions aussi, frappées un peu nonchalamment, ça reste léger, un peu mystique toujours. Le titre « Chaos/Order » est également très particulier. On retrouve nos percussions un peu tribales/hip-hop et électro. On a l'impression d'entendre comme un dong mais un peu saturé, ça apporte une dimension particulière au titre. Il y a un mélange de sonorités électroniques et électriques, le tout s'associe bien. Le mélange des voix apporte également quelque chose de spécial à ce titre, comme une impression de chaos. Il est assez manichéen en ce sens qu'on passe du chaos (le mal) au calme, à l'ordre (le bien) comme ça, en un claquement de percussions. C'est vraiment bien pensé, construit. « After the End » propose également une association de sonorités électriques, mêlées à l'électro. C'est presque expérimentale comme musique. Tout aussi intriguant, le titre « Trainwreck ». En fond, en guise de percussions, on a l'impression d'entendre une locomotive, un train qui roule à toute allure. Puis viennent se déposer quelques notes acoustiques, une voix sensible et délicate. Quelques instrus rejoignent ce trio pour un titre vraiment magnifique. « Sleep » l'est tout autant avec notre guitare très folk et ces quelques touches pop lumineuses. C'est beau, c'est doux, c'est aérien, c'est léger. On se laisse bercer par la voix et la mélodie. L'ensemble est très harmonieux. La fin laisse presque penser une boite à musique. Plus rétro, plus rythmé aussi « Rules of Intimacy » avec cette pop folk à la touche d'électrique. On retrouve également les chœurs et la voix c'est super entraînant. L'opus se referme finalement sur « Endless Summer Day ». C'est beau, c'est lumineux. C'est lourd (avec ce rythme marqué brutalement par la percussion) mais en même temps léger et aérien avec ces notes brillantes qui se détachent. Cette voix toujours nous capte, elle est belle, voluptueuse, fragile en même temps. C'est un mélange de pop et de folk avec un soupçon de rock. Juste ce qu'il faut pour refermer cet album. Si le titre de l'album (et sa pochette) peut laisser penser que la musique de Clint Slate va être plutôt un rock brut, l'artiste nous délivre des sonorités que l'on n'attend pas. Associant rythmes électroniques et folk, sonorités électriques et ambiance tribale, Clint Slate nous surprend avec cette production de 12 titres très travaillée et réussie. Un album et un Artiste à découvrir. http://www.clintslate.com/

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INTERVIEWS GENTLE VEX – INDEFLAGRATION – KONOBA

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G E N T L E V E X

Des sonorités Pop / Alternative Rock / Indie, les membres de Gentle Vex, originaire de Bellegem , nous disent tout de leur musique et leur nouvel EP ! Bonjour Gentle Vex ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour ceux qui ne vous connaissent pas (encore) ? Nous sommes un groupe belge d’indie rock de Kortrijk (=Courtrai). Nous avons joué ensemble pendant deux ans et demi et nous aimons faire des chansons avec des riffs de guitares crépitants, des sons populaires structurés, aux influences blues/jazz. D'où vient votre nom Gentle Vex et pourquoi ce choix ? C'est une histoire assez bizarre. Avant que je (l'auteur-compositeur-interprète et le guitariste) rejoigne le groupe, il y avait une chanteuse. Elle a apparemment inventé le nom ' Gentle Vex ', mais personne dans la bande ne se rappelle ce que cela signifie ou pourquoi elle a choisi ce nom. Donc si vous voulez vraiment savoir, vous devriez l'appeler. Mais de toute façon, j'ai aussi aimé le nom, donc nous l'avons gardé. Littéralement, cela signifie quelque chose comme “l'obstacle doux” . J'aime le contraste entre ces mots et d'une façon ou d'une autre il va avec notre musique, il y a aussi un côté doux et un côté plus mélancolique, plus sombre. Mais le plus important; c'est un nom qui - à mon avis –sonne bien.

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INTERVIEW . Vous vous illustrez dans un registre Pop / Alternative Rock / Indie alors dites-nous ce qui vous inspire ? Je crois que comme tout musicien vous êtes inspiré par toutes sortes de sons qui vous entourent. Ainsi, non seulement votre musique préférée que vous écoutez consciemment, mais aussi la musique commerciale que vous entendez lorsque vous êtes dans la voiture ou dans un supermarché. Vous ne pouvez pas le nier c'est quelque chose de très attrayant, une bonne mélodie simple et efficace. Alors c’est peutêtre de là que vient le côté populaire de notre musique. Et bien sûr, nous essayons d’associer tout cela avec notre amour pour le blues, les auteurs-compositeurs classiques et les groupes que nous aimons en ce moment. Quelles sont vos influences musicales ? Pour moi, ce sont des artistes comme The Strokes, ArcticMonkeys et Jimi Hendrix qui m’ont donné envie de faire de la musique. Mais pour l'écriture des chansons de notre premier EP, mes plus grandes influences sont des groupes comme Nick Cave & The Bad Seeds, Balthazar, N.E.R.D, Tame Impala ... Après, dans Gentle Vex il y a beaucoup de groupes que nous aimons communément, mais chaque membre a ses petits plaisirs spéciaux. Hannes est par exemple vraiment dans John Mayer et Dire Straits, Michaël aime les groupes comme DIIV et Pink Floyd, EllieGoulding et Selah Sue et Ilias est dans le jazz et la musique électronique. Les influences sont très éclectiques comme vous pouvez le voir, mais c’est agréable que tout le monde puisse mettre sa propre touche dans notre musique. En avril vous sortiez un EP éponyme. Parlez-nous un peu de sa composition. J'ai écrit les versions de base des chansons sur une période d’un an, à peu près. Ensuite, nous avons travaillé sur les arrangements avec toute la bande. Ilias (claviériste) a rejoint le groupe en décembre 2015 et ensemble nous avons défini les sons qui s’adapteraient le mieux à notre style. Nous avons enregistré l'EP en deux jours à huis clos dans un studio d’enregistrement à Roeselare, avec Kristof Maes, qui est un mec super. Y a-t-il un titre qui vous tient particulièrement à cœur sur cet album ? Nous sommes tous très fiers de la façon dont «HidingFrom The Thunder » a bien tourné. Des trois chansons c'était la plus innovante musicalement et j'ai été un peu effrayé de la façon dont elle sonnerait en version studio, plus spécifiquement ma voix: c’était un challenge pour moi d’utiliser un registre de ma voix que je n'utilise pas d’habitude.

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G E N T L E V E X


G E N T L E V E X Mais je pense que cela s’est avéré assez bien, compte tenu du peu de temps que nous disposions pour enregistrer les voix.Nous sommes également très satisfaits de la dynamique sur cette chanson; par exemple: nous avons ajouté quelques notes supplémentaires à la fin de la chanson que nous n’avions pas prévues, pour que le son soit plus grand. Quand vous avez terminé l’enregistrement d’une chanson, vous obtenez un sentiment bizarre. C’est à ce moment-là que vous découvrez ce que cela donne et parfois vous ne vous attendiez pas à cela. Avez-vous eu l'occasion de découvrir la scène émergente française ? Si oui, avez-vous un coup de cœur à nous faire partager ? Christine and the Queens est passée fréquemment à la radio ces derniers mois. Bonne musique ! Sinon je suis un grand fan de Phoenix. Un groupe incroyablement rare avec des chansons impressionnantes.

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INTERVIEW . Si vous aviez la possibilité de collaborer avec un artiste ou un groupe, connu ou émergent, ce serait ? Kevin Parker (Tame Impala), Jack White ou Pharell Williams peut-être ? (clin d’œil) Avez-vous des projets à venir en plus de votre EP ? Nous travaillons actuellement avec du nouveau matériel et nous pensons enregistrer un single avec un clip. Vous avez certainement une petite anecdote à partager avec nous pour terminer ? Une fois, au tout début du groupe, nous avons joué à une workparty d’une entreprise. La patronne, une dame d’une trentaine d’année, avec une jupe très courte, a commencé à danser maladroitement sur notre musique. Après un moment, notre batteur a remarqué qu’elle ne faisait pas Au début de la bande nous avons une fois joué sur un workparty d'une certaine entreprise. Le patron, une dame dans ses années trente avec une jupe très courte, a commencé dansant maladroitement à notre musique. Après un moment notre batteur a remarqué qu'elle ne portait pas de culotte. C'était la dernière work party que nous avons fait. Et nous vous laissons le mot de la fin. Bliss. (Bonheur/ béatitude) http://vi.be/gentlevex

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G E N T L E V E X


I N D E F L A G R A T I O N

Partenaire d'Amalgame Musical, le webzine Indeflagration nous parle de sa création et de ses projets. Hello l'équipe ! Pouvez-vous présenter Indeflagration en quelques mots ? Salut la team Amalgame Musical ! Alors pour faire simple, Indeflagration, c’est un peu ton compagnon de découvertes musicales insoupçonnées, de façon un peu particulière. Il prend la forme d’un média de partage de musique qualifiée d’« indépendante & rétro », très subjectif dans le sens où nous ne partageons que des morceaux et albums que nous aimons. Pas besoin de trier entre les bonnes et les mauvaises critiques, nous ne parlons que de pépites fortement appréciées par l’équipe, et ce de manière totalement décorrélée de l’actualité. On n’hésite pas à publier des vieilleries complétement oubliées sur la face B d’un obscure 33 tours par exemple. Nous adoptons une position détonante, préférant parfois raconter des histoires et décrire la barbe du musicien plutôt que le déroulé précis d’un concert. C’est un peu plus que quelques mots pour décrire Indeflagration mais bon… Je pense que vous avez saisi l’idée, non ? Qui a eu l'idée d'Indeflagration et d'où elle est venue ? C’est moi ! Socrate Flagrant. J’ai aussi eu l’idée de ce magnifique pseudo. J’avais depuis longtemps envie de créer un site web et je suis tombé par hasard sur un tutoriel Wordpress un soir très tard. Le sujet qui m’intéressait le plus étant la musique peu connue et méritant de l’être, j’ai choisi de partager chaque jour un morceau un peu spécial et que j’aimais particulièrement. Le rythme de publication était difficile à tenir, et rejoint rapidement par deux amis (Indésilver et Flagrant Délice), nous avons gardé cette cadence… 3 mois. C’est ensuite que le projet a évolué avec de nouvelles rubriques (Parallèle flagrant, Rétro du mardi, Playlists interactives), les idées des uns et des autres, de nouveaux projets, des articles plus creusés, et toujours une même perspective : faire découvrir des morceaux peu connus ou oubliés, et qui mériteraient d’être mis en lumière.

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INTERVIEW . Et pourquoi ce nom d'ailleurs ? Je cherchais un jeu de mots avec « indé », puisque j’assimilais à ce moment-là la musique que j’aimais au rayon « Indépendants » de la Fnac. En 10 secondes, « Indeflagration » était trouvé et 1 heure plus tard la première version du site et le 1 er article. Je trouvais que ça envoyait… En me réveillant le lendemain, je me suis demandé si je n’aurais pas du l’appeler Indéluge. Et j’ai alors réalisé que j’aurais sans doute pu trouver bien mieux. Mais c’était trop tard. Quand avez-vous créé cette initiative et qu'est-ce qui vous en a donné l’envie surtout ? Je terminais deux années d’études intensives, et j’avais désespérément besoin de renouer avec d’autres passions, la musique en tête de file. Les morceaux que j’aimais, personne autour de moi ne les connaissait avant que je leur fasse écouter. J’avais envie de les faire découvrir à mes amis, et pourquoi pas d’autres personnes. Quel était l’objectif finalement ? Il n’y en avait clairement aucun au début. Juste prendre le temps d’écrire, de coucher sur le papier ce que nous pensions de morceaux qui nous tenaient à cœur. Et que potentiellement 2-3 péquins lisent et surtout écoutent les morceaux que nous partagions. L’équipe est au complet ou est-ce qu’elle pourrait encore s’agrandir ? Nous sommes 7 et oui, je pense que l’équipe en tant que telle est au complet. Beaucoup de proches nous accompagnent sur certaines dimensions du projet, et nous sommes également tout à fait ouverts à des initiatives de chroniques originales et pouvons tout à fait publier des articles écrits par d’autres chroniqueurs en herbe ! Indeflagration soutient donc la scène musicale. Y a t-il un style de musique que vous aimez en particulier et que vous mettez en avant ? On est très éclectique, mais on ne va pas se cacher : ce qui nous botte, c’est tout ce qui tourne autour du rock, de la folk, du psyché… Ces genres qui ont vraiment pris naissance à partir des 60’s et ont connu des évolutions très diverses. On vous a connu grâce à votre #MardiMusique ! Dites-nous d'où est venue cette chouette idée ? Je m’ennuyais en stage, seul l’été dans des bureaux vides. Avec un autre webzine (So What?), nous avons eu envie de lancer un hashtag, sur un coup de tête. Un hashtag un peu bête qui viserait à faire découvrir des musiques un jour particulier de la semaine. On était mardi, alors c’est devenu #MardiMusique. Dès la première édition beaucoup d’acteurs de la musique (que nous avions interpellés via Twitter) ont participé ! Beggars France, Because Music, Deezer puis Capitol Music qui participe toutes les semaines ! En 6 mois nous avons eu des participants assez fous et fait plusieurs playlists. Il y a également le « Studio Flagrant », pouvez-vous nous dire ce que c'est ?

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I N D E F L A G R A T I O N

C’est l’un de nos projets-phares, lancé il y a quasiment 1 an tout pile ! Un studio de sessions acoustiques (mais en fait de plus en plus élaborées avec de plus en plus d’instruments, pas seulement acoustiques) filmées dans l’ancien atelier du sculpteur César à Paris. On a eu la chance de recevoir de plus en plus d’artistes géniaux que nous apprécions beaucoup, avec parmi eux Pete Yorn, The Boxer Rebellion, Johnny Borrell (chanteur-leader de Razorlight avec sa formation solo Zazou), Stranded Horse ou encore Plants &Animals. Ils sont tous très inspirés par le lieu. On essaie vraiment de mettre l’accent sur la qualité du son et la diversité des artistes invitéspour les vidéos que l’on publie sur notre chaîne Youtube. On préfère parfois carrément les versions enregistrées au Studio Flagrant aux versions originales ! Lien vers la chaîne Youtube : http://bit.ly/StudioFlag Le 17 juin a eu lieu la « Déflagration #1 », votre premier concert-événement, vous pouvez nous en dire plus ? On a invité deux artistes incroyables – Ryley Walker du label Dead Oceans, qui a fait le Pitchfork Festival à Chicago, et Thousand du label Talitres – à Petit Bain, une salle elle aussi folle. Au départ, on n’avait pas spécialement prévu d’organiser un concert. Et puis, en vacances à New York, on achète avec Flagrant Délice (chroniqueuse chez Indeflagration) le magazine Unplugged qui offrait en hors-série un classement des « 25 meilleurs albums de 2015 ». En 4e position, Primrose Green de Ryley Walker, devant Currents de Tame Impala ! Intrigués, on a écouté un extrait et… Coup de cœur instantané ! On a immédiatement cherché s’il passait en concert à Paris et, voyant que non, c’est parti à 1000 à l’heure dans nos têtes. On a envoyé un mail, recevant rapidement une réponse enthousiaste. Et c’était parti. Après 6 mois de préparation, le concert organisé avec Petit Bain a réuni plus de 260 personnes, un gros succès !

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INTERVIEW . On a d’ailleurs fait des sessions des deux groupes, dont celle de Thousand est déjà disponible sur la chaîne du Studio Flagrant. Celle de Ryley Walker arrive bientôt. Après, on adore le reggae aussi, la pop, les musiques du monde, et on est ouverts à toute découverte pour nos pavillons auriculaires. Et sinon, quels sont vos projets actuels, futurs ? On a déjà lancé la plupart des « briques » qu’on imaginait pour Indeflagration. Entre le média en ligne pur (Indeflagration), le studio vidéo et son (Studio Flagrant) et l’organisation de concerts (les Déflagrations), tout est initié pour faire de Indeflagration dans son ensemble un média global ! Il s’agit maintenant de consolider les liens entre ces entités et de développer chacune d’entre elles, afin qu’elles se nourrissent l’une de l’autre, et apportent une vraie valeur ajoutée à tous les passionnés de musique. Une partie de l’équipe (dont moi-même) part à Brisbane (Australie) pour un an en juillet. On a pour projet de lancer le volet australien, soit à destination des Australiens, soit une immersion dans la scène australienne pour les fans de musique français. On n’est pas encore fixés. On fera sans doute un peu des deux. Avez-vous envie de dire quelque chose à ceux qui vous soutiennent ? Et aux lecteurs d’Amalgame Musical pour leur donner envie de venir vous découvrir ? Indeflagration, c’est un peu une collection de coups de cœur, par une bande de passionnés, pour tous les passionnés. On ne partage que ce qu’on aime et on a à cœur de ne jamais tomber dans la critique musicale pure. On a très envie de partager encore longtemps avec vous ces pépites musicales, nouvelles ou oubliées, qui méritent d’être plus connues… Mais aussi de découvrir les vôtres également. N’hésitez pas à nous les envoyer via le formulaire sur le site, qu’on s’enrichisse ensemble de musique au quotidien ! Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ? De faire encore mieux, d’apporter un vrai média de découverte musicale, détonnant, rafraîchissant, qui rende heureux. Souhaitez-nous de vous et nous rendre heureux en gros. Et nous vous laissons le traditionnel mot de la fin : Jacques (on vient de découvrir Dans la radio, et si on n’est pas très branchés électro d’habitude, on doit dire que ce morceau est complètement déjanté et assez génial) http://www.indeflagration.fr/

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K O N O B A

Un premier EP paru en 2015, un album complet à paraître en novembre 2016, Konoba nous en dit plus sur son univers musical. Salut Konoba ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour ceux qui ne vous connaissent pas (encore) ? Je suis un musicien, compositeur et producteur Belge. J’ai passé 5 ans en Angleterre où j’ai étudié la musique et la production musicale à l’Université de Brighton. J’y ai aussi joué près d’une centaine de concerts acoustiques dans tous les bars et cafés de la ville. Rentré en Belgique il y a 3 ans, j’ai trouvé des musiciens talentueux pour m’accompagner et j’ai relancé mon projet ici. Pouvez-vous nous éclairer sur ce nom « Konoba » que vous avez choisi ? Une signification particulière ? Le nom Konoba est extrait d’un mantra de chamans d’Amérique du Sud. C’est un mot synonyme de force et de réussite. Pour le moment j’ai plutôt l’impression que ça me porte chance, espérons que ça continue. Konoba, c'est plutôt un projet solo accompagné par un groupe ou un groupe à part entière ? C’est plutôt un projet solo. Je fais partie de cette nouvelle génération de musiciens qui sont aussi compositeurs et producteurs. C’est à dire que j’écris des chansons, je les enregistre dans mon petit home studio, puis je les arrange, produit et mixe moi même. Après, je suis quand même accompagné sur scène par 3 excellents musiciens qui viennent parfois apporter leur contribution créative en studio aussi.

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INTERVIEW . Dans votre biographie (cf : facebook), on y apprend que « le projet musical est né en Angleterre lorsque Raphael Esterhazy quitte la Belgique pour y étudier la musique et la production pendant cinq ans ». Diriez-vous donc que la musique anglaise influence en grande partie les sonorités de Konoba ? C’est une certitude. J’ai passé mon enfance à écouter la librairie de CDs et Vinyls de mon père et on y trouve principalement des artistes anglais. Les Beatles, Pink Floyd, Queen, Genesis, Prince ou Bowie pour n’en citer que quelques uns. Ensuite, les 5 années passées là bas m’ont non seulement permis de perfectionner mon anglais, mais aussi de m’imprégner de la culture musicale. J’ai rencontré des centaines d’artistes plus talentueux les uns que les autres, c’est absolument dingue là bas. La musique semble inscrite profondément dans l’ADN des anglais. Bonne nouvelle pour moi, ma grand-mère est anglaise, donc en principe je devrais avoir récupéré un peu de cette ADN! En octobre 2015 vous avez sorti un EP intitulé « Konoba EP ». Pouvez-vous nous en dire quelques mots (production, composition, les retours du public …) ? En réalité, je prépare un album complet et les 5 morceaux du “Konoba EP” en font partie. C’est juste que je voulais prendre le temps de retravailler chaque chanson, chaque enregistrement dans les moindres détails et ça prend du temps. Du coup par manque de patience, j’ai décidé de déjà sortir un EP en guise de preview de l’album complet qui sortira en Novembre 2016. J’ai commencé par écrire et enregistrer tous les titres chez moi à Wavre. Ensuite je les ai apporté à Charles de Schutter au Rec’n’roll Studio à Bruxelles. Ensemble on a tout décortiqué en détail, on a réenregistré certains instruments, puis travaillé le mix dans les moindres détails. Aujourd’hui l’album est fini et prêt à sortir en Novembre. J’en suis très fier et je suis impatient de voir la réaction du public. Votre titre « On Our Knees » a fait son petit effet sur la toile ! Vous vous attendiez à un tel accueil et un tel succès surtout ? J’étais fier de ce titre et confiant qu’il plairait à certains, mais je ne m’attendais certainement pas à un tel succès. Il faut savoir que ce morceau est le fruit d’une collaboration avec R.O, un jeune producteur de musique électronique belge qui monte très fort de son coté et qu’on l’a réalisé en 2/3 jours seulement, avec des moyens rudimentaires dans un petit chalet dans les Ardennes. On a ensuite décidé de le sortir nous même, sans label, sans aucun soutien professionnel, sans prétention. C’est une amie qui s’est occupée de la promo et on a aussi demandé un coup de main à un pote pour le clip. 6 mois après sa sortie, on se rapproche rapidement du million de vues en ligne, toutes plateformes confondues, et c’est juste incroyable! Plusieurs radios l’ont également rentré dans leurs playlists, comme Pure FM, ce qui nous a fort étonné vu que le titre est plutôt lent et alternatif et ne rentre pas vraiment dans les codes classiques des radios. En tout cas c’est de très bonne augure pour le futur.

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K O N O B A

Vous annoncez déjà la sortie d'un album pour la fin 2016. Vous pouvez déjà nous donner quelques indices de ce qu'on entendra sur cette production ? Je vous invite à écouter le “Konoba EP”. Comme mentionné précédemment, les 5 titres se retrouveront aussi sur l’album et donnent une bonne idée du son de l’album, même si ce dernier réserve encore de nombreuses surprises en plus! Justement, on imagine que vous avez du partager la scène avec d'autres groupes/artistes émergents alors avez vous une découverte à partager avec nous ? Je vous ai déjà parlé de R.O avec qui j’ai collaboré sur “On Our Knees”. Si vous êtes amateur de bonne musique électronique foncez écouter ce qu’il fait. Pour citer quelques autres jeunes groupes Belges que j’ai vu récemment en concert et qui m’ont beaucoup plu: Mustii, Thyself, Black Mirrors, Le Colisée, Solkins, Alaska Gold Rush,…

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INTERVIEW . Si vous aviez la possibilité de collaborer avec un artiste ou un groupe, connu ou émergent, ce serait ? Si c’était un artiste connu, ce serait Paul McCartney. Parce que ses mélodies ont bercé ma vie depuis la tendre enfance et ont largement influencé mon développement musical. Et puis surtout parce que… c’est Paul McCartney quand même quoi! Pour ce qui est des artistes plus émergents, ici en Belgique, j’ai beaucoup accroché avec la personnalité et la voix de Mustii et nous avons déjà commencé à travailler ensemble. A suivre… Konoba a t-il d'autres projets à venir ? Il y a toujours plein de projets en préparation chez Konoba. Un exemple, je vais organiser une “Konoba Week” juste avant la sortie de l’album, une semaine pendant laquelle je compose un nouveau morceau tous les jours, suivant un challenge différent. Un jour je dois composer seulement en utilisant 100% ma voix et rien d’autre. Un autre jour je dois faire tout un morceau avec seulement 10 sons différents, tirés au sort dans un chapeau. Et ainsi de suite. Vous partageriez une petite anecdote avec nous pour terminer cette interview ? J’ai passé beaucoup de temps à jouer avec ma guitare acoustique dans les cafés et les bars en Angleterre. Un jour, je suis parti avec un pote, nos 2 guitares sur le dos, faire le tour d’Europe pendant 1 mois et demi. On a joué de la musique dans la rue tous les jours pour gagner des sous et pouvoir poursuivre notre voyage. Parfois ça marchait super bien et les gens étaient réceptifs, parfois pas. A Budapest, on jouait dans une large rue piétonne du centre ville depuis à peine 5 min quand quelqu’un nous a balancé un seau d’eau de 2 étages plus haut. A l’inverse, nous avons eu une bonne surprise à San Sebastian dans le nord de l’Espagne. Nous sommes arrivés là complètement exténués, fauchés, toutes les chambres bon marché étaient prises et en plus il pleuvait. Nous nous sommes directement mis à jouer dans la rue et avons récolté une somme inespérée en une heure seulement, grâce à laquelle nous avons pu nous loger confortablement et festoyer à la bière et aux tapas dans un bon resto! Et nous vous laissons le mot de la fin tout en vous remerciant d'avoir répondu à nos questions : Merci à vous de m’avoir accordé cette petite interview. J’invite tout le monde à nous rejoindre sur les réseaux sociaux pour se tenir au courant des dernières sorties et dates de concert. Et je vous invite à venir nous voir en concert aussi à l’occasion! On vous promet de la bonne musique et des Free Hugs :)

http://www.konoba.be/

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CHRONIQUES COLLECTION – DAN DRUF EVE & THE TRAVELERS – FINGERS & CREAM

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C O L L E C T I O N

Fondé en 2013, le trio Collection présentait début juin un tout nouvel EP. Une production qui sent bon l'été et les vacances. Originaire de Lyon, Collection avait déjà sorti sous le label AB Record un album 8 titres au mois de septembre 2015. Se définissant comme un groupe de freak pop, les trois compères proposent des sonorités quelques peu curieuses mais pour sûre rafraîchissantes sur cet EP de 3 titres intitulé « Gems & Treasures ».

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CHRONIQUE . C O L L E C T I O N

Un opus qui s'ouvre sur le titre « You Helped Me Breathe Underwater ». Les bruitages au début sont assez curieux, on dirait presque qu'on tape sur des gamelles. Puis arrive l'instrumentale, c'est dansant, entraînant. C'est un peu pop, un peu électro, un peu freak. La voix est bien adaptée à la mélodie. Il y a ce côté où la mélodie est simple, marquée, jouée presque avec désinvolture, puis il y a les parties où ça devient plus rapide, plus puissant, avec toutes ces sonorités électroniques. La fin du titre donne une impression de bulles sous l'eau. « Rags » donne de nouveau cette idée que c'est une mélodie, des bruitages faits avec des objets qui leurs tombent sous la main. On ne sait pas ce que c'est, on ne comprend pas non plus, mais on aime parce que c'est complètement fou, incongru, que ça nous bouscule. Il y a ce mélange d'électro, de son un peu hiphop, un peu pop. On découvre même un coté presque mystique sur ce titre. « Gems & Treasures » titre qui donne son nom à l'EP et également celui qui le ferme. On retourne à cette musique freak, un peu nonchalante, et très électronique-pop en même temps. Il y a aussi cet effet sur les voix qui colle parfaitement au titre, ça donne un côté rétro. Par moment on se croirait dans un jeu vidéo avec tous ces bruitages. Encore une fois c'est rafraîchissant. C'est donc une courte mais curieuse et sympathique production que nous propose là Collection. Mêlant sonorités électroniques et pop freak, le trio nous délivre une musique atypique, loufoque, mais entraînante et entêtante. À découvrir ! http://wearecollection.com/

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D A N

Dan Druf pour Franck Devittori, est un artiste toulonnais, complet puisqu'il compose, enregistre et mixe seul ses morceaux, le tout en home studio. Après un premier disque entièrement auto-produit, Dan Druf présentait en avril 2016 son tout nouvel opus intitulé « The Only Treasure Is Youth ». Une production sur laquelle on retrouve dix titres dont les sonorités sont influencées par des groupes tels que The Cure, Sonic Youth ou encore les Smiths, entre rock et new wave et effets électroniques. Un nouvel album sorti par le label Toolong Record qui a déjà misé sur quelques talents comme le groupe El Botcho ou encore Boreal Wood. C'est donc sans trop d'hésitation qu'on met le disque dans le lecteur (après voir contempler la jolie pochette) pour un moment qui ne sera pas sans nous transporter quelques années en arrière. En effet, le premier titre « Sell My Heart » se met en route et déjà on retrouve l'influence de The Cure qui sera présente tout le long de l'opus. Les sonorités sont plutôt rétro, avec des cordes délicates et des percussions légères. La voix a quelque chose de singulier, pas vraiment aiguë mais pas vraiment grave non plus. On retrouve de beaux effets new waves électro également. On savoure la partie instrumentale finale sur laquelle le musicien laisse exprimer son talent. Dan Druf ne manquera d'ailleurs pas de rendre hommage au groupe puisqu'il proposera un remix du célèbre « Picture of You ». Une très belle interprétation et réinvention du titre qui garde l'esprit initial mais avec la signature de Dan Druf. Une facette plutôt électro d'ailleurs qui ne s'exprimera pas seulement sur ce titre.

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D R U F


CHRONIQUE . D A N D R U F

« Spiritual Love » s'illustre également dans un esprit très pop électro avec des bruitages, une impression de mixage. Il y a plein de choses à entendre. Le rythme est bien marqué, on tape d'ailleurs du pied, on a envie de danser. La voix comme toujours est délicate et envoûtante. « The Yellow Cove », le troisième titre propose dès le début un rythme un peu fou avec la présence imposante d'une boîte à rythme certainement. Mais les cordes arrivent, elles sont mélodieuses, avec un son plutôt rock voir rock'n roll, un brin rétro pop et psychédélique. « The Shell » aura également cette particularité d'être dès les premiers sons plutôt dans un registre électro mais de basculer rapidement dans un rock un peu saturé où d'autres sonorités un peu psychédéliques se greffent par moment. Du rock et une ambiance psychédélique, il y en a aussi avec « Lust for Light » (dont le départ est original et inattendue avec ces deux voix féminines qui délivrent un message). Quand le son arrive, il est plutôt rock avec cette formule cordes et batterie. Le ralentissement de la fin apporte un bel effet entre instruments et voix qui retombent ensemble. « Mind the Rut » atteindra d'ailleurs des sommets en matière de sonorités rock avec dès le début des cordes qui s'imposent et une batterie qui frappe. Il y a de belles variations dans le morceau, entre parties plus calmes et certaines très puissantes voire noisy. Puissance dans la voix également qui s'allie à une certaine pureté. C'est du moins ce qu'on ressent dans le titre « The Only Treasure Is Youth » qui se veut un peu plus solennel. Il y a quelque chose de pesant mais d'intense qui bascule finalement vers des sonorités plutôt électroniques, avec des effets psychédéliques. Une nouvelle fois c'est envoûtant et hypnotique avec toutes ces sonorités qui donnent une impression de flottement. Les cordes arrivent également elles sont plus classiques, studieuses, elles restent dans l'esprit du titre. « Crystals » s'illustre lui aussi dans ce style avec des bruitages et ce son très linéaire, posé. L'ambiance est plutôt froide pour ce titre qui parle des illusions perdues. Mélodiquement, l'album se referme sur un titre plus dansant. « Borken Wings » laisse entendre un mix entre pop électro un peu saturé, cordes rock et rythme marqué. Il reste dans l'esprit des titres précédents, bien construit, avec pas mal de sonorités à entendre. Un titre plutôt court d'ailleurs, pour refermer ce bel opus. « The Only Treasure Is Youth » est une très jolie production que signe là le label et surtout son auteur Dan Druf. Un opus qui montre tout le talent du compositeur mais également les multiples facettes de son univers musical. Un album qui mélange sonorités pop électro rock actuelles mais également plus vintages qui laissent transparaître de bonnes influences intelligemment utilisées. Et ce bien évidemment pour le plaisir de nos oreilles. À découvrir donc ! https://soundcloud.com/dandruf

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E V E & T H E

Après un premier EP 5 titres au doux nom de “Landscapes”, le quatuor montpellierains Eve & The Travelers revient avec un second opus intitulé « Where the lights go », composé cette fois ci de 6 titres. Eve (Chant / Guitare / MicroKorg), Maxime (Guitares / Chœurs), Mathieu (Claviers / Chœurs) et Sébastien (Batterie / Sample Pad / Chœurs) trouvent leur « identité sonore dans les lignes mélodiques aériennes d’une pop-folk rêveuse ». Une définition pleine de promesses qui promet de nous enchanter. C’est donc avec beaucoup d’entrain que nous déclenchons le lecteur.

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T R A V E L E R S


CHRONIQUE . E V E & T H E T R A V E L E R S

L’EP, du groupe au nom qui nous fait déjà voyager, débute sur « Fears ». Une douce mélodie s’échappe et dès les premières notes nous sommes déjà amenés à penser que les musiciens ne nous ont pas mentis. La voix cristalline d’Eve, aussi séduisante soit elle, nous fait chavirer dans cette belle ballade folk/pop. Un cocon se crée alors autour de nous. « The Tree » finit de nous installer dans ce nouveau cocon pur. Ce morceau fait la part belle aux envolées musicales et aux passages plus en retenus suggérant ainsi de belles variations. Les instruments et la voix s’accordent à merveille, en toute harmonie. On continue notre écoute avec le troisième titre, « Lovely Corner » qui instaure une ambiance plus intimiste. Une guitare acoustique accompagne dans un premier temps le chant délicat et en anglais de la chanteuse. Encore une fois, elle nous fait voyager, rêver. On ferme les yeux et on se laisse bercer sans sourciller. La délicatesse se retrouve dans tous les éléments qui composent cette chanson. On serait bien resté un peu plus longtemps. Le groupe a l’art et la manière de se renouveler à chaque chanson et tue la monotonie avec son charme. « Silence is gone » met en avant la voix perçante et envoûtante d’Eve, sublimée par la langueur des instruments. La guitare, la batterie, le clavier, … tout est encore une fois à sa place, relativement bien maîtrisé. Le quatuor nous perd cependant un peu dans toutes les variations qui jusque-là étaient leurs meilleures alliées. « Remember », le titre suivant, nous fait vite oublier ce bémol. Musicalement plus pop, il est plus dansant, virevoltant. On peut entendre des parties plus électriques. Le morceau est très réussi une nouvelle fois. Le groupe recommence à jouer avec les variations, les cassures, beaucoup plus cohérentes que précédemment, pour notre plus grand plaisir. Et nous voila déjà à la dernière piste. « Meadow » ferme ce bel EP, cette belle ballade sonore, avec de beaux passages instrumentaux et une belle ritournelle. Eve & The Travelers est une ode au voyage, au bien être, au développement des sens. Mais le groupe ne s’arrête pas là. Les instruments et la voix sont en totale osmose, ce qui donne une part d’irréel dans leurs chansons. Un effet peu commun qui nous déconnecte de la réalité, le temps d’un instant, le temps de quelques notes, le temps de quelques chansons. Les quatre musiciens nous apportent un peu de frissons, un peu de chaleur, un peu de baume au cœur dans notre vie ! Et pour cela on leur dit merci ! http://eveandthetravelers.com/

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F I N G E R S & C R E A M Depuis quelques années, pour les plus aguerris d’entre vous, vous avez pu remarquer que la Bretagne regorge de nombreux talents dans sa nouvelle scène émergente. Vous avez d’ailleurs pu découvrir quelques groupes et artistes à travers nos lignes. Aujourd’hui, on tenait à vous présenter Fingers&Cream. Ce groupe breton est un projet de IoloGurrey, jeune musicien amoureux de la musique folk, il est accompagné par Nina Reche au chant et aux claviers, Elouan Jegat à la guitare, Vincent Roudaut à la basse et Camille Courtes à la batterie. Déjà considéré comme « figure montante de la scène musicale bretonne », le quintet a sorti fin 2015 son deuxième EP « Forsaken Dream » sous le label parisien Kromatik Records. Un second opus 5 titres aux sonorités principalement folk avec quelques touches de pop/rock.

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CHRONIQUE . F I N G E R S & C R E A M

« Forsaken Dream » débute avec le titre portant le nom de l’album. Dès les premières notes, les musiciens plantent le décor. Une mélodie à l’allure folk rock des années 60/70 se fait entendre. La voix chaude et feutrée de Iolo, accompagnée par des chœurs, épouse parfaitement le style de cette chanson. De temps à autres, les voix font la part belle aux parties instrumentales en leur laissant entièrement la place. L’ensemble des instruments a un rôle actif dans la composition, ni la basse, ni le clavier sont laissés de côté ce qui est plutôt appréciable. L’ambiance est enivrante, planante. A ce stade de l’écoute, on se dit que c’est déjà une belle découverte musicale. Il ne nous en faut pas plus. On poursuit avec « Fall by fire » . Imaginez un soir d’été chaud, près d’un feu de camp, les braises qui crépitent et qui s’envolent, avec une vue dégagée… ça y est vous y êtes ? Un vent de liberté souffle. « Fall By Fire » sera votre bande son. Très folk, le titre dégage quelque chose de chaleureux et joyeux. La musique est une nouvelle fois enivrante. On se surprend même à agiter la jambe et la tête au rythme des notes acoustiques, électriques et éclectiques. La troisième piste débute comme la chanson précédente a fini, par des notes acoustiques. Un air de guitare jaillit paisiblement des hauts parleurs. « HereyouSwallow » est très posé dans l’ensemble. Là encore, c’est chaleureux. Les voix nous mettent une nouvelle fois en confiance et nous guident dans le côté plus intimiste et nostalgique du groupe. On se laisse prendre par leur folk et on les accompagne volontiers en claquant des mains, des doigts, en battant la mesure des refrains avec nos pieds. « Dead &Done », l’avant dernière chanson à l’allure d’intermède, est plus surprenante par ses sonorités et le rythme très saccadé. Le folk parfumé au blues nous projette dans un vieux pub ou un ranch. La chanson fait également place à de belles variations. L’écoute se finit sur une dernière ballade. « The Cuckoo », et ses sifflements, est très posée, très douce, très folk encore une fois. Elle s’apparente à une belle ritournelle. Finalement, la seule chose qu’on puisse dire, c’est que Fingers&Cream remet au goût du jour la folk, trop souvent oubliée et absente. Alors pour les amateurs de folk, et les amateurs de bonne musique en tout genre, Fingers&Cream est à découvrir de toute urgence. https://soundcloud.com/fingersandcream/sets/fingers-and-cream-forsaken-dream

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INTERVIEWS LOÏC DESPLANQUES – MATHIS

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L O Ï C D E S P L A N Q U E S

Un peu loufoque, un peu dandy et so frenchy, rencontre avec Monsieur Loïc Desplanques ! Salut Loïc Desplanques, peux-tu te présenter en quelques mots pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ? Je suis guitariste, compositeur / arrangeur. J'ai joué dans pas mal de groupes et de projets. Je me suis un jour mis à fabriquer des petites chansons pour moi, et ça a plu ! En 2012, j'ai rencontré Polérik Rouvière (Au revoir ma belle) avec qui j 'ai sorti l'Ep « L.H..O.O.Q » (2012). Aujourd'hui je sors donc l'album « Chansons Intéressantes » avec le label Kromatik. Comment définirais-tu ton style de musique ? Un mélange de chanson française, de pop, de funk et d’électro. Des rythmes qui tapent. Des textes qui jouent sur les mots. Un style plutôt léger et frais.

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INTERVIEW . Un style plutôt décalé alors quelles sont tes influences musicales ? J'ai été bercé par les chansons de Boris Vian, de Gainsbourg et d' Higelin. J'ai été par la suite envoûté par la folie sans limite et l’énergie de la musique de George Clinton avec Funkadelic et Parliament mais aussi Cameo, Roger Troutman et Zapp. Ce sont notamment ces deux univers que je tente de mêler dans l'album. Dans ta biographie on peut lire « Une légèreté qui peut paraître futile mais qui pourtant s’avère lourde de sens. » ! Alors finalement est-ce que chacune de tes chansons cachent (ou non) un message fort ? Oui ! La légèreté peut être forte ! J'essaie toujours d'ajouter une deuxième niveau de lecture. L'auditeur prend ce qu'il veut. Je pense que le bonheur (personnel, social) est un objectif essentiel. Cela est d'autant plus vrai lorsque l'on part du principe que la vie n'a peut être pas beaucoup de sens. Je revendique donc une certaine folie, plutôt douce, qui rend les choses moins absurdes. On te définit également comme « Artiste singulier, il s’est forgé un personnage d’anti-héros dandy, sympathique et poète. ». Cela reflète t-il une envie de ne pas faire comme tout le monde ? Je ne pense pas ma musique par rapport aux autres. La question est de savoir ce que j'assume en tant que chanteur et parolier. Les artistes français qui m'ont plu, qui m'ont fait découvrir la chanson et m'ont donné envie d'en écrire n'ont jamais été les plus médiatisés. Cela explique certainement mon parti pris. C'est une histoire de caractère, de goût plus qu'une volonté de se démarquer. Que doit procurer la musique selon toi ? La musique est une forme d'expression totalement abstraite. Elle ne renvoie à aucune forme de réalité, ne représente rien. C'est le seul mode de création qui accompagne la vie et le quotidien sans l’arrêter: on peut conduire, manger, faire le ménage, la cuisine ou encore l'amour en musique... Chacun peut donc y mettre ce qu il veut: Joie, plaisir, tristesse, nostalgie... On a pu découvrir en décembre 2015 ton clip « Say Yeah ». Une musique entêtante sur un thème so french bourré d'humour, de vérité et de poésie. Est-ce qu'il résume parfaitement ton univers musical finalement ? Oui, c'est bien résumé! Humour, vérité, poésie: cela caractérise bien mes chansons. En revanche, musicalement, le reste de l'album est un peu plus électronique, un peu plus 80's.

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L O Ï C D E S P L A N Q U E S


L O Ï C D E S P L A N Q U E S

Plus récemment, en avril tu as publié le clip « Fumées », un clip tout aussi décalé dont le titre est extrait de ton nouvel album. Peux-tu nous parler de sa conception et de sa réalisation ? Nous avons fait ce clip avec un ami de longue date, Pierre Minoux (que je salue et remercie au passage). Il fait aujourd'hui de la post production et des effets spéciaux à Munich avec sa société Crushed Eyes. Je me suis donc rendu à Munich quelques jours. Le clip a essentiellement été tourné sur fond vert (plus quelques scènes dans un hangar désaffecté). Pierre a énormément bossé sur ce projet . Beaucoup de plans ont été réalisés en post production par ses soins. On voulait retrouver l'atmosphère comics noir et blanc de Sin City et avoir quelque chose de fort visuellement. Et donc ton album « Chansons intéressantes » est sorti en mai. N'y aura til pas un message subliminal dans ce titre ouvertement explicite ? Ce qui m'intéresse, c'est de créer. C'est ce qui me porte. Pour moi, peu importe le résultat. La démarche créative est nécessairement intéressante parce que dénuée de sens, totalement gratuite. Si tu ne devais nous conseiller qu'un seul titre, ce serait lequel ? C'est une question délicate. Beaucoup trop délicate... Je suis attaché à tous les morceaux. Je préférerais laisser le choix aux auditeurs.

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INTERVIEW . Que penses-tu de la nouvelle scène musicale qui émerge ? Je sèche sur cette question. Entre le boulot, la vie de famille, et mes projets musicaux, je n'ai guère le temps d écouter beaucoup de choses. Par ailleurs il paraît que les goûts musicaux se figent aux alentours de 33 ans. Force est de le constater que je suis moins à l’affût des nouveautés. As-tu d'autres projets pour la suite ? Faire de la scène et lancer un deuxième album toujours avec Nicolas Gueguen ( du label Kromatik). Une petite anecdote pour finir ? Quand on a commencé à bosser sur l'album, le label m'a demandé de lui envoyer tous mes morceaux . Ils m'ont pris pour un fou: j'en ai envoyé 99 !!

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Et le mot de la fin : Pourvu que ça dure... Aussi vais-je toucher du doigt et croiser les bois. http://www.loicdesplanques.com/

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M A T H I S

Non le rock français n'est pas mort, et si vous ne nous croyez pas venez donc écouter Mathis qui nous parle le temps d'une interview de son dernier album “Ombres et Visages” ! Salut Mathis ! Peux-tu te présenter en quelques mots pour celles et ceux qui ne te connaîtraient pas encore ? Musicien pop-rock, en français, né à Lyon, 2 albums autoproduits et bientôt 150 concerts au compteur, dont les premières parties des BB Brunes, de Daran, de Nilda Fernandez, de Laurent Lamarca. De part tes expériences musicales tu t'es initié à plusieurs styles, le blues, l'acoustique, le pop rock, le rock … alors y en a t-il un qui prédomine tes compositions ? Ça reste essentiellement pop et rock, mais avec la contrainte liée à la langue française. J’essaie de faire en sorte que mes textes aient du sens tout en étant spontanés, et la plupart traités sur des thèmes musicaux plutôt dynamiques.

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INTERVIEW . On imagine par conséquent que tu as une multitude d'influences musicales ? Sur mes deux premiers albums, l’influence est en effet assez pop, rock, en relation avec mes références personnelles : Bashung, Eicher, Radiohead, Ben Harper, Jeff Buckley…. Quand il est l'heure de composer, ça vient d'où, ça vient comment, ça part de quoi ? De séries d’accords qui se succèdent, un peu par hasard au début, jusqu’à trouver quelque chose qui « sonne », qui semble intéressant, et que je cherche ensuite à développer. C’est vraiment un travail de recherche, la plupart du temps mené de manière un peu négligente, mais qui finit la plupart du temps par se développer de manière très aboutie : structure, harmonies, idées d’arrangements, etc. Que doit procurer la musique selon toi ? De l’émotion. C’est aussi simple et évident que cela selon moi. Et ça peut être partout : sur scène, dans son salon avec une guitare jouée négligemment, en écoutant un disque (ou une playlist !), en fredonnant un truc….dès que soudain il y a réaction, sensation de plaisir, il me semble qu’on peut dire qu’on est dans une dimension assez particulière, qui, à mon sens, n’est vraiment le propre que de la musique. En janvier 2016 tu as sorti ton nouvel album « Ombres et visages ». Peux-tu nous parler de cette production (composition, réalisation …) ? Cet album a été réalisé entre Février et Novembre 2015. Une aventure étonnante qui m’a permis de travailler avec des musiciens professionnels de renom, comme Christophe Deschamps, batteur mythique de la pop française des années 90 et 2000, et notamment de Jean-Jacques Goldman, mais aussi avec Philippe Almosnino (Wampas, Biolay) et Yan Péchin (Bashung) aux guitares, ou encore Jean-Max Méry (-M-, Phoenix) aux claviers. J’ai rencontré des gens adorables, et talentueux…. Ils m’ont tous aidé à finaliser les 11 chansons de l’album, enregistré sur plusieurs studios lyonnais (Hacienda, Mikrokosm) et parisiens (History). Un album qui paraît 3 ans après « Centre Ville » sorti en 2013. Dirais-tu qu'il y a eu une évolution dans ta musique entre les deux productions ? Oui, j’ai l’impression que ce disque marque une nette évolution, notamment dans la production et les arrangements. Dans l’interprétation également.

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Y a t-il un titre sur « Ombres et Visages » qui te tient particulièrement à cœur ? Pas vraiment. J’ai essayé de construire ce disque comme une continuité, j’aime bien l’idée d’une histoire qui progresse de manière indirecte, non linéaire. Si je devais en choisir une, ce serait « Ça ne suffit pas » pour l’arrangement musical que nous avons trouvé.Pour le texte, « Un homme dans la foule ». Toi qui a fait pas mal de scènes, raconte-nous un peu ton expérience et les rencontres que tu as pu y faire. J’arrive bientôt à 150 concerts, c’est en effet quelque chose que je connais bien ! Mes meilleurs souvenirs sont forcément liés aux plus belles scènes que j’ai pu faire, comme le Transbordeur à Lyon en janvier 2016 pour la sortie de cet album, ou le Bus Palladium à Paris en Mai dernier. Et puis bien sûr les premières parties….les BB Brunes, à Lyon, en 2014, c’était quand même quelque chose ! Les meilleurs moments ne sont pas forcément des

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INTERVIEW . rencontres extérieures, mais des moments de « fusion » entre nous, je veux dire entre les musiciens sur scène, d’abord et le public, l’un allant en général avec l’autre à mon sens : quand on sent qu’il se passe un truc entre les musiciens sur scène, la musique se met à prendre une autre dimension. Y a-t-il une découverte musicale en particulier que tu nous conseilles ? Pas réellement. Je travaille en ce moment sur le projet d’un jeune artiste lyonnais en tant qu’arrangeur/réalisateur, dans un esprit un peu à la Fink, ou Bon Iver, c’est très prometteur, ça sortira à l’automne, et on en reparlera je pense ! Connais-tu les artistes Loïc Desplanques et Sophren qui sont présents avec toi dans cette édition ? En toute sincérité, non ! ….nous sommes tellement, tellement à proposer de jolies choses, c’est difficile de suivre l’actualité de tout le monde. As-tu d'autres projets à venir (clips, concerts...) ? Un clip sortira à la rentrée pour la chanson « Ça ne suffit pas ». Puis d’autres concerts importants à l’automne, jusqu’à janvier 2017, je pense. Et nous te laissons le mot de la fin tout en te remerciant d'avoir répondu à nos questions : Merci beaucoup à toute l’équipe d’Amalgame, fidèle et toujours aussi sympathique !

http://www.mathisweb.fr/

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M A T H I S


CHRONIQUES GISELE PAPE – GROUT/GROUT – HELOÏSE

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G I S E L E P A P E

Ceci est un avertissement : La chanteuse que vous allez découvrir à travers cette chronique ne ressemble à aucune autre. Maintenant que vous êtes prévenus, Gisèle Pape est une chanteuse polyinstrumentiste, mais pas que puisqu’elle est également auteure-compositrice. Passionnée par le chant des oiseaux, elle a sorti en novembre 2015 son premier EP six titres nommé « Oiseau », en leur faveur. Véritable « tricoteuse de chansons électro-poétiques », c’est dans sa pièce à musique et « seule en scène qu’elle distille au compte-goutte les mots et les sons de ses instruments, tricotant les mailles poétiques d'un étrange canevas fait de songes, de terre, de silences, d'hommes - et de femmes - face à la nature ».

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CHRONIQUE . G I S E L E P A P E

La production commence. « Encore » nous livre dans un premier temps le chant doux des oiseaux avant d’être rejoint par celui de l’artiste à la voix délicieusement divine. Accompagnée de percus, de claviers et de bruitages, sa voix dégage une réelle profondeur. C’est vibrant. Gisèle Pape suspend le temps à ses lèvres. L’écoute se poursuit et le morceau suivant « Sirène » est très juste dans sa tonalité là encore. Le style est un peu plus classique avec le violoncelle de Chloé Girodon, et c’est très beau. L’univers de Gisèle Pape est subtil, tout comme ses textes sont poétiques. Touchée par la grâce, elle nous envoûte avec ses compositions, sa voix, ses mots. « Moissoner » le troisième titre écrit par Karen Fichelson, allie les sonorités classiques aux sonorités plus modernes, électroniques. Nous sommes toujours en admiration devant la voix de la talentueuse qui aisément change de couleurs et de tessitures. Le chant est pur, à l’intensité presque religieuse. Ses compositions sont intelligemment créatives. Le titre nous réserve un beau final électro. « Nuit », la quatrième piste, retombe légèrement en nous délivrant une mélodie au rythme plus calme avec la guitare en instrument principal. De temps à autre, elle vient de nouveau flirter avec les sons électro du clavier et la douceur du violoncelle. Comme les titres précédents, il y a une vraie construction musicale à chaque chanson. « Dolls » continue dans la lignée avec une ambiance plus solennelle. On retiendra surtout le rythme du refrain et la voix qui se fait plus affirmée, contrairement aux couplets où elle est plus fragile. Gisèle nous offre pour le dernier couplet un passage en anglais. Ce passage précède « Solitary Star », la dernière chanson, écrit par Lord Byron. Un texte qui est, lui, tout en anglais. Le morceau est très calme, avec une guitare acoustique et la voix de Gisèle Pape. Gisèle Pape fait preuve d’une grande maturité musicale pour cette première galette. On espère que cet EP débouchera sur d’autres titres, tout aussi bons que ce que l’on a pu entendre sur « Oiseau ». Une artiste talentueuse, à écouter sans modération et à faire découvrir à votre entourage ! https://giselepape.bandcamp.com/releases

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« Grout/Grout gratte, Grout/Grout grince, Grout/Grout coule, Grout/Grout chauffe. Quoi d'autre ? » (cf : biographie fcbk du groupe). Et bien nous on peut vous le dire : Grout/Grout allie avec brio pop vintage, rock classique et sonorités électroniques plus modernes. Originaire de Montpellier, le groupe, formé par Sylvain Grout, Japy Lo Pinto, Avelin Castello, Dany Rizo, Vincent Cardoen, sortait en décembre 2014 un album intitulé « Mrs Peelings ». Une jolie production de 12 titres dans laquelle Grout/Grout vous propose de découvrir son univers musical où il y a plein de choses à entendre (et à voir qui sait!). En cas de pépin (on ne sait jamais avec les pommes), n'ayez crainte, Grout/Grout a un « Plan B ». Le son du début est sympa avec cette impression de bande son un peu craquelée, un peu ancienne. Par la suite, la mélodie libère un son électrique qui semble survoler les percussions. Une voix féminine (ou du moins plus aiguë) et une voix masculine semblent communiquer. La musique est vraiment travaillée, étudiée, on a l'impression que les doigts virevoltent sur les cordes avec légèreté même si le rendu envoie du lourd. C'est un joli morceau, léger, aérien. Vous en reprendrez bien une part avec « Me As A Cheesecake » où le son est un peu synthétisé pour finalement laisser s'imposer la batterie et les cordes aussi. On est sur quelque chose d'assez rock'nroll voire un peu pop aussi. C'est rythmé, dansant, on entre tout de suite dans cette musique sur laquelle on a envie de danser. La partie instrumentale est pop-rock bien que se greffent quelques effets électroniques. « Wings On Her Monkey » délivre une impression de rock mais un peu en retrait. Puis arrive un ensemble de cuivres (Jérémy Champagne au trombone, Samuel Vène à la trompette et Gaël Vallée au saxophone sur cet album) et des percussions, en plus des cordes. Là encore il y a du rythme, énormément de choses à entendre. La voix est un peu mise en off, en arrière ce qui rend bien. On retrouve le panel d'influences musicales du groupe. Des influences qu'on retrouvera sur le titre « Popcorn In A Microwave » avec cet esprit un peu Beach Boys. La mélodie est plus calme, presque pop folk et la voix revient, elle est un peu blues, un peu raillée aussi. Puis cordes électriques et percussions se joignent à eux. « A View To The Back Of The 8 Ball » restera dans ce registre avec ce rythme un peu nonchalant qui nous transporte.

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G R O U T G R O U T


CHRONIQUE . G R O U T G R O U T

Nonchalance et légèreté aussi pour « Sunny Season » avec ce rythme plutôt entraînant. La mélodie propose une nouvelle fois plein de choses à entendre entre cordes acoustiques et électriques et percussions et quelques bruitages. On retrouve cet ensemble de voix qui apporte une belle dimension. Mariage entre folk et pop aussi sur le titre « Pragmatic Poem » où les premières sonorités sont bien soutenues par une basse. D'autres bruitages se déposent par moment apportant la touche fantaisie électronique. L'effet apporté par les chœurs est également très sympathique. On entend des percussions aussi par moment. Il y a énormément de petites choses par ci par là à découvrir sur ce titre bien construit à l'ambiance particulière et intimiste. Mais Grout/Grout répond aussi à l'appel du rock. « On & In » marque un retour aux sources, retour au rock. Un rock un peu brut mais un peu pop quand même avec une batterie quasi dominante, des cordes qui se laissent bien entendre elles aussi et une voix qui ne faiblit pas avec une diction assez admirable. C'est super entraînant, on a envie de balancer la tête, de se laisser aller avec ce côté très vintage. Les effets sur les cordes sont vraiment sympas. « Puzzle Man » assume également sa part de rock voir de rock'nroll, avec ce son très brut mais avec un soupçon de légèreté (à la The Strokes). Les cordes électriques se laissent tenter par de très belles parties instrumentales pour le plus grand bonheur de nos oreilles accompagnées par de jolis effets synthétiques. « Mrs Peelings » semble rendre hommage aux Beatles avec ce côté pop-rock ultra british. Batterie, cordes tout y est, la voix paraît en arrière toujours, avec cet effet étouffé. On retrouve quelques instruments à vent sur des parties mélodiques assez géniales où tous les instruments s'assemblent. Il y a des passages plus rythmés, d'autres plus calmes. De la pop, du rock, et un son vintage, sont également au rendez-vous sur le titre « Peter Pan & Wendy Pot ». Le début est étonnamment intimiste mais après ça part dans un son pop rock. La voix semble un peu plus discrète sur ce titre où la mélodie entraînante prend le dessus. La batterie, les cordes, tout fonctionne bien dans des parties instrumentales toujours aussi agréables. À noter que que le titre se termine juste avec la voix, et c'est un bon choix. L'écoute aussi doit se terminer malheureusement avec le titre « A Huckleberry In My Neighbourhood ». Un titre court pour refermer cet album (à peine 2 min). On entend un son acoustique, un son de basse et d'autres effets synthétiques. Des percussions s'invitent tout de même sur la fin du titre. C'est très entraînant, la mélodie est assez aiguë, lumineuse, et la voix a de nouveau un débit assez impressionnant avec ce côté vraiment chantant, presque conter de façon enfantine. L'album se referme sur des percussions, qui donnent presque une impression de tambour. Entièrement composé et écrit par le groupe, « Mrs Peelings » est un très bel album où se rencontrent sonorités actuelles et pop-rock vintage. Grout/Grout met tout son cœur et tout son talent (surtout) dans cette production qui ravit nos oreilles. Des titres à écouter, en sirotant pourquoi pas, un bon jus de pommes ! http://groutgrout.bandcamp.com/album/mrs-peelings

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H E L O Ï S E Si Chopin et Brassens s'étaient rencontrés le temps d'une improvisation, ils auraient certainement accompagné Héloïse. Si son premier album « Eau douce » marquait notre coup de cœur pour cette artiste, « La nouvelle H » est un coup de foudre musical. Une jolie production de 13 titres dans laquelle Héloïse, auteure-compositrice, interprète et écrivain, nous transporte dans un univers lyrique qui allie sentiments personnels, émotions mais qui dépeint également nature et personnages. Artiste simple et chaleureuse, les textes d'Héloïse sont sublimés par des instruments comme une guitare, un ukulélé, un piano, une flûte ou encore un violoncelle, pour un rendu qui n'a pas son pareil. La production s'ouvre avec un titre qui pourrait bien la qualifier : « Beauté parfaite ». C'est très jolie dès le début avec ce son d’instrument à vent, puis ce rythme donné à la fois par des cordes et par la voix. Une voix magnifique, parfaitement maîtrisée. D'autres sonorités arrivent ensuite, le tout donne une impression de musique traditionnelle. Le texte est très bien écrit, ça se suit, on voit ce qu'elle nous décrit. Une très belle entrée dans l'univers d'Héloïse. L'écoute de « Oubli » se fait au départ progressivement et on retrouve ce côté très musique traditionnelle avec ce mélange de flûte et de cordes pincées et frottées. Il y a quelque chose de très poétique, très conte aussi bien musicalement que textuellement. « C'est le printemps et c'est dimanche » marque l'arrivée un piano qui joue délicatement quelques notes puis rejoint par un violoncelle. C'est léger, poétique. Les textes magnifiques sont sublimés à la fois par les sonorités qui sont en parfaite adéquation et cette voix qui conte avec rythme et qui met les intonations là où il faut.

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CHRONIQUE . H E L O Ï S E

« Lou » se veut très rythmé dès le début, avec ce panel d'instruments qui donne vie au texte d'Héloïse. L'ensemble des voix qui ne chantent pas toujours en même temps apporte également une jolie dimension entre cette impression de voix en solo et d'autres en chorale. On se met d'ailleurs rapidement à chanter le refrain avec elle(s) « Souviens toi, souviens toi, les lilas Lou » qui s'accélère sur la fin. On retournera à notre ambiance traditionnelle avec « La blanche et douce fée » où s'entremêlent instruments à vent et à cordes. Son univers n'a décidément pas son pareil et on sent le talent d'écrivain de l'artiste dans ses textes où la plume est vraiment unique et parfaitement travaillée. On retrouvera ce style traditionnel sur le titre « Scélérats » où les paroles sont un peu enjouées, drôles et auxquelles la voix sait parfaitement donner ce caractère. « Quand il pleut sur Paris » propose une mélodie peut-être plus moderne avec ces sonorités acoustiques et ce son de violoncelle (même si on retrouve la flûte sur le refrain). C'est un joli titre, très calme, très poétique comme toujours, juste, c'est une ballade auditive mais presque visuelle. Une pointe de modernité qu'on retrouvera sur « Au verger » avec ces sonorités presque électriques mêlées au son du violoncelle. Un autre titre se démarque également. « La peau des anges » dégage une belle simplicité avec une voix accompagnée par une guitare acoustique légère. C'est magnifique, poétique et aérien. La voix semble survoler, effleurer avec subtilité la mélodie. Ce titre s'illustre plus dans l'air du temps, avec ce son acoustique presque folk, un registre qui va parfaitement bien à Héloïse. « Berceuse à un ange » débute joliment avec ces premières notes grattées. Ce qui semble être une trompette se fait également discrètement entendre. La voix d’Héloïse prédomine clairement, elle est toujours aussi belle, musicale. Elle a quelque chose dans la voix qui ne s'explique pas. Cette même voix qui ouvrira le titre « La nouvelle H » (qui aurait pu être un titre emprunté à Jean-Jacques Rousseau) où les instruments la rejoignent pour un ensemble entraînant et en même temps délicat, tout en harmonie. Les deux derniers titres ne nous déçoivent pas. L'artiste nous invite avec elle « Dans l'ombre de toi » où une sonorité presque enfantine l'accompagne. S'invitent également flûte et violoncelle. Tous les ingrédients pour une bonne chanson comme sait le faire Héloïse. « La folle allure » délivre une voix qui prend le dessus sur une mélodie plus discrète où se rencontrent violoncelle et flûte pour un dernier titre. Tout ce qu'on a aimé sur cet album. La voix qu'on aime tant referme a capela cette magnifique production. Fin, subtile, lyrique, magique, les adjectifs ne manquent pas pour décrire l'univers d'Héloïse. Elle nous fait redécouvrir un style que nous n'avons plus vraiment l'occasion ou du moins l'habitude d'entendre aujourd'hui, ce qui lui permet vraiment de se démarquer. Elle dépoussière la langue française et nous offre quelques textes dans la lignée d'un certain Prévert ou encore d'Apollinaire, mis en musique sur un petit air à la fois moderne et traditionnel. Un très bel univers musical à découvrir ! http://heloise-combes.blogspot.com/

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INTERVIEWS NO RANDOM – PTI BEN

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N O R A N D O M

Hasard ou pas, No Random et leurs sonorités rock nous disent tout sur leur dernier EP. Salut No Random, pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ? No Random est un groupe de rock alternatif nourri au spleen qui puise son inspiration dans les vies un peu tourmentées de ses membres, avec Maï au chant et aux textes, Alberto à la guitare, François à la basse et Jules à la batterie. On imagine que vous n'avez pas choisi votre nom au hasard alors pourquoi ce choix ? Le nom du groupe découle de la rencontre entre Maï et Alberto, à l’origine du projet. Racontez-nous un peu la rencontre et la formation du groupe. Maï et Alberto se sont croisés au Mexique pour se retrouver par « hasard » 4 ans plus tard à Paris. Ce même hasard croisera ensuite leur route avec celle de François, puis avec Jules pour basculer vers un son définitivement plus rock.

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INTERVIEW . Vous vous illustrez dans un registre plutôt rock alternatif alors quelles sont vos influences musicales ? Radiohead, Faith No More, Archive, A Perfect Circle, pour n’en citer que quelques-uns dans ce même registre, mais nous nous nourrissons tous de styles musicaux très variés qui rajoutent différents échos à nos compos… « La richesse réside dans la différence » et dans la variété… En novembre, vous avez sorti un premier EP. Pouvez-vous nous en parler (composition, réalisation, enregistrement, accueil du public …) ? Les morceaux Child et Motion ont été composés par Alberto et Maï et datent de la formation du groupe ; Closinggate est un morceau collégial composé avec notre batteur précédent Romain Roulleau ; Lame et Bad beat partent de compositions du bassiste arrangées par le guitariste et la chanteuse. L'ensemble a été enregistré et mixé par Niko Garin, un vieux routard de la musique qui a su nous guider et veiller sur l’enregistrement « live » de trois jours au studio 180 (Paris la Villette). L’accueil du public a été très positif et l’expérience de jouer l’EP live, assez révélatrice de la portée de chaque morceau. N'y aurait-il pas un album également en préparation pour cette année ? Effectivement, l’enregistrement de notre premier album est prévu pour début 2017. Nous nous trouvons d’ailleurs en pleine phase de composition, ce qui est toujours assez excitant. Vous avez également publié quelques photos du tournage de votre clip « Bad Beat ». Sa sortie est-elle prévue pour bientôt ? Pouvez-vous nous dire comment s'est passé le tournage ? Nous allons encore le garder au chaud un petit moment... On laisse planer le mystère… Le tournage a été une expérience très intense et riche en émotions : le temps que nous avions pour le filmer était limité et les scènes à tourner étaient nombreuses. Rien d’impossible pour les pros talentueux avec qui nous avons eu la chance de compter : Greg Pagnier et sa crew ainsi que Thibaut Vanecktous deux à la réalisation, sans parler du casting de premier choix, avec StéphenScardicchio et Olivier Duverger Vaneck, et de toutes les autres personnes en or qui nous ont prêté main forte pour créer cette pépite.

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N O R A N D O M


INTERVIEW . Vous faites également beaucoup de scènes alors racontez-nous un peu cette expérience ? C’est « sportif » et stimulant, car chaque nouvelle scène est une occasion pour nous d’observer les réactions des différents publics et surtout une occasion de vibrer et de « déballer nos tripes ».

N O R A N D O M

Vous avez certainement dû y rencontrer quelques artistes ! Une découverte en particulier à nous conseiller ? Nous avons partagé la salle L’Alternateur de Niort (équipe cool à souhait) avec le groupe Durdn. Allez les voir live : vous serez sans doute aussi bluffés que nous. Et si demain on vous disait que vous avez la possibilité de collaborer avec un groupe ou un artiste tout genre confondu, son nom serait …. ? Thom Yorke serait un bon début... Quelques autres projets à venir peut-être pour No Random ? La composition de notre premier album principalement. Et vous avez bien une petite anecdote à partager avec nous pour finir ? Côté anecdotes, on vous laisse venir nous voir en concert… On les créera ensemble… Et nous vous laissons le mot de la fin tout en vous remerciant d'avoir répondu à nos questions : Merci à vous. Stay tuned and be ready… http://norandom.believeband.com/

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P T I B E N

Du rock acoustique agrémenté de touches électroniques, Pti Ben nous parle de son dernier EP.

Bonjour Pti Ben ! Peux-tu nous présenter ton univers en quelques mots ? Salut ! Pti Ben c’est un projet solo où je propose un rock acoustique avec quelques influences électro, sur fond de textes en français. Sinon, je viens de Toulouse, je suis auteur compositeur interprète, et je m’occupe entièrement de l’enregistrement et des visuels de ma musique. J’ai eu plusieurs groupes avant, et j’ai fini par vraiment gérer seul mon projet à partir de Juillet 2013. Voilà pour les présentations ! « Pti Ben », cette dénomination n'est certainement pas un choix hasardeux ? En fait, à la base je voulais m’appeler Nirvana ou Céline Dion mais c’était déjà pris ! Plus sérieusement, comme la plupart des artistes, j’ai vraiment galéré pour trouver un nom ! Quand on est en groupe, c’est déjà compliqué, mais quand on passe en solo, on a le choix entre prendre son vrai nom ou prendre un pseudo. Moi j’ai décidé de garder le surnom qu’on m’a donné quand je bossais dans un magasin de guitares.

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INTERVIEW . Au final, je trouvais que ce nom était assez court pour qu’on puisse le retenir, et qu’avec son côté non agressif, cela correspondait bien à la mélancolie de ma musique. J’aurais aimé vous donner une explication mystique ou extraordinaire, mais des fois la vérité est bien plus ennuyeuse…

P T I B E N

Comment définirais-tu ton style de musique ? Je dirais que je fais du rock acoustique avec des influences électro. J’ai pas vraiment un style en particulier, certaines personnes disent que je fais de la pop, d’autre du rock ou du folk. En fait peu importe tant qu’elles apprécient ma musique ! Quelles sont tes influences musicales ? J’ai beaucoup d’influences musicales, car j’écoute beaucoup de choses différentes, des plus « honteuses » au plus « respectées », même si ça ne s’entend pas forcément dans ma musique. On va dire que le premier groupe qui a changé ma vie et m’a donné envie d’écrire et chanter, c’est Nirvana. Quand j’ai écouté « Nevermind » et notamment la chanson « Drain you », ça a été un énorme choc pour moi. Il y a clairement eu un avant et un après. Après avoir écouté leur discographie, un deuxième groupe m’a beaucoup marqué, c’est Noir Désir avec « Tostaky ». Ils m’ont fait comprendre qu’on pouvait faire du rock avec des paroles en français dans un style très littéraire, sans que cela soit ridicule. Ça m’a amené à écouter Jacques Brel, Georges Brassens et plein de groupes français comme par exemple Deportivo ou Asyl. Nirvana et Noir Désir sont en quelques sortes mes « piliers » ! Plus tard j’ai pris la même claque avec « Song for the deaf » des Queens Of The Stone Age qui reste un de mes groupes préférés, ainsi qu’avec « Grace » de Jeff Buckley (un des plus grands chanteurs de rock !). J’écoute aussi énormément des groupes de métal/indus comme Deftones, SOAD, Korn, Tool, Nine Inch Nails, ou plus récemment BMTH. J’aime bien aussi la pop de Oasis et des Stéréophonics. Depuis quelques années j’ai élargi mes horizons, en écoutant beaucoup d’electro (SBTRKT, The XX, Disclosure), du rap, et du r’n’b’ moderne comme Frank Ocean, The Weeknd, Drake, Childish Gambino, ou AlunaGeorge. Je pense qu’aujourd’hui la plupart des gens écoute de la musique sans vraiment se soucier du style musical et c’est ça qui est cool ! Que doit procurer la musique selon toi ? La musique est comme toutes les formes d’art, elle doit procurer une émotion à celui qui la fait et à celui qui la reçoit. C’est un moyen pour moi de transmettre mes émotions et de m’ouvrir au monde. La musique m’accompagne dans tous les moments de ma vie, et elle agit comme un médicament quand j’en fais.

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Tout récemment est paru ton EP « Recommencer ». Il y a un message particulier derrière ce titre, une histoire, d'autant que tu définis l'ambiance comme mélancolique ? Avec ce titre (qui est aussi le nom de la chanson qui ouvre l’ep), l’idée était de dire que malgré toutes les difficultés que j’ai eu, les erreurs que j’ai faites, j’étais prêt à repartir à zéro aussi bien dans ma musique que dans ma vie. Même si l’ambiance générale de mes chansons est mélancolique, j’avais besoin de lui donner un titre positif. Avec cet ep, c’est une nouvelle « aventure » qui commence pour moi. Peux-tu nous parler de la composition de ton EP ? Pour la composition, c’est aller assez vite en fait. J’ai composé 4 des 5 titres en 1 an, la chanson « O.D » existait déjà avant, mais sans les paroles. Par contre, pour l’enregistrement en lui-même, j’ai jamais autant galéré! Ce n’était pas la première fois que j’enregistrai seul dans la chambre d’un appartement, mais là je voulais avoir un son différent de d’habitude, donc j’ai dû recommencer plusieurs fois les prises de son, pour avoir quelque chose de correct. Je n’aime pas spécialement enregistrer, donc quand on est seul du début à la fin, qu’on doit faire face quotidiennement aux problèmes techniques et de temps, ça devient vite une prise de tête ! C’est pour ça que j’admire un artiste comme Mac Demarco, qui est capable d’enregistrer sans aucune aide ses propres albums de a à z. Bref, c’est pour ces raisons que j’ai envie d’aller en studio pour faire mon prochain cd. Si tu ne devais nous conseiller qu'un seul titre sur les cinq, ce serait lequel ? C’est difficile car chaque chanson représente divers facettes de ma musique ! J’hésite entre 2 titres, mais je pense que ça serait sûrement « Elles se sont aimées », car c’est une bonne synthèse de ce que je sais faire. On y retrouve mon côté rock par la façon dont je joue de la guitare (ce côté couplet calme/refrain agressif), on y entend aussi les différentes façons dont j’utilise ma voix, et l’ambiance ainsi que les paroles sont plutôt mélancoliques. De plus, je l’aime bien parce que ça a été la première chanson à être composée pour cet ep. Elle a donné une direction à la façon dont je voulais que sonne ce cd. Que penses-tu de la nouvelle scène musicale qui émerge ?

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P T I B E N


INTERVIEW . Grâce à internet, on voit qu’il y a beaucoup de groupes en France et qu’ils mélangent différents styles de musique, donc ça c’est plutôt cool. On a un large choix ! Le seul truc qui est dommage, c’est que la plupart des groupes chantent en anglais alors qu’on peut utiliser le français de bien des façons. Sur Toulouse il y a un paquet de groupe mais j’aurais du mal à parler de scène musicale. Il y a des groupes comme The Dodoz , BigFlo&Oli, Kid Wise, qui se sont démarqués, mais ils n’appartiennent pas vraiment à un mouvement en particulier.

P T I B E N

Y a-t-il une découverte particulièrement que tu nous conseilles ? Je me tiens toujours au courant de ce qui se passe musicalement, mais j’avoue que je ne suis pas du style à aller chercher au fin fond d’internet un groupe génial que personne ne connaît encore…D’autres le font mieux que moi ! Du coup, je passe par des canaux assez communs pour m’informer, ce qui fait que j’écoute ce qu’on me propose. Pour ce qui est de la musique anglophone, il y a Franck Ocean avec « Channel Orange » qui est un des meilleurs albums que j’ai entendu depuis longtemps, mais plus récemment j’ai beaucoup aimé l’univers de Mac Demarco. Ce gars a vraiment son propre son, et il se fout de correspondre au format actuel ! Pour les groupes français, je conseillerai Grand Blanc, car ils chantent en français sur une musique plutôt dark inspirée de la cold wave, et Salut C’est Cool, car c’est tout simplement des fous ! Cela va au-delà de musique avec eux, c’est entre l’absurde et le génie ! D'ailleurs, connais-tu les groupes « She owl » et « The Moonfingers » présents dans cette édition avec toi ? Non je ne les connais pas, mais je vais écouter ça ! As-tu d'autres projets pour la suite ? Pour ce qui est du court terme, je vais essayer de faire le plus de concerts possibles pour faire connaître mon univers au public. Pour ce qui est du long terme, je vais essayer de sortir mon premier album, ça me permettra, j’espère, de passer à une étape supérieure. Je suis toujours en train de composer, donc quand le moment sera venu, j’irai en studio pour enregistrer tout ça… Un dernier mot pour la fin : Merci à Amalgame Musical de s’intéresser à ma musique et mon univers ! C’est important qu’il y ait des personnes qui cherchent à écouter et faire connaître des nouveaux artistes. Merci aussi à ceux qui me soutiennent et viennent à mes concerts ! https://soundcloud.com/ptibenofficiel

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CHRONIQUES HUBRECHT – JUNA – KISSAMILE

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H U B R E C H T

Auteur-compositeur-interprète, Matthieu Hubrecht nous avait fait découvrir son univers musical avec un premier EP intitulé « Les gondoles bleues ». Une production qui alliait sensibilité, intensité et poésie. Il y a quelques mois de cela, l'artiste, s'inspirant aussi bien de la musique que de la littérature, présentait son nouvel opus 5 titres éponyme. Un EP qui mêle sonorités rock et électro accompagnées de textes en français bien écrits. La production s'ouvre sur le titre « Ma Dernière Camel ». Des sonorités plutôt pop-électroniques se font entendre. La voix a un côté un peu raillé, fumeux. On retrouve un soupçon de Gainbourg avec la fantaisie mélodique de Daho. Il y a d'ailleurs une belle mélodie rock qui arrive. Le tout est très sympa et assez rythmé.

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CHRONIQUE . « Lost Highway » se veut également électro mais plus rock aussi avec ce son comme saturé. Le titre est plus sombre, plus psychédélique. On retrouve cette voix raillée qui parle presque. Mathieu Hubrecht a toujours cette plume particulière, avec ces images et en même temps ces choses qu'on visualise. Ce titre est plutôt long (un peu plus de 5 minutes) mais l'artiste nous tient en haleine. Au contraire, « Sur la corniche » est un titre très court sur lequel on retrouve ce beat électro en plus d'un son de cordes plutôt grave. S'ajoutent d'autres sonorités et la voix ici parle clairement, elle slame presque même. Le rythme est marqué distinctement et donne tout sa dimension au titre. « L'incendiaire » propose des sonorités un peu plus ronflantes, plus sombres. On débarque sur un rock un peu frénétique, un peu électronique en même temps. C'est un titre plutôt triste, obscure aussi sur la désillusion semble t-il. Il faut dire que cette plume est toujours aussi juste et la mélodie la met parfaitement en valeur et le chant lui donne son intensité. Un titre qui se termine brutalement. L'EP se referme sur le titre « A la mémoire des infinis ». Dès le départ, il y a un effet bruit, de bruitages divers. Il y a de très bonnes sonorités rock une nouvelle fois, un bon rythme. Le texte est excellent, la voix plus chantante aussi. On retrouve cette impression de son presque saturé sur le fond et la voix qui prend le dessus. La fin est plus saccadée. Nous le disions déjà que Matthieu Hubrecht sait comment mettre en avant ses textes avec une mélodie à la hauteur de leur sensibilité et leur fragilité. Il nous avait habitués à un registre associant acoustique et électrique, l'artiste revient avec des sonorités électro-rock pour des titres dynamiques et puissants. Un opus à découvrir ! http://soundcloud.com/mhu77/sets/hubrecht-matthieu

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H U B R E C H T


J U N A

Juna, c’est l’histoire d’une reconversion musicale. Anciennement « Les Drops », les quatre musiciens, Marius, Emile, Louis et Théo, abordaient un style plus pop-rock. Aujourd’hui et depuis maintenant plus d’un an, le quatuor devenu quintet avec l’arrivée de Léo, explore de nouveaux horizons pour se construire une nouvelle identité musicale aux sonorités plus funk, electro, pop. Le 22 avril dernier, le groupe a sorti chez Believe Music son premier EP 5 titres. « Somewhere », est selon eux, un « EP groove/nu-disco/pop/funk qui annonce bien l’été » mais c’est aussi un opus issu d’une collaboration avec le dj et producteur Roman Kouder. Cette rencontre a permis à JUNA « d’explorer les limites entre live et production studio ». « Somewhere » est composé de 3 titres originaux et 2 remixes. Et autant vous dire qu’on a autant de plaisir à écouter cet EP, qu’à sentir le soleil réchauffer notre peau, après de longues journées moroses.

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CHRONIQUE . La production s’ouvre sur « Dangerous ». Ce titre est le gâteau sous la cerise et la cerise sur le gâteau. Il y a une ambiance bien particulière sur cette chanson qui nous entraîne immédiatement dans leur nouvel univers musical. Elle nous restera bien dans la tête par ses sonorités, son chant, ses paroles et ses variations fortes intéressantes. De quoi nous mettre de très bonne humeur. Un titre au potentiel de tube de l’été. Il a d’ailleurs séduit la marque Jules, qui en a fait la chanson de sa campagne publicitaire de 2015. Le deuxième titre « Step Back » ne nous déçoit pas et continue à nous faire danser par sa musique, qu’ils disent « marquée par la rencontre de kicks électroniques propres et puissants, de riffs de guitare souriants et de basses rebondies, le tout soutenu par une voix pop et profonde », on n’aurait pas dit mieux ! « Be Mine », le troisième et dernier titre original, nous emprisonne sur le dance floor et on se laisse imaginer à un bel été. C’est léger, coloré. Ils nous remettent un peu de chaleur dans nos oreilles, notre cœur et notre esprit avec leur disco / pop / funk moderne. Les deux remixes nous permettent de redécouvrir les chansons « Dangerous » et « Step Back » dans des versions plus électro. Le premier remix est proposé par DGTO. Et le second par Rémi Caumont, qui a su s’approprier le titre bien comme il faut, pour un remix très réussi. Résolument éléctro-pop/disco-funk et séduisant, l’EP de JUNA nous invite illico-presto sur les pistes de danse et ça même pour les moins dégourdis d’entre vous, et nous fait passer un agréable moment. Un EP à mettre dans vos playlist pour vos soirées d’été, vos matins difficiles et pour tous les jours. http://www.deezer.com/album/12733144 https://www.facebook.com/wearejuna/

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J U N A


K I S S I L E

Kissamilé, ce nom vous dit sûrement quelque chose. Nous avions déjà parlé du groupe, il y a quelques temps, à travers plusieurs articles (chroniques et interview). Les quatre musiciens nancéiens nous ont présenté leur nouvel opus « 1177 ». Connaissant le talent de Vincent (Voix, guitare), Clémentine (voix, claviers), Clément (basse) et Brice (batterie), c’est donc tout naturellement que nous avons accepté de leur accorder quelques lignes au sujet de ce dernier sorti en février 2016. Depuis septembre 2013, date de sa création, Kissamilé a bien grandi. Le groupe nous présente aujourd’hui une production aux notes aériennes et percutantes en expérimentant de nouvelles sonorités entre pop organique et hip hop électronique. L’EP s’ouvre sur une introduction d’environ trois minutes. Les musiciens posent les bases et nous ouvrent les portes de leur nouvel opus qu’on accueille, vous l’aurez sûrement compris, à bras ouverts, ou du moins à oreilles ouvertes. Ce titre, très fluide, réussit sans nul doute son pari de nous mettre l’eau à la bouche avec sa composition pop alternative.

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CHRONIQUE . Sur « Profit », le deuxième titre, on retrouve ce qui nous avait plu chez Kissamilé, leur univers exotique, soul, pop. Les musiciens mélangent toujours aussi bien les influences et ont pris de l’assurance et s’affirment de plus en plus. La mélodie évolue progressivement et les instruments se font plus rock tout comme la voix de Vincent. Un titre énergique donc, qui nous fait danser ! Le troisième titre « 1177 », nous délivre un duo de voix très appréciable, tout comme la mélodie pop/électro. L’interprétation est intéressante. On a les voix d’un côté, les instruments, la mélodie de l’autre. Le tout fusionne pour un rendu incroyablement efficace. Le titre nous porte, nous élève. C’est sublime, grandiose même ! Et Kissamilé nous prouve que la beauté se trouve dans la simplicité. Changement d’ambiance avec « R E W O P » qui commence par des notes hip hop electro. Le titre est plus catchy mais nous délivre de belles variations electro/pop qui ne nous laissent pas indifférents. C’est résolument moderne. On a là un art abstrait que le groupe prend plaisir à rendre concret. Notre écoute se poursuit avec « The Beast » . Le cinquième morceau nous livre une mélodie très douce au départ, elle est ensuite rejointe par quelques battements electro pop. Là encore les voix sont sublimées par la musique, et elles viennent elles-mêmes sublimer la musique. Ils jouent avec les styles, les variations, du calme au plus puissant, de la pop au rock en passant par le hip hop electro. Il y a un réel échange, une cohésion. Des caractéristiques qui ont toujours prédominé chez Kissamilé. Le groupe nous bouscule, il ne ménage pas nos oreilles, et c’est très bien comme ça ! « Like The Water », un morceau encore différent des précédents, nous le confirmera à nouveau. Il s’avère être plus électronique avec quelques reflets hip hop. Un titre tout aussi efficace. Quant à la dernière piste « Say », elle nous fera groover dans un premier temps avant d’envoyer un son plus brut, plus rock, très charismatique. Une fois n’est pas coutume, Kissamilé, s’illustrant parfaitement dans le mélange de styles, de genres, d’influences, et qui ne cesse de progresser au fil des années et des productions, nous séduit toujours autant. On leur souhaite donc une belle et longue carrière dans la musique, dans leur passion. Un EP et un groupe à découvrir ou à (re)découvrir : http://kissamile.bandcamp.com/

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K I S S A M I L E


INTERVIEWS SHE OWL – SIX

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S H E O W L De la folk sauvage et du rock tribal, venez avec nous découvrir l'étrange et bel univers de She Owl!

Bonjour She owl ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour ceux qui ne vous connaissent pas (encore)? Bonjour Amalgame, et enchanté. She Owl est composé de Jolanda Moletta et de Demian Endian, un duo homme/femme, passant le plus clair de son temps sur la route et sur la scène qu’à la maison. « She owl », c'est original comme nom. Pourquoi ce choix et quelle signification ? Les chouettes peuvent voir et entendre beaucoup mieux que la plupart des humains. Elles peuvent voler et chasser la nuit, savent se cacher et se montrer quant il le faut. Parfois nous pouvons avoir la chance de lever les yeux et d’en apercevoir une perchée sur un arbre. Elle est debout comme un masque rituel oublié par un esprit fou qui a perdu son chemin. Il y a quelque chose d’inhabituel et de bizarre dans le regard d’une chouette qui nous mène souvent à l’associer avec ces créatures anciennes du monde mythologique. Puis notre esprit se perd et l’on se dit « est-ce la réalité ou suis-je en train de rêver ? ». Trop de livres d’histoire ou de psychologie se focalisent sur ce que les hommes font ou pensent, laissant pour la plupart de côté les femmes

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INTERVIEW . dans l’ombre en leur donnant peu ou pas d’importance du tout. Juste ou pas juste, les femmes ont appris, elles doivent apprendre à se mouvoir dans l’obscurité, dans une société ou les hommes en ont dressé les frontières. Nous imaginons « She Owl » comme un guide pour nous, pour quiconque, homme ou femme, qui se trouve emprisonné derrière ces frontières dans lesquelles il ou elle est né et respire. Nous avons tous besoin d’aiguiser notre vue, notre ouïe et nos perspectives, surtout dans les heures sombres qui précèdent les éclaircies.

S H E O W L

Vous vous illustrez dans un registre « Tribal Folk, Savage Folk, Psych Folk », une jolie déclinaison de musique folk donc ? Qu'est-ce qui vous inspire ? Nous sommes inspirés par toutes les personnes ou expériences qui nous permettent de garder nos sens éveillés : les voyages, les rencontres avec différentes cultures ou traditions, les nouvelles perspectives... Nous ne recherchons pas la distraction mais le spectacle car nous aimons être impliqués dans ce que nous vivons. Par exemple à chaque fois que nous trouvons une chanson, nous commençons toujours sur des bases simples ou à partir de quelques mots afin d’avoir un sentiment primitif et de travailler dessus. A partir de cela, nous pouvons décider de la direction à suivre comme bon nous semble. Ce n’est pas juste de la folk ou de la pop ou même de la musique du monde mais un voyage vers nos origines. Notre premier album par exemple, se focalisait sur les contes de fées provenant du monde entier. Les contes de fées sont vus comme les premières formes primitives de la psychanalyse. Le deuxième album, quant à lui se focalise plus sur les sentiments ou les sensations que nous avons ou que nous pouvons avoir en commun avec les autres espèces. Donc de ce point de vue, tout peut être une source d’inspiration pour nous. Quelles sont vos influences musicales ? Nos deux albums, ‘She Owl’ et ‘Animal Eye’ ont été enregistrés à San Francisco, où nous avons rencontré des amis et de grands musiciens. En ce moment, nous écoutons beaucoup Piano Magic, Nina Simone, Tim Buckley et Jeff Buckley mais nous écoutons tous genres de musique : Dead Can Dance, My Brightest Diamond, Bat for Lashes, Mari Boine, Fabrizio de André, Amampondo, Electric Shepherd, Matt Hopper, Beethoven, Tchaikowsky, Erik Satie, The Cure, Peter Gabriel, Patti Smith, Roberta Cartisano, Barry Adamson, Jaggery, BLK JKS, Real Magic, Louis Jordan, Grant Lee Phillips, Juana Molina… Nos concerts sont profondément inspirés par Pina Bausch Tanztheater, et par les livres de Clarissa Pinkola Estes.

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En septembre 2015 vous avez publié un premier single « Animal Animal », annonciateur de l'album paru en « Animal Eye ». Parlez-nous un peu de sa composition. « Animal Animal » et « Animal Eye » parlent tous deux d’instinct, de respiration, de cœur qui bat et de toutes ces choses que nous avons en commun avec le monde animal. Même si les hommes existent en tant qu’être et possèdent une âme qui leur est propre, néanmoins l’expérience de ce monde est vécue au travers de l’animal et de ses sens : la vue, le goût, l’ouï… et de son cœur. Se soucier uniquement de l’homme signifie perdre les capacités de l’animal. Je dois apprivoiser ou suivre l’animal mais je ne peux pas le tuer ou lui survivre. Y a-t-il un titre qui vous tient particulièrement à cœur sur cet album ? Nanna, About the sea, Universe Avez-vous eu l'occasion de découvrir la scène émergente française ? Si oui, avez-vous un coup de cœur à nous faire partager ? Nous avons eu la chance de rencontrer Dalva, White Note, Heligoland, Sylvain Fesson à Paris ; Heart of Wolves et Guilhöm à Montpellier

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INTERVIEW . Connaissez-vous le groupe français « The Moonfingers » et l'artiste « Pti Ben » présents dans cette édition avec vous ? Malheureusement non, mais nous irons écouter ce groupe dès que nous aurons fini cette interview. Si vous aviez la possibilité de collaborer avec un artiste ou un groupe, connu ou émergent, ce serait ? Peter Gabriel, Brendan Perry, Natasha Kahn, pour la France Piers Faccini, et les personnes que nous n’avons pas encore eu la chance de rencontrer et qui souhaiteraient travailler avec nous et qui aiment notre musique.

S H E O W L

Avez-vous des projets à venir en plus de votre album ? Jolanda travaille actuellement avec une illustratrice française sur un livre de paroles et de contes de fées qu’elle a rédigé pour les deux albums. Elle souhaiterait le voir publier un jour. Demian a déjà terminé d’écrire son livre, et il a une centaine de chansons qu’il a écrit et qui n’attendent qu’à être jouées. Vous avez certainement une petite anecdote à partager avec nous pour terminer ? L’an dernier, Jolanda a eu la chance de travailler avec un groupe basé à Los Angeles et dont le batteur est Brad Wilk de Rage Against the Machine. Demian est venu sur L.A. . Ce fut la plus rapide et la plus efficace « école du rock » que nous n’avons jamais vécu. Notre façon de jouer et de travailler sur les percussions et les parties de batterie a terriblement été influencée par cette expérience. Et nous vous laissons le mot de la fin. Amour infini et courage éternel !

http://www.she-owl.com/

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S I X

Ils sont 3, il sont SIX, entretien avec ce drôle de trio pas comme les autres! Hello SIX, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Joe : On est trois apprentis druides sonores. On s'est connu à l'école du plaisir et on aime tout ce qui touche aux enfants et aux animaux. Nous avons une certaine mixité sociale dans le groupe car notre batteur est à moitié mexicain et notre guitariste n'a pas le sou. La précarité et l'isolement, ça rapproche ! Paul : Aramis il joue du violon, et même sacrément bien, mais il trouve que ça manque de burne alors il fait aussi de la batterie, parce que hurler comme un goret avec un violon sur scène, c’est pas très Charlie. Joe apparemment il était batteur dans le temps, mais j’ai mes doutes là-dessus, et puis il est beaucoup trop beau gosse pour être au fond de la scène, du coup on le fait chanter. Aramis : Et vu que Paul il défonce grave à la guitare, on a collé Joe à la basse, parce que la basse c’est facile.

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INTERVIEW . « On est 3, nous sommes SIX », éclairez-nous un peu quant au choix du nom ! Joe: Le nombre six est l'entier naturel suivant 5 et précèdent 7. Ce qui fait de notre musique une musique entière et naturelle.. Paul: Puis on sait que c’est le chiffre Sept qui a la plus grande puissance magique, mais avouez tout de même que Six ça glisse beaucoup mieux. Et puis SIX en chiffres romains ça s’écrit VI, qui, prononcé avec notre alphabet habituel sonne comme une affirmation, ce qui est donc très engageant. Joe: Et d'ailleurs notre nom, bah c'est juste SIX, et SIX par trois, deux. Deux pour le spectacle...

S I X

Comment s'est faite la rencontre des talents de SIX ? Joe: Paul et Aramis j'en sais foutrement rien mais moi, j'ai rencontré Paul vaguement dans le hall du conservatoire du IX ème, alors que je pensais encore que le jazz n'était pas une musique totalement morte, puis nous avons approfondie notre amitié sainement dans des bars sombres de la rue du faubourg Saint-Denis. Par la suite, il m'a forcé à devenir pote avec Aramis et ça m'emmerde parce que j'ai jamais trop pu saquer les chicanos. Aramis: Paul et Joe j'en sais foutrement rien mais moi, j'ai rencontré Paul vaguement dans le hall du lycée G.Brassens à Paris alors que je pensais encore que la danse classique n’était pas une danse totalement morte, puis nous avons approfondie notre amitié sainement dans des bars sombres de la rue du faubourg Saint-Denis. Par la suite, il m'a forcé à devenir pote avec Joe et ça m'emmerde parce que j'ai jamais trop pu saquer les hippies. Paul: Tinder. Un style rock progressif teinté de blues et de stoner, c'est comme ça qu'est définie votre musique alors dites-nous quelles sont vos influences musicales ? Paul: J’ai jamais trop su quoi répondre à cette question, en partie parce qu’il m’est impossible de me détacher de ce que j’ai écouté, de ce que j’ai vécu, de mes rencontres, de mes réflexions, et que toutes ces choses s’incarnent aléatoirement selon le moment et sans rapport nécessairement avec le « style » pratiqué. J’ai appris à nommer certains styles, mais c’est tellement étrange ce système de classification, et tellement anti-humain, je comprends l’attirance à vouloir le faire, c’est rassurant et ça permet de communiquer dans une certaine mesure mais c’est tellement réducteur, et au final dans une vraie discussion tu passes ton temps à re-définir tous ces termes, qui sont finalement assez vides de sens. Sinon Beatles, Stones, Zappa, Sniper, Michael Brecker, Iron & Wine, Tame Impala, James Blake, Owen Palett, Ravel, Gesualdo, Dave Fiuczynski, Bowie, Mederic Collignon, Brad Mehldau, Julian Lage, Pierre Vassiliu, Brassens, Brel, … enfin dans 5 minutes je vais penser à des dizaines d’autres noms .

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Aramis: Effectivement, ça devient de plus en plus difficile de mettre un terme aux différents styles. Pour nous, Ça reste une bonne base de rock, après, suivant les morceaux, on voyage. On va dire que notre influence, c’est un rock cosmique, qui englobe un tout. Vous mettez plutôt en avant un style décalé et de l'humour (notamment dans votre description facebook) ! Cela reflète t-il une certaine volonté de ne pas se prendre la tête ou de démystifier le côté trop sérieux de la musique ? Joe : On a monté ce groupe dans l'optique de se faire plaisir. Le côté décalé vient du fait qu'on a tous bossé sur des projets ultras arrangés dans le passé, tout propre, tout bien comme il faut avec la bonne chanteuse qui est à l'image du groupe, la bio qui va avec, tous les morceaux en mode radio edit etc... Des produits commerciaux en somme.. Ça s'est toujours cassé la gueule, et ceux qui continuent à penser un projet musical comme ça fonce droit dans le mur et au mieu vont passer en radio pendant 6 mois puis plus rien. FUCK OFF ! On s'est dit que y'en avait marre, que c'était vraiment terrible pour l'art musical et qu'on allait faire absolument tout ce qu'on voulait. Nous ça nous fait tripper d'envoyer du gros son et ça nous fait ultra marrer d'écrire des textes complètements absurdes qui appelle inconsciemment à la révolte et au retour à la vie naturelle. Paul : En fait y'a rien de plus sérieux que la déconne, pour paraphraser quelqu’un. On est là pour vivre des choses bruyantes et viscérales, et rigoler ça fait du bien. Et puis personnellement je pense qu’on peut vivre autrement en arrêtant de se prendre la tête pour des conneries, sans vivre sa vie à partir des angoisses de la société, des parents et de toutes les figures qui veulent te dire quoi faire. Après c’est une position qui a forcément des limites, mais je pense qu’on gagne à être heureux, et c’est plus facile d’être heureux quand on se prend pas trop le chou. Et puis ça n'empêche pas de bosser sérieusement sur le bordel.

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INTERVIEW . La phrase « l'alliance de trois camarades musiciens réunis pour jouer fort et bien. » résume t-elle finalement le plus ce que vous avez envie de faire ? Joe: Non. Mais c'est une preuve certaine de stupidité. Je veux dire, de vouloir jouer bien. Paul: Je sais pas si ça résume réellement, par contre je pense que ça en fait partie oui ! Aramis: On joue fort, mais c’est plus facile que de jouer bien ..

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Tout juste formé et déjà vous repartez à l'assaut de la scène parisienne avant même de sortir un EP. C'est ce que vous préférez dans l'aventure de la musique, la scène et pouvoir partager vos sonorités avec le public ? Aramis : Je dirais même plus que l’on ne repart pas, mais que l’on part tout court ! Joe : Bien sûr. C'est là que la musique prend vie. On aimerait jouer plus d'ailleurs. On aimerait surtout jouer ailleurs qu'à Paris mais pour l'instant, pas de plan. C'est toujours l'embrouille de jouer à Paris. Jamais payé, toujours des problèmes de bruit, les gens s'en tapent de ce que tu fais parce que du matin au soir ils sont submergés d'informations, d'images et de sons qui les abrutissent et ils ne sont même plus capables d'écouter un concert. Trop de monde, trop de bruits, pas d’espace... Paul : On a quand même sorti un EP de manière informelle sur Soundcloud au début de l’année, mais par contre je reste effectivement persuadé qu’un groupe ça se forge sur scène, et que tu peux faire toutes les conneries que tu veux en répète, ça sera jamais les même conneries qu’en live. D’où l’intérêt de jouer live le plus souvent possible. Justement, est-ce qu'un EP ou un album est en projet ? Paul : Oh que oui, on enregistre notre album en juillet en Bourgogne, d’ailleurs on a une page Kisskissbankbank pour ça si vous voulez nous donner plein d’oseille histoire qu’on finisse pas sur la paille ! Certains d'entre vous étaient déjà sur scène en 2010/2011, notamment les anciens du groupe Schnaps. Avez-vous constater une certaine évolution de la scène émergente ? Aramis: Je pense pas qu’il y ait une scène émergente. On nous fait croire qu’il y en a une, mais c’est bien fermé et très bien contrôlé.

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Joe : Personnellement, j'arpente les salles, les soirées, les clubs parisiens depuis 10 ans et bon... C'est pas mal toujours la même merde. Mais quand on tombe sur un truc bien, généralement ça défonce vraiment. Aussi, je ne pense pas qu'il y ait réellement une « scène émergente » à Paris, il se passe pas grand chose musicalement ici ... Vous qui faites pas mal de scène, auriez-vous quelques découvertes musicales à nous conseiller ? Paul : J’ai découvert un groupe qui s’appelle la Biche, il y a deux semaines, c’est vraiment chouette ! Sinon il y a le groupe Moritz qui à mon avis va pas tarder à faire très mal. French Connexion aussi c’est bien ! Sinon allez voir Portron-Portron-Lopez. Joe : Ma dernière découverte qui m'a vraiment fait kiffer autant pour la musique que pour les textes, que pour la meuf, c'est Maud Octallinn (https://www.youtube.com/watch?v=hcU4t9Sl92M) Sinon, j'ai vu Papier Tigre au petit bain, c'était pas mal ils sortent leur troisième album là.

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INTERVIEW . J'ai découvert aussi Suuns, les amateurs de noise connaissent tous, ils sont forts ces Québecois. Ils ont sorti deux albums mais c'est surtout le premier qui déboîte vraiment. (https://www.youtube.com/watch?v=oQgicu6G6n8) Aramis : Pour devenir fou (https://www.youtube.com/watch?v=fMWoaHQwokI). Pour faire la fête (https://www.youtube.com/watch?v=Q6lp9iI3UJs) Pour aimer les dessins d’animations (https://www.youtube.com/watch? v=bSdtvfBQd6c) Pour voyager (https://www.youtube.com/watch?v=PZCis9f4who)

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Et si vous aviez la possibilité de collaborer avec un artiste ou un groupe, connu ou émergent, son nom serait … ? Joe: Elle n'est pas connue mais justement j'aimerais bien avoir la voix et la vibe de Maud Octallinn sur un ou deux morceaux mais je la connais pas... Sinon un petit délire genre opéra psyché rock progressif/techno expérimental avec les potes berlinois Jim Cassady & Pablo, ça serait cool aussi. Aramis: Josh Homme de Queens of the Stone Age, il a un univers qui me parle énormément. J’aime beaucoup l’intensité qu’il peut mettre aussi bien dans ses morceaux calmes qu’agités. Paul : Je crois que ça me plairait pas mal que Florent Pagny vienne chanter « Ma liberté de penser » et qu’on l’accompagne avec Joe à la guitare, Aramis à la basse et Bibi à la batterie. Vous avez très certainement une petite anecdote à partager avec nous pour finir ? Joe: Ouais, on a des vies passionnantes tu sais. Une fois Aramis il a accéléré pendant un morceau c'était trop marrant ! Et puis après bah Joe il a oublié la ligne de basse et puis Paul après il a chanté un chœur super faux à fond dans le micro, c'était trop rigolo quoi. Aramis: Je suis ton père. Paul: En ce moment il fait tellement humide et moche que les escargots sont de sortie partout autour de ma maison du coup je dois faire le ninja pour pas en écraser et j’ai un peu l’impression d’être Catherine Zeta-Jones dans Haute Voltige. Et nous vous laissons le mot de la fin : Joe : Calculette Aramis : Oui Paul : Carbonara https://soundcloud.com/sixici

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CHRONIQUES LEITMOTIV – MARIE ADORE – MISS GEO

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L E I T M O T I V

Un rock nuancé, des mélodies saisissantes et des textes particulièrement ficelés … C’est ce que nous vous disions à propos du premier album du groupe bordelais Leitmotiv, en 2012. Leitmotiv nous avait prouvé que le rock français n’était pas mort. Les cinq musiciens, Pierre Estenaga (guitare / chant), Arthur Fretier (guitare / chœurs), Charly Bray (basse / chœurs), Julien Labille (batterie / chœurs) et Fabrice Thibon (clavier / chœurs), reviennent avec un nouvel EP sous le bras. « Faites vos jeux », composé de six titres, est sorti il y a quelques mois déjà et le style musical du groupe a quelque peu évolué.

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CHRONIQUE . On appuie sur « Play » et l’EP commence à jouer les premières notes de « Entre Ciel et Terre ». Les guitares s’imposent d’entrée de jeu et débouchent sur une mélodie entêtante, plutôt aérienne. Le style est plus pop rock que rock sur ce morceau. Le chant change lui aussi sur cette production. Plus en retenue, le chanteur explore plus qu’il n’exploite son potentiel et tente d’aller dans des tonalités plus aiguës. La voix est plus fragile. La composition est quant à elle riche dans son ensemble avec de belles variations et une partie instrumentale assez bluffante. Le titre suivant « Cours » est plus rock, plus caractériel. Le rythme est soutenu, le texte est très vrai. On regrette seulement que la voix ne soit pas aussi « punchy » que la mélodie et les instruments qui nous laisseront sans voix et finalement, nous marquerons le plus. On change d’ambiance avec « Rendez-vous ». Un troisième titre plus calme, avec une ballade pop/rock qui met le texte et la voix en valeur. Un titre plutôt efficace avec ses refrains légèrement plus vibrants. Malgré tout, le morceau reste léger et nous fait plus penser à un style « chanson française » plutôt que « rock français ». « Tout », le morceau suivant reste un peu sur la lignée. Leitmotiv perd son rock, qui leur va si bien, sur cet EP avec des moments beaucoup moins bruts, plus doux. Mais pour notre plus grand bonheur, les musiciens reviennent aux sources avec « Dolorosa ». Un rock puissant, sans retenue, avec des passages plus harmonieux… on revient au rock nuancé qu’on aime tant chez ce groupe. Un titre plus fou, moins sage, qui nous bouscule et qui nous prend, voilà ce qui nous manquait jusque-là. L’écoute aurait pu s’arrêter là mais le titre « Faites vos jeux » vient fermer cette production avec une nouvelle ballade, qui monte parfois en intensité, et qui délivre des notes plus aériennes. Encore une fois, c’est la mélodie que nous retiendrons sur ce titre. Indiscutablement, Leitmotiv s’est assagi, et nous a un peu perdus sur cet EP, qui soyons francs, était limite ennuyeux mais pourtant pas inintéressant au niveau de ses compositions. Un EP qui nous laisse un peu partagé mais que nous vous conseillons quand même, parce que les goûts et les couleurs ne se discutent pas et que nous restons convaincues par le talent de ces artistes. http://www.deezer.com/album/11282656

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L E I T M O T I V


M A R I E A D O R E

Mârie Adôre aime l'écriture, « l'art de la voix », et la musique. C'est donc tout naturellement que la jeune femme devint auteure compositrice interprète et qu'elle se lança dans la conception de son premier EP « L'été n'existe plus », à paraître en septembre 2016. Mais Mârie Adôre n'est pas partie à l'aventure seule; cette première production compte de nombreuses collaborations avec des artistes confirmés des scènes électro-pop et hip-hop tels que le groupe The Aikiu, James Delleck et Million Kopek, avec le soutien de son éditeur, Sony Atv. C'est en avant-première et à travers les six titres qui composent cet EP, que nous avons eu la chance de découvrir l'univers de Mârie Adôre qui aime jouer avec les mots sur une pop française rétro-moderne et pourtant si intemporelle… Dès les premières notes de « L'été n'existe plus » , on se retrouve plongés dans cet univers fait de cuivres et de guitares.

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CHRONIQUE . Une mélodie classique démarre avant de se transformer finement en quelques notes plus modernes. On (re)découvre la voix de Mârie Adôre. Cette voix grave, si mystique, un mélange de blues, jazz, soul, qui nous offre de belles envolées mais qui sait aussi se faire tout aussi belle dans des tonalités plus basses. L'ensemble est charismatique et dégage une certaine maturité. On retrouvera également ce côté classique que l'artiste aime combiner avec la modernité sur « Et toi ». La composition est assez sobre mais incroyablement séduisante. Les cuivres donnent le ton sur ce morceau. La voix est sublime, vibrante et percutante naturellement. Elle fait de sa voix un instrument à part entière. On retrouve la grâce et l'élégance chez cette artiste inspirée des sixtiesseventies. Et pourtant, serait-ce « La Mauvaise Fille » qu'elle incarne dans son troisième titre ? Et quand bien même ! Mârie Adôre nous montre tout son talent à travers ce titre plus lancinant, nostalgique où chœurs, guitares et autres instruments viennent souligner le texte, en français, qui résonne dans notre tête grâce à sa voix,encore une fois. C'est harmonieux, saisissant. « L'artiste aime raconter des histoires, nos histoires […] Les chansons de Mârie parlent toujours des gens, témoignant de leurs forces, de leurs faiblesses, maladresses et égratignures. Elle y parle d’amour comme de désamour, de désir comme de rejet, d'hommes comme de femmes, finalement d’elle comme des autres. » Le quatrième titre de l'EP « Les Sirènes » nous plonge dans une ambiance particulière. Il y a une certaine langueur sur cette piste, avec une atmosphère assez nébuleuse. Le chant de Mârie ressemble à celui des sirènes et nous enivre, nous hypnotise. Nous pouvons découvrir une nouvelle facette de sa voix, plus en retenue à certains moments, et un duo assez inédit puisque nous pouvons entendre une voix masculine. Nous sommes, une fois de plus, conquis par son (id)entité musicale. Changement d'ambiance avec « Les Garçons », un titre que vous pouvez dès à présent découvrir à travers un clip vidéo (ici), pensé et réalisé par Mârie Adôre. Plus pop rock avec les effets de réverbération produite par la guitare électrique. Le morceau nous délivre également une belle partie instrumentale où guitares et cuivres se répondent avec une grande intensité. Le travail est très réussi là encore. L'écoute se finira sur « Un dernier baiser » et c'est au galop que nous découvrons cette dernière chanson à l'atmosphère toujours aussi belle et aux allures cinématographiques. Allures que nous avons pu retrouver tout au long de l'opus finalement. Et bien quel univers ! Les mots ne sauraient suffire pour décrire cette artiste talentueuse à la voix aussi singulière, au style chic rétro-futuriste si particulier. C'est pourquoi, nous vous invitons à suivre son actualité et à venir vous aussi découvrir son EP « L'été n'existe plus » en septembre. Restez bien attentifs car il serait fort dommage de passer à côté d'une production comme celle-ci ! http://www.marieadore.com/

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M A R I E A D O R E


M I S S G E O

Miss Geo est un duo américain de pop électronique indépendant composé d’Abby (chant et guitare) et Paz (synthétiseurs, chœurs). Comme tous les groupes, du moins une majorité, c’est d’une rencontre qu’est né le projet. Très vite remarqué, le duo à « l’atmosphère dance/grungy » distille une pop éléctro assez unique. Un son qui vient probablement de leurs influences et de leurs origines différentes. En effet, Paz qui est originaire de Paris, aime la scène club, les rythmes et les arrangements électroniques plus « euro darkwave ». Abby vient quant à elle de Newport (Rhode Island). Elle apporte un côté lyrique au chant et une musique plus fuzz. Aujourd’hui, on vous présente leur dernier EP 4 titres « Shades » sorti en 2015.

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CHRONIQUE . Miss Geo expérimente les coins et les recoins de la pop électro sur cet EP. « Mouse on the Moon », le premier titre nous offre de nombreuses variations. La voix se prête bien au style. Le son est assez sobre dans l’ensemble et ne tombe pas dans l’excès de l’électro pure et dure avec une tendance assez pop finalement. Le deuxième morceau « Indifference » nous réserve un beau duo anglais/français. Désinvolte, légère, la composition est assez singulière dans l’ensemble. Encore une fois, les filles nous font découvrir de nombreuses variations pop électroniques avec des notes soit aériennes, soit saturées, et quelques bruitages. Il y a énormément de choses à entendre mais l’ensemble reste assez cohérent, et maîtrisé. On continue notre écoute avec « Find the way », toujours aussi pop électro nous ramène à l’époque des dance-floor, avec paradoxalement, une certaine modernité. L’ambiance est assez onirique. En effet, comme un rêve, leur musique produit, sur nous, un ensemble de phénomènes psychiques et nous plonge dans un monde parallèle. Le titre est par ailleurs assez planant et bien porté par la voix. Il est très réussi. « Dancing in the dark » vient clôturer l’EP. Il impose un rythme dansant dès les premières secondes avec un tempo assez saccadé dans un premier temps, et tout au long de la chanson. Parfois, il devient plus fluide, et nous fait voguer sur la mélodie, paisiblement. Là encore, on apprécie les quelques mots en français qui donnent un plus à l’ensemble. C’est donc un opus très prometteur que les deux acolytes de Miss Geo nous ont fait découvrir. En décembre 2015, elles ont été rejointes par Alex, qui apportera sa contribution en tant que bassiste et le trio 100% féminin est actuellement entrain de préparer un album. Pour vous faire patienter, vous pouvez dès à présent retrouver leur dernier single, qui saura certainement vous faire danser, « Miles from Home ». Un nouveau titre aux sonorités plus affirmées et électroniques. http://www.missgeomusic.com

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M I S S G E O


INTERVIEWS SOPHREN – TALITRES – TISIPHONE

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S O P H R E N

Parce qu'il est déjà grand et talentueux, Sophren répond à toutes nos questions et nous parle de ce qui l'inspire ainsi que de son EP. Salut Sophren, merci de nous accorder cette interview ! Peux-tu pour commencer te présenter en quelques mots ? Merci à vous. Me présenter en quelques mots ... Je ne suis pas grand chose comme nous tous d’ailleurs. Je n’ai jamais aimé les présentations. Peut être que ma névrose de l’identité m’empêche de me prêter à ce conformisme gênant. D'où t'es venu cette envie de faire de la musique ? Je ne me suis pas levé un matin en ayant la fameuse révélation. Non je n’ai pas vu la vierge. Je crois que c’est venu progressivement avec mon passé, mon éducation, mon caractère et mes déceptions dans certains autres domaines.

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INTERVIEW . Tu définis ton univers musical comme oscillant entre le jazz, le blues et le rock. Mais dis nous alors quelles sont tes influences musicales ? Le jazz, le blues et le rock ... ! Non hors blagues, toutes. J’absorbe tout. Autant le hip hop que la techno en passant par le classique. Je ne me refuse à aucun style mise à part la musique commerciale et encore ... il y a parfois des choses intéressantes dans le mix.

S O P H R E N

Dans ta biographie, tu parles d'apprendre la guitare pour rigoler, puis de ta passion pour l'improvisation. Est ce que c'est ça finalement la musique pour toi, du bonheur et du plaisir ? Non pas vraiment. Je crois que l’on peut passer par toutes les émotions dans une carrière musicale – même si la mienne est encore incomplète et relativement courte. C’est finalement assez destructeur de créer, je parle surtout de l’exploitation des sentiments. Rajoutons à cela la solitude et le néant de certains moments et l’on peut vite voir venir ces spirales sombres et lugubres ... On y apprend également que tu fais beaucoup de choses comme la composition de tes morceaux mais aussi la production, le mixage ou encore tes propres photos. Est ce qu'on ne serait pas jamais mieux servi que par soi-même ? Oui et non. Oui dans la création des morceaux : composition, écriture et arrangements, en tout cas pour ma part. Non en ce qui concerne le mixage, et même si je suis compétent en la matière, je pense qu’il est plus intéressant de le confier à quelqu’un qui aura un recul, une perception différente. Les moyens m’ont manqué pour faire autrement. En ce qui concerne les photos, je délègue ça à mon ami Etienne Dutour. En décembre tu sortais ton premier EP 5 titres intitulé « Quand je serai grand ». Parle nous un peu de sa composition et de sa réalisation. J’ai mis 5 ans à finaliser un EP de 5 titres. Je crois que cette phrase en dit assez long. « Quand je serai grand » c'est un clin d’œil à ton papa qui t'a appris beaucoup de choses finalement ? Oui mais je ne m’étendrais pas sur ce terrain qui reste assez personnel.

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S O P H R E N

Y a-t-il un titre qui te tient particulièrement à cœur sur cette production ? Non, ils me sont tous très chers. Si tu avais l'opportunité de collaborer avec un artiste/groupe connu ou de la scène émergente ce serait ? Jazzy Bazz. J’adorerais produire un album de Hip Hop.

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INTERVIEW . Connais-tu les artistes Loïc Desplanques et Mathis qui sont présents tout comme toi dans cette édition ? Négatif, désolé. Mais je vais aller y jeter une oreille du coup ! As-tu des projets à venir ? La scène très prochainement avec d’autres titres en complément.

S O P H R E N

Une petite anecdote à partager avec nous peut-être avant de se quitter ? Pour mon anniversaire, mes amis m’ont pressé mon premier EP sur vinyle. Et nous te laissons le mot de la fin: Esta bien ! (Loco Motif)

http://www.sophren-music.com/

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T A L I T R E S

Label rock indie de Bordeaux, Talitres souffle cette année ses 15 bougies. Une bonne occasion pour en savoir plus sur sa création et ses projets! Bonjour l'équipe de Talitres ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Qui est à l'origine du projet ? Nous sommes une petite équipe avec la nécessité pour chacun d’avoir des dons d’ubiquités. Edouard Massonnat gère une partie de la promo, communication, graphisme, etc…, Myriam Philip (emploi mutualisé avec deux autres structures voisines et amies Vicious Circle & Platinum Records) gère une grosse partie de l’administratif et de la comptabilité, et moi-même (Sean Bouchard) fondateur du label, directeur artistique, en charge également d’une partie de la promo et du développement de la structure à l’export ou vers la multi-activité (entrepreneur de spectacles, éditeur musical). Il va s’en dire que nos activités respectives sont diverses et transversales. Une petite équipe nécessite que chacun puisse s’adapter, de remettre en cause, se contorsionner parfois. Des ressources humaines limitées peuvent constituer un frein, mais elles permettent aussi une plus grande souplesse, une plus grande réactivité.

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INTERVIEW . T A L I T R E S

Qu'est-ce qui vous a donné envie de lancer le label et quel était l'objectif de sa création ? Le label a été créé sur un coup de tête avec l’envie première de défendre des artistes que l’on aime, que l’on écoutait directement ou indirectement depuis de nombreuses années. Je n’étais absolument pas issu du sérail de l’industrie musicale (j’ai une formation d’ingénieur agronome et ai exercé notamment à l’étranger – Vietnam, Maroc – avant de fonder Talitres), j’ai donc appris sur l’instant, grâce à des rencontres, des lectures, des recherches. Une envie et une ambition folle à mes début, ces deux dispositions perdurent même, si parfois, comme pour toute entreprise, elle s’émoussent ponctuellement. Ciblez-vous un style de musique en particulier ? Comment se fait le choix des artistes produits par le label ? « Cibler » un style de musique ne fait pas réellement partie de notre philosophie. Nous n’éditons pas un disque car nous pensons qu’il contient un single potentiel, nous ne défendons pas un artiste car il nous semble qu’il peut permettre des revenus éditoriaux et en synchronisation. La démarche est à la fois très simple et très complexe : défendre un projet qui nous porte et nous soulève, que nous avons terriblement envie d’accompagner, de voir grandir. Comme tout travail, diriger un label indépendant peut avoir un côté rébarbatif : enfiler les sorties comme des perles. Exercice qui, même s’il reste terriblement jouissif et stimulant, peut vite devenir répétitif (voire lassant) si l’on ne change pas d’angle de vue, d’objectif. Il faut aborder les projets plus globalement, diriger un label indépendant c’est constituer une marque, dégager une certaine image, raconter une histoire constituée de différents chapitres. Sur votre site on peut lire : « Au fil des années, des découvertes et des signatures, une seule exigence : défendre les artistes qui parlent à nos oreilles et qui secouent notre cœur ». Est-ce que cette phrase seule peut résumer l'esprit, la philosophie de Talitres ? L’exigence, au sens plus large du terme, oui je l’espère et certainement : exigence artistique, exigence d’image, d’envie, etc…même si ladite exigence est parfois difficile à tenir. Pour l’autre versant, bien évidemment je pense que le salut de labels indépendants tels que Talitres passe dans un premier temps par une ligne artistique cohérente et forte, par le fait que nous signons des artistes car nous souhaitons ardemment accompagner leur projet. Il y a bien évidemment des données économiques, des budgets réalisés, cela serait une hérésie de ne pas en faire, mais la direction artistique prime, elle ouvre des portes, facilite les démarches ultérieures, ….et tout cela est hautement subjectif.

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T A L I T R E S

Nous avons pu constater qu'il y a déjà une belle sélection d'artistes à l'univers pop et folk sur votre site. Il y a t-il un coup de cœur évident pour vous parmi eux ? Il m’est difficile d’extraire un artiste du catalogue, chaque album constitue une pierre de l’édifice, un édifice que l’on espère le plus cohérent et solide possible. Extraire un album (ou un artiste) reviendrait à fragiliser les fondations, à remettre en cause la cohérence globale de notre travail. La playlist musicale idéale de Talitres, quel(le)(s) artistes y figureraient ? Eric Satie, Debussy, Ravel, Jacques Brel, Léo Ferré, Boris Vian, les Smiths, Joy Division, Red House Painters, Swell, Bill Callahan, Mark Kozelek, Pavement, Tindersticks, Hood, Luna, The Sugargliders, Rivulets et bien d’autres encore. En dehors des artistes soutenus par le label, quelles sont vos belles découvertes musicales en cette année 2016 ? Toujours et encore des artistes qui nous bouleversent depuis des décennies, ce sont eux les découvertes perpétuelles actuelles.

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INTERVIEW . T A L I T R E S

Le label a t-il des projets pour les mois à venir ? Talitres fête ses 15 ans cette année. Dans le contexte actuel de l’industrie musicale (une crise profonde et durable, une industrie en perpétuelle mutation, des modèles économiques encore flous), il nous paraissait essentiel de célébrer cet anniversaire, de mettre en exergue le travail accompli, de réunir en quelques lieux certains de nos artistes emblématiques, de présenter enfin notre philosophie, notre volonté de faire se croiser les champs artistiques. Ainsi l’automne sera marqué par plusieurs soirées à Paris et Bordeaux (détails cidessous), par des rencontres et conférences dans divers lieux à Bordeaux (librairies, galeries), par l’édition, je l’espère, d’un livre qui pourra retracer via quelques témoignages, écrits, photos…l’historique du label. 15 ans Talitres : PARIS/La Maroquinerie 09/11: MOTORAMA + Emily Jane White 10/11: MOTORAMA + Flotation Toy Warning + Will Samson BORDEAUX / Le Rocher Palmer 11/11: Frànçois & The Atlas Mountains / Stranded Horse / Will Samson 12/11: Motorama, Emily Jane White, Flotation Toy Warning Pour le reste, un nouvel album de Motorama est attendu pour l’automne, de nouvelles signatures se profilent, et diable ! en 2017 les nouveaux opus de Flotation Toy Warning ou Idaho. Que peut-on vous souhaiter pour la suite ? D’être toujours là dans 15 ans. Et nous vous laissons le mot de la fin : Merci à ceux qui nous suivent et nous soutiennent. http://www.talitres.com/

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T I S I P H O N E

Rock tribal et hypnotique, laissez-vous envoûter par les sonorités de Tisiphone le temps d'une interview! Salut Tisiphone ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ? Salut ! Tisiphone est un trio « rock » lyonnais, composé de Clara au chant et percussions, Léonard à la guitare, synthétiseur, charley et chant et Suzanne à la basse, percussion, synthétiseur et chant, on est accompagnés par Fred au son, Kamille à la lumière et scénographie et Marine à la production. On a fait notre premier concert au Sonic en novembre 2015 après une année passée à composer dans un grenier. Ce nom « Tisiphone » ça a une signification particulière ? Tisiphone est une Erynie, une des trois furies de la mythologie grecque, craintes des humains et détestées des dieux. Tisiphone symbolise la vengeance. C'est aussi le nom d'un papillon et d'une astéroïde.

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INTERVIEW . T I S I P H O N E

Racontez-nous un peu la rencontre et la formation du groupe. Léonard et Suzanne se sont rencontrés il y a une dizaine d'années au conservatoire de Lyon en faisant leurs études de violon, Léonard a ensuite rencontré Clara en école de théâtre. C'est pendant un hiver où on regardait Twin Peaks, la série de David Lynch, et où on écoutait les premiers albums de The Cure qu'on s'est dit « et si on faisait un groupe de coldwave ?». On avait justement une batterie dans une chambre, personne ne savait en jouer mais on n'avait pas envie de chercher quelqu'un pour jouer avec nous, alors on en a tous pris une partie, Clara a ramené des texte pour chanter, pris un tom et la caisse claire, Léonard la guitare et la charley et Suzanne la basse et la grosse caisse. On s'est enfermé une soirée dans le noir avec quelques bougies et on a écrit le titre Black Velvet, qui n'a pas changé depuis. A un concert au Toï Toï à Lyon en mai 2015, on a rencontré Fred Auzias, qui nous a proposé de travailler notre son et de nous suivre, il s'est entouré de deux amis pour le remplacer quand il ne peut pas être là, Etienne et JM (qui a mixé le LP). Et, c'est à nouveau au Toï Toï, en novembre, qu'on a fait une résidence pour travailler la lumière et la scénographie avec Kamille Fau. Les mots « tribal rock hypnotique » sont ceux qui reviennent souvent pour définir votre univers musical. Alors dites-nous c'est quoi le tribal rock ? C'est difficile de classer notre musique dans un genre, c'est souvent trop large ou trop précis. On s'était dit « coldwave » mais c'était plus pour ce que nous racontait ce terme que le style musical. On n'avait pas envie de se cantonner à un genre. On a une formation et une énergie rock. Le terme tribal vient de notre utilisation de la batterie, qu'on utilise comme des percussions, des tambours mais aussi de la recherche d'une sorte de transe dans nos morceaux. On essaye de transmettre une énergie brute, viscérale, un peu sauvage. Et quelles sont vos influences musicales ? On a tous des influences musicales différentes. On a déjà cité les trois premiers albums de The Cure, on peut dire Malaria, Coil, Radiohead, Angelo Badalamenti, Prokofiev, et bien d'autres... On a même des influences qu'on ne connaît pas : après les concerts, les gens nous comparent souvent à des groupes qui nous sont totalement inconnus. En janvier vous avez sorti votre premier LP 8 titres. Parlez-nous un peu de sa composition, sa réalisation, son enregistrement. On a composé cet album à trois, à partir d'improvisations, parfois en un seul jet, comme Black Velvet, parfois remaniées plusieurs fois comme Looking down qui est très différente de la version qu'on avait enregistrée sur la première maquette. On s'inspire de ce que les textes que ramène Clara nous évoquent. On « boeuf » sur un sentiment, un état, un rêve puis on fixe certaines choses et les morceaux se construisent petit à petit. On a enregistré avec Ludovic Dupont à DLM Studio en Haute Loire. On a fait mixer l'album par Jean-Marie Salque, et masteriser par Frédérique Finand d'Oreilles délicates (tous deux amis de Fred, notre sondier).

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T I S I P H O N E

La pochette a été réalisée par Johanny Melloul, - batteur de Tombouctou entre autres - et magnifique dessinateur. Il l'a réalisée sans indication de notre part, juste en écoutant les morceaux, et ce qu'il a fait correspond exactement à ce dont on avait envie pour cet album. Suite à un concert à Lyon, on a rencontré Fabrice du groupe Rank, qui nous a proposé de rejoindre le label qu'ils étaient en train de monter, Automate Records. Y a-t-il un titre qui vous tient particulièrement à cœur sur ce LP ? Pas spécialement, selon l'énergie et les humeurs une chanson va être plus proche de notre état, mais elles ont toutes été notre préférée à un moment .

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INTERVIEW . T I S I P H O N E

Vous faites également beaucoup de scènes alors racontez-nous un peu cette expérience ? On s'est confronté à toutes sortes d'ambiances : festival à 15h, apéro familial à 19h, bar concert à minuit, squat à 5h du matin. Le public est toujours différent, aussi selon les villes, et les pays: certains dansent, certains « trippent », certains écoutent... Pour nous c'est à chaque fois nouveau, notre musique évolue au fur et à mesure des concerts et en fonction aussi des co-plateaux. C'est très agréable de découvrir des groupes en partageant la scène avec eux, on fait de très belles rencontres dans tous les styles musicaux. Vous avez certainement dû y rencontrer quelques artistes ! Une découverte en particulier à nous conseiller ? Pour n'en citer que trois : Tombouctou, Peine Perdue et Algiers. Et si demain on vous disait que avez la possibilité de collaborer avec un groupe ou un artiste tout genre confondu, son nom serait …. ? David Lynch , Patti Smith, Automat, Gérard Manset … Avez-vous d'autres projets à venir ? Le 29 juillet, on joue au festival de l'Abeille Beugle à Vaunières (05). Ensuite on va se concentrer sur la composition d'un nouveau set, on aimerait sortir un nouvel EP/LP à l'automne, et on essaie d'organiser une tournée européenne pour novembre. Et vous avez bien une petite anecdote à partager avec nous pour finir ? Il y en a une qui nous a bien fait grandir : on a remplacé Menschband (avec qui on a eu le plaisir de partager la scène au Portugal en mai) en première partie de Jeanne Added à l'Epicerie Moderne à Feyzin en mars, c'était notre plus grosse scène, le concert était affiché complet depuis un moment, on était bien chauds, et à la fin du premier morceau la sangle de la guitare de Léonard a lâché, sa guitare est tombée, s'est cassée. On a cru que le concert devrait s'arrêter là, heureusement Cedric le régisseur son de l'Epicerie avait justement une guitare électrique dans son bureau et on a pu continuer entre l'effroi, le soulagement et le plaisir... Et nous vous laissons le mot de la fin tout en vous remerciant d'avoir répondu à nos questions : Vertu et charité.

http://www.tisiphone-faces.com/

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CHRONIQUES NUITS BLONDES – PET TRAP – STATION ECHO – SUMMER

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N U I T S B L O N D E S

Influencé par des groupes tels que Noir Désir et Feu! Chatterton ou encore des artistes comme Bashung, Nuits Blondes va puiser sa force dans le rock français et les chansons à texte. Originaire de Paris et Chartres, le groupe est composé de François Le Guen (guitare, chœurs), Hubert Caldaguès (chant/guitare), Léo Horlier (batterie), et Nathan Emery (basse). Les quatre jeunes musiciens ont sorti leur premier EP éponyme début 2016, peu de temps après la naissance de ce projet.

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CHRONIQUE . « Nuits Blondes » démarre par une mélodie grave. Le chant est sobre, juste, tout aussi grave. Le texte en français, à fleur de peau, est porté par le roulis des guitares et de la batterie. L’émotion se transmet petit à petit. Le groupe accélère le rythme de la chanson, mais également le rythme cardiaque. Et on retrouve un rock puissant, légèrement brumeux, avec des notes parfois scintillantes et plus pop/rock. C’est un rock alternatif que nous retrouverons sur les chansons suivantes et notamment « Hallucinés ». Le deuxième titre de cet EP nous offre, une nouvelle fois, un texte profond, et ce chant presque parlé, qui adapte son intonation au fil des secondes, enlève toute monotonie. Cependant, la mélodie peut parfois se faire lisse, et manque un peu de folie dans la plupart des variations, notamment dans les parties instrumentales, ce qui a le défaut de ne pas faire passer les émotions que la voix peut faire passer à certains moments. On change de décor avec les deux derniers titres. « Les cendres » qui arrive en troisième position dans notre écoute délivre une ambiance assez particulière, presque anxiogène. C’est lancinant, poignant, sensible, comme si leur musique avait une âme. Les jeux d’instruments sont d’ailleurs très intéressants, notamment les guitares mises en avant dans ce titre. Les musiciens ne trichent pas, c’est pur, soft, agréable et appréciable. « Au rythme des pavés » continue dans ce sens. Là encore les instruments et la voix s’accordent parfaitement. Le groupe boucle cette production avec une partie au piano. Quelques secondes qui nous promettent, on l’espère, un second EP voire même un album. Une seconde production qui pourrait donner suite à ce premier EP, taillé dans le vif, déjà très réussi et qui nous permettrait d’en découvrir un peu plus sur ce groupe au talent déjà bien affirmé.

http://nuitsblondes.bandcamp.com/releases

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N U I T S B L O N D E S


P E T T R A P

Originaire de Paris, Pet Trap marque la rencontre de deux musiciens et ingénieurs du son. Avec des sonorités influencées par le rock et la pop, le duo teinte ses mélodies d'une touche électronique. En septembre 2015, Pet Trap sortait son troisième EP intitulé « End of the Evening ». Une jolie production de 4 titres dans lequel le duo exploite et explore tout son talent et ses possibilités mélodiques.

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CHRONIQUE . L'opus s'ouvre avec le titre qui lui donne son nom. « End of the evening » est marqué très pop électro au départ, avec ce bruitage strident, un peu saturé. Il y a un bon beat, quelque touche pop par ci par là. On retrouve aussi des sonorités rock. C'est assez dansant avec ce rythme entêtant. C'est un titre très long, bien travaillé, les parties instrumentales sont minutieuses et l'assemblage des sonorités est assez spectaculaire. On y retrouve toutes les bonnes influences musicales du groupe (The Kills, MGMT ou encore Depech Mode). « In a room » est également très riche. On entend beaucoup de choses dès le début, un effet de foule, des touches pop lumineuses. Puis un son rock indie s'invite. Le rythme est entraînant et entêtant une fois encore. Le duo de voix colle parfaitement à l'ambiance du titre. Il y a des parties plus frénétiques, d'autres plus pop pétantes. C'est rafraîchissant et ça donne envie de bouger. L'écoute se poursuit avec « Walk away ». Le titre se veut dans un premier temps plus rock même si on garde ces effets électroniques. Les choses à entendre ne manquent pas, le rythme varie entre nonchalance et passages plus saccadés bien que lents. Il y a de jolis effets un peu hypnotiques voire cosmiques. C'est assez léger et aérien, une belle dimension pour un joli titre. Enfin, et parce que c'est l'été, l'EP se referme sur le titre « Where the sun shines » où le rythme est très marqué par la pop électro. Il y a un coté assez répétitif sur certaines notes mais ça apporte une belle ambiance au titre. Il y a une très forte empreinte de l'influence Depech Mode sur ce titre, mais Pet Trap sait comment déposer sa signature. C'est un joli morceau, assez lumineux et dansant. Le duo parisien propose donc un très bel opus avec des morceaux minutieux et travaillés où diverses influences musicales se rencontrent. Entre musique électronique, pop et rock, les sonorités ne manquent pas sur cet EP qui ne manquera pas de vous faire danser. Une très belle production à découvrir ! http://pettrap.bandcamp.com/album/end-of-the-evening

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P E T T R A P


S T A T I O N E C H O

Formé à Lyon en 2013, le groupe Station Echo mélange sonorités électroniques et pop-rock anglo-saxon. Ce trio composé de membres aux influences bien différentes nous présentait en 2014 un premier album intitulé « Control Voltage ». Écrites et composées par le groupe, les 11 chansons de cet album délivrent un univers musical envoûtant, parfois hypnotique, où se rencontrent sonorités électroniques et électriques. Une production qui « fait référence aux limites de l’humain à percevoir son point de rupture intérieur ». L'opus s'ouvre sur le titre « Say You're Sorry ». Les premières sonorités sont un peu cosmiques avec pas mal d'effets synthétiques. La mélodie est plutôt électronique, assez entraînante. Il y a beaucoup de choses à entendre. La voix masculine est assez agréable à entendre, elle est assez rétro. Elle est soutenue par moment par des chœurs ce qui apporte une belle dimension à ce titre très rythmé. Il y a des passages un peu plus rock avec un son comme saturé. « Spasmodic Lies » le second titre change du précédent dans le sens où le ʺbeatʺ semble être emprunté au rap/hip-hop, ce qui change de l'électro. L'instrument à vent qui se fait entendre est assez inattendu mais très agréable à entendre (saxo ou trompette) et apporte une belle dimension au titre, un peu sensuelle. On reste finalement sur un esprit un peu électro-rock, toujours avec ce côté un peu cosmique, aérien, hypnotique. Un esprit qu'on retrouvera sur le titre suivant « You're Wrong » avec toujours la présence de ces bruitages un peu interstellaires se mêlant à un fond très rock. Le rendu est très bon, avec cette voix qui joue allégrement avec la mélodie. « Eyes Up (Heart Strong) » proposera également ce mélange de rock, hip-hop, électro. Par moment des percussions viennent comme saccader la mélodie, la couper, la foudroyer. Les voix qui chantent ensemble sans être vraiment en chœur apportent quelque chose de sympa au titre. Il y a des bons sons électriques aussi qui se laissent entendre.

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CHRONIQUE . L'arrivée de la mélodie se fait progressivement sur « Loneliness ». Les voix sont douces, délicates. Des petits bruits synthétiques différents les accompagnent par intermittence. C'est très particulier comme ambiance, triste et pesant, mais se dégagent aussi une beauté et une sensibilité. Un titre long encore une fois, très travaillé et plein de surprises auditives. À l'opposé, « Guilty » est très rythmé dès le début, on a envie de danser avec des sonorités un peu pop, un peu électro. C'est entraînant, la voix a ce petit quelque chose. On retrouve également par la suite un son rock agrémenté d'effets électro. Un titre qui dégage une certaine énergie. Pas moins énergique, le titre « The Road » est riche en bruitages dès le début, qui varient, jouent avec nos émotions. Le son n'est jamais linéaire, plat, il y a comme des rebondissements. La voix elle est chantante comme toujours, on l'entend bien. Puis le titre pend une tournure rock. Une influence rock très présente sur cette production et notamment sur le titre « War » où elle est soulignée par quelques effets machine. C'est assez brut, puissant, avec des cordes graves qui ronflent presque. On y perçoit également des touches électroniques un peu inquiétantes, psychédéliques. Enfin, les trois derniers titres de l'album n'en font qu'un. « The Magic Place : The Opening » délivre progressivement un son qui monte en puissance. Il y a de belles sonorités avec ce mélange de rythmes linéaire et un peu saccadé. Le début est assez classique avec un ensemble d'instruments à cordes (violon, violoncelle, certainement produits par une machine), le rythme est délicatement marqué. Le rendu fait un peu musique ambiante. Puis des effets électro arrivent et se poursuivent sur le titre suivant. « The Magic Place : The Meeting » sur lequel on troque le classique pour un rythme beaucoup plus pop électro un peu tribal, presque sensuel. Il y a un ensemble de notes qui se répètent et qui apporte une belle dimension, un effet de spirale. Le côté classique et puissant se réinvite sur la fin et on perçoit aussi des premières sonorités électriques. C'est un joli melting-pot de tout ce que Station Echo sait faire. « The Magic Place : The Drowning » est la suite logique du précédent et le passage d'un titre à l'autre se fait sans que l'on s'en rende compte. La fin est vraiment puissante et envoûtante, l'EP se referme parfaitement et tranquillement sur quelques bruitages. « Control Voltage » est donc un album très complet et riche où les influences du groupe s'entremêlent pour ne former qu'un seul et même univers, celui de Station Echo. Un univers ni rock, ni pop, ni même électronique, mais qui joue sur différents tableaux et par conséquent avec nos émotions (et nos oreilles). Un style que le trio contrôle sur le bout des doigts et avec talent ! http://www.stationecho.com/

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S T A T I O N E C H O


S U M M E R

Il y a 3 ans déjà, le groupe Summer nous proposait de découvrir son univers musical avec son LP « French Manucure ». En octobre 2015, Summer présentait un bel album 8 titres intitulés « Hot Servitude ». Originaire de Paris, le trio n'a pas changé sa recette et nous embarque dans des sonorités brutes, parfois inconfortables. Formé en 2001, Summer a su évoluer et perfectionner son univers musical bien particulier aux tons présentés comme indie rock alternatifs tendant fortement vers le grunge. Si le groupe nous disait déjà que les chansons de Summer étaient intimistes, et que l’auditeur était libre ou pas de s’y retrouver, de comprendre ou de rejeter, d’aimer ou de détester, il n'a rien perdu de son franc parler et les textes en français de cet album sont crus et justes. L'opus s'ouvre avec le titre « jenifer ». L'ambiance est assez sombre, le son est comme étouffé. On retrouve des effets de saturation sur la mélodie qui la rendent un peu floue avec des sonorités parfois stridentes.

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CHRONIQUE . Cette impression d'oppression nous accompagnera plus ou moins tout le long de l'album comme sur le septième titre « une fille comme les autres ». Ce titre délivre un son de batterie plutôt saccadé avec des cordes qui luttent. Sur les deux titres, la voix masculine qui nous accompagne elle est grave avec un côté un peu nonchalant, et relativement linéaire. Il y a quelque chose d'assez fracassant tant par la mélodie que par les paroles. Le coté strident de la mélodie se dégage également avec « Dévaluer », le deuxième titre. C'est comme si les cordes étaient torturées. Le rythme est légèrement donné pas par un claquement mais un « cloquement ». Le tout s’emballe, c’est comme une course poursuite où tout s’accélère. La voix est désinvolte, on regrette seulement de ne pas plus l'entendre car les paroles crues donnent tout leur sens aux titres. Des titres comme « Laura Gemser » (3ème titre) où la voix se veut presque ironique, un texte sans détour sur une mélodie puissante avec un rock très brut. Le 6ème titre « v33 » nous dépeint par exemple des personnes qu'on visualise, qu'on imagine, qu'on voit, parfois même qu'on connaît, c'est très réaliste. Ce titre nous embarque de nouveau avec un rythme très saccadé cette fois et des sons distordus. Les doigts glissent sur des cordes torturées pour le plaisir de nos oreilles. On en prend également plein les oreilles avec le titre « dead girl junkie MILF » où la mélodie qui démarre au quart de tour nous happe. Il y a un coté un peu de cordes ronflantes et une batterie qui marque le rythme étonnement calme. Une douceur qui se fait rare sur cet opus, mais qui n'est pas totalement absente puisque le 4ème titre « vampire » délivre des premières notes plutôt douces et lentes, ce qui est étonnant car jusque là on avait l’habitude d’un son fort et brut. Les cordes sont plus délicatement frappées, le rythme également. Du coup forcément on entend beaucoup mieux la voix, une voix qui est étonnement juste d’ailleurs sans en faire trop. C’est presque même plus parler que chanter. Puis la mélodie commence à s’emballer avec de nouveaux sons triturés, distordus. Il y a quelque chose d’un peu hypnotique et envoûtant dans ce titre. Deux adjectifs qui qualifient également parfaitement le huitième et dernier titre de cet album. « se meurt », dont le clip a été publié sur la toile, propose des sonorités plus légères, plus aériennes même si le rythme est bien marqué. Il y a presque un coté mystique et psychédélique. La voix se fait entendre progressivement. Au début on ne comprend pas, c’est très bref, puis petit à petit les phrases sont plus longues, donc plus audibles. Il y a de belles variations dans la mélodie, comme des vagues qui apportent un certain suspense. Un titre qui referme bien cet opus. Dans son ensemble, l’écoute est assez complexe, le groupe n'hésite pas à nous bousculer que ce soit avec des sons indélicats et pourtant travaillés, ou avec des paroles pures, lourdes de sens et d'une subtile justesse. Un style qui passe ou qui casse mais une signature unique, celle de Summer! http://www.summersite.fr

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S U M M E R


INTERVIEWS THE MOONFINGERS – ZOËN

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T H E

Un peu pop, un peu jazz, un peu rock, entretien avec les terriens de The Moonfingers ! Salut The Moonfingers! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas ? Bonjour Amalgame Musical, ça va ? Nous sommes un groupe de pop tourangeau qui existe depuis plus de 3 ans, nous composons, écrivons, jouons et chantons tous les quatre. Alors dites-nous, d'où vient ce nom loin d'être terrien ? A l’origine c’est un nom qui sonne dans l’esprit de ces années 60 et 70, un nom qu’on ne serait pas surpris de trouver sur un vinyle au détour d’une brocante. Cela renvoie pour nous à ces années au cours desquelles plein de nouveaux groupes expérimentaient et créaient sans complexe ce qui allait devenir le rock que nous connaissons aujourd’hui. C’est cette démarche qui nous plaît, ne pas trop se poser de questions et se lâcher pour faire simplement la musique qui nous plaît. Mais ce nom a une signification au delà de ça ! On pense à l’adage « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt », une façon pour nous de rappeler que faire de la pop ce n’est pas chercher la facilité, mais bien trouver la simplicité avec juste ce qu’il faut de complexité harmonique pour que puissent se dévoiler plusieurs degrés de lecture. Une chanson que l’on peut fredonner, presque immédiatement, mais qui réserve des surprises à la réécoute !

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M O O N F I N G E R S


INTERVIEW . Vous vous définissez comme un groupe « naviguant entre pop sixties, rock, folk et harmonies jazz ». Cela exprime une volonté de ne pas se cantonner à un seul registre ? Pas tout à fait, dans nos influences et nos envies nous avons cette volonté de ne pas nous enfermer, mais dans notre travail musical, au fur et à mesure des concerts et des phases de création, notre son s’affine et se précise. Même si nos concerts sont pleins de contrastes (des ballades trèèèès douces et des morceaux à l’énergie rock brute) Nous cherchons de plus en plus à être reconnaissables dès les premières mesures d’une chanson. C’est ambitieux mais motivant !

T H E M O O N F I N G E R S

Quelles sont vos influences musicales justement ? C’est une question piège ! Très difficile d’y répondre de manière satisfaisante, donc nous allons juste nommer quelques jalons, libre à vous d’en déduire l’univers qui gravite autour. Tout d’abord les faiseurs de chanson devant l’éternel, les Beatles bien sûr, mais aussi Paul Simon par exemple, Led Zeppelin et Queen pour l’énergie et le côté orchestral grandiloquent, Un détour vers des groupes plus modernes Jeff Buckley et Coldplay par exemple et leurs chansons plus intimes, plus désabusées aussi peut être…Et nous avons tous un pied dans le jazz, les standards sont une source inépuisable de belles mélodies et d’arrangements géniaux qui constituent définitivement une influence importante ! Votre premier EP « Room 505 » est disponible sur la toile ! Parlez-nous un peu de cette production. Nous avons gagné le tremplin loiréléctrik l’année dernière et cela nous a donné droit à 3 jours d’enregistrement. Nous avions déjà un Ep à notre actif (éponyme, à écouter sur soundcloud) mais nous avons profité de l’occasion pour mettre en boite nos dernières chansons ! Vu le temps de studio assez court tout de même, on s’est débrouillés pour tout enregistrer en une prise et en simultané, comme en concert, sauf pour les voix que nous avons enregistrées à part à la fin. Nous avons fait mixer cela au studio de la Seine à Paris, et nous sommes plutôt contents du résultat ! Nous sommes en train de mûrir et de répéter de nouvelles chansons pour un album à venir, et aussi parce qu’on aime entretenir cette dynamique de création ! On sait que c'est souvent difficile pour les artistes de choisir mais si un titre devait particulièrement représenter le groupe sur cet EP, lequel ce serait ? Sans doute Flex Boy, le premier morceau de l’Ep, il est « catchy » très identifiable et en même temps assez arrangé pour réserver des surprises.

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Vous avez fait pas mal de concerts cette année 2015, racontez-nous un peu cette expérience scénique. Nous voyons toutes ces expériences comme un moyen de nous améliorer. Nos morceaux sont assez arrangés, et ils demandent de la rigueur, mais nous avons toujours en ligne de mire ces groupes mythiques qui vivaient pour la scène et dont les concerts étaient certainement des expériences mémorables. Si un morceau que nous jouons ne sonne pas comme sur l’album, peu importe tant qu’il sonne tout court ! On garde en tête ces vieux enregistrement de concerts, qu’il s’agisse des Beatles ou de Jimi Hendrix ou d’autres, à la qualité sonore pourrie, qui recèlent parfois des pépites, des versions avec ce supplément d’âme qui manque parfois au studio. Nous n’en sommes pas tout à fait là, mais c’est maintenant sous ce rapport que nous envisageons un concert. Vous avez certainement partagé la scène avec des groupes/artistes émergents, est-ce qu'il y en a un que vous aimez particulièrement et que vous nous conseillez de découvrir ? Nous avons partagé la scène avec Jekyll Wood, avec The Orchid, avec The Waverley…Ce sont tous des groupes qui partagent avec nous l’amour de la belle chanson et des atmosphères travaillées. Il n’y en aurait pas un à conseiller, mais tous !! Connaissez-vous le groupe « She owl » et l'artiste « Pti Ben » présents dans cette édition avec vous ? Pas pour l’instant, mais ça va venir apparemment (rires)

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T H E M O O N F I N G E R S


INTERVIEW . Et si demain on vous disait que avez la possibilité de collaborer avec un groupe ou un artiste tout genre confondu, son nom serait …. ? Paul Mc Cartney par exemple, si vous avez son mail… Quelques projets à venir peut-être pour The Moonfingers ? Nous sommes en phase de composition et de répétition, nous allons bientôt vous offrir quelques petites surprises en ligne, un petit détour vers l’acoustique peut être….Hmm mystère mystère !

T H E M O O N F I N G E R S

Et vous avez bien une petite anecdote à partager avec nous pour finir ? Notre Ep s’appelle « Room 505 » pour une raison : Lors de notre participation au festival le mans cité chanson, il était convenu que nous dormions à l’hôtel. Le responsable de l’organisation nous remet donc notre carte de chambre, qui permet d’ouvrir la porte, entre deux autre infos et nous repartons voir les concerts. Il nous rattrape en chemin et nous apprend qu’on avait oublié la carte qu’il venait de nous donner. Ce genre de choses arrive quand même assez souvent avec nous, donc on ne se formalise pas, jusqu’au moment d’arriver dans la chambre d’hôtel, biieeeeen plus tard. La dite chambre est pourvue de deux lits une place et nous sommes 4. on commence par râler puis shi-fu-mi pour partager les deux matelas et les deux sommiers de manière impartiale. Nuit pourrie. Petit déjeuner où le responsable de l’hôtel nous demande notre nom, on lui apprend qu’on avait deux lits pour quatre, nous manifestons notre mécontentement avec juste ce qu’il faut de correction (il est 7h30 du matin, on n’allait pas faire un scandale non plus). Il nous apprend que nous avions deux chambres réservées, avec juste ce qu’il faut de correction pour ne pas se foutre de nous de manière trop voyante. Le mystère de la deuxième chambre demeurera jusqu’à ce que l’un d’entre nous, (dont l’identité sera dévoilée à tout ceux qui s’inscriront sur notre newsletter), vers 16h retrouve, soigneusement rangée dans sa sacoche, la première carte celle de la chambre 505 qui nous était promise mais que nous n’avons jamais vue. Fin ! Moralité : On la cherche encore Et nous vous laissons le mot de la fin tout en vous remerciant d'avoir répondu à nos questions : Merci à vous bien sûr ! Tout le monde : venez nous écouter en concert, ou du moins allez nous découvrir sur soundcloud, vous saurez tout de suite si vous aimez ou pas ! Et le mot de la fin sera : bilboquet. http://www.themoonfingers.com/

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Z O E N

Il voulait « Dire quelque chose » alors nous avons interviewé zoën qui nous dit tout sur son bel EP aux sonorités pop et parfois même slam ! Salut ZOËN, peux-tu te présenter en quelques mots ? Salut, je m'appelle Raphaël, j'ai 36 ans, j'écris, je compose et je chante depuis plus de dix ans maintenant. J'ai commencé par le rap et aujourd’hui je m’apprête à sortir un disque entre chanson et pop.

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INTERVIEW . Z O E N

Alors tu te présentes comme issu de la scène rap alternative mais cependant ton nouvel EP est « résolument pop ». Pourquoi ce changement de style ? Tout simplement parce que c'est un genre de musique que j'écoute beaucoup aujourd'hui. En effet, en découvrant le rap alternatif, avec des labels comme Anticon, Def Jux ou Lex Records, j'ai également découvert plein de genres musicaux, tels le post rock, la folk, les musiques électroniques ou encore la pop. Pour être plus précis, les groupes de rap alternatifs, ont d'avantage une culture pop et rock, que soul et funk. Donc, d'influences en influences, j'ai commencé à écouter énormément de pop indé. Notamment des groupes comme Pinback ou bien encore Electric President. Et c'est tout naturellement que j'ai voulu essayer de faire pareil. Est-ce qu'on ne retrouve pas un peu le style rap/slam sur ton EP finalement (on pense notamment au titre « Partir un peu ») ? Oui, tout à fait, et c'est voulu. J'ai souhaité faire une transition entre mon album précédent, plus rap, avec celui ci. C'est pourquoi sur le EP, j'ai choisi les morceaux les plus « rap », car plus proches de mon disque précédent. Qu'est-ce qui t'inspire d'ailleurs ? Essentiellement des choses que je vis ou que je ressens. C'est souvent très personnel, comme des ressentis, des souvenirs, des expériences, ou des questionnements. J'aimerai vraiment écrire des choses plus politisés comme je le faisais plus jeune, mais je n'arrive pas encore à trouver les bonnes accroches, les bon angles d'attaques. Quelles sont tes influences musicales ? En vrac, de la chanson comme Dominique A, Mathieu Boogaerts, Albin de la Simone, de la pop comme Pinback, Electric Président et Sparklehorse, Chromatic, du rap français comme La rumeur, Fabe, Rocé ou Oxmo Puccino, mais aussi et surtout, du rap alternatif, comme Buck 65, Why ?, Ceschi, Soso, Astronautalis, Factor, Soso, James Reindeer, 2 Mex, etc... Alors justement tu as sorti en avril un EP intitulé « Dire quelque chose ». Peux-tu nous parler un peu de son écriture, sa composition, son enregistrement … ? Tout d'abord, il faut savoir que c'est l'album entier qui a été composé et enregistrer. Les morceaux du EP ont été extraits de l'album. Ce fût un assez long processus, car il a fallu d'abord apprendre à faire de la pop. C'est à dire composer, écrire et chanter comme je ne l'avais jamais fait. Muni de quelques vieux synthés, pour la couleur 80, j'ai fait de nombreux essais pour ne retenir que quelques morceaux. Je ne joue d'aucun instrument, donc les maquettes ont été effectuées par informatique. Une fois satisfait, j'ai voulu leur donner un coté plus vivant, je suis donc parti les enregistrer en studio. Fabien, le deuxième membre du groupe, a effectué tous les arrangements de guitare, mais il a aussi rejoué toutes les basses et quelques claviers. Et surtout, c'est lui qui a mixé le disque.

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Z O E N

« Dire quelque chose » est-ce que c'est à ça que doit servir la musique finalement pour toi ? Je dirai oui. J'ai du mal à concevoir un morceau qui ne dit rien. A part un morceau instrumental bien sûr. Mais par essence, je dirai que la musique dit toujours quelque chose. Il paraît qu'un clip arrive également ! Pourrais-tu nous en dire quelques mots ? Oui, un clip était initialement prévu pour la sortie du EP. Malheureusement par manque de temps, il sera reporté pour la sortie de l'album en septembre.

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INTERVIEW . En tant qu'artiste et que mélomane, que penses-tu de la nouvelle scène musicale qui émerge ? Je suis l'actualité en pointillé, donc je suis loin d'avoir un point de vue très objectif. Mais il y plein de choses qui me plaisent. Notamment les compilations de La Souterraine. Y a-t-il une découverte particulièrement que tu nous conseilles ? Sameer Ahmad, Chevalrex, Barbagallo, Strawhair.

Z O E N

Connais-tu le groupe Tisiphone qui est présent dans cette édition printemps/été tout comme toi ? Non. As-tu d'autres projets à venir ? Mon 3eme album est prévu pour septembre et un EP 5 titres d'un rappeur Australien doit sortir en octobre sur le label Dora Dorovitch. J'y ai composé les instrumentaux. Et le mot de la fin : Merci à vous d'avoir pris le temps de me poser toutes ces questions. Et rendez vous en septembre pour la sortie de l'album ! http://zoenmusic.bandcamp.com/

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CHRONIQUES THE VIEWERS – WILD WILD WAVES – YETI

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T H E V I E W E R S

Finaliste et vainqueur de nombreux tremplins musicaux, The VieWers présentait le 12 avril 2016 son nouvel EP intitulé « Phoenix ». Formé par Benjy (Basse, Synthé & Voix), Tibo (Guitare & Chords) et Cyril (Batterie & Chords), The VieWers a su émerger de la scène berruyère. Avec des sonorités rock-électro, le trio nous entête et se déchaîne quitte à parfois être tout à fait surprenant.

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CHRONIQUE . « Give Nothing Away » ouvre l'EP avec des percussions qui marquent un rythme saccadé et des cordes déchaînées. Ce premier titre nous met dans l'ambiance de cet EP. L'ensemble est énergique, les voix suivent le rythme et envoient. Les bruitages du synthé apportent quelque chose en plus au titre. C'est rock, un rock brut, mais avec des touches électroniques en plus. C'est frénétique, hypnotique, ça part dans tous les sens et on se laisse entraîner là dedans. Du rock et de l'électro également sur le titre « Black in White ». Le côté robotique des voix apporte quelque chose de très intéressant au morceau. Il y a un fond très très rock avec ces effets de mixage par dessus. On voit Skip the Use et Shaka Ponk dans leurs influences, effectivement ça se sent mais The Viewers ont ce petit truc, cette signature qu'est là leur. « Phoenix » délivre également des effets/bruitages électro au début, la question ne se pose pas. C'est très rock (voire punk) et électro à la fois, parfois même pop. Il y a toujours cette frénésie, cette énergie, communicative. Le morceau est plutôt long mais on ne s'ennuie pas avec eux. Énergie aussi avec « I Want You In My Bed ». Très speed dès le départ avec ces bruitages et on croit presque entendre des sirènes. C'est rapide, électro et rock. Le refrain cependant se veut presque pop avec cet effet un peu kitsch (mais assumé) sur la voix. Le son est parfois saturé, parfois très mélodieux, ils jouent avec les mélodies et on a l'impression que c'est plusieurs morceaux en un mais qu'ils s'enchaînent très rapidement. « Malediction » l'avant dernier titre lui est très saccadé, très rock voire punk là encore. Les cordes ronflent, la batterie tape frénétiquement sans relâche. Par moment le synthé prend le dessus mais les cordes reviennent vite à la charge. Curieusement, on croit presque entendre un thérémine, probablement le résultat du synthé ou des cordes. L'EP se referme sur la reprise d'un célèbre titre de Corona, « The Rythm of The Night ». On connaît (presque) tous cette chanson des années 1990 qui a été mixée et remixée. The VieWers nous proposent leur version, surprenante, très très rock (avec un soupçon d'électro). On se demande encore si on ne préfère pas cette version d'ailleurs. Présent sur la scène du Conseil Départemental au Printemps de Bourges, rien ne semble pouvoir arrêter et fatiguer ce trio à l'énergie débordante. Branchés pour sûr sous haute tension, The VieWers n'en finissent pas de nous communiquer leur énergie à travers leurs sonorités rock électroniques. Un excellent EP à découvrir ! http://theviewers.fr/wordpress/

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T H E V I E W E R S


W I L D W I L D W A V E S Si on avait découvert les Wild Wild Waves en 2014 avec leur EP «18●19●20●21», le quartet lyonnais est de retour en cette année 2016 avec un tout nouvel opus 3 titres annonciateur d'un album à venir. Pour rappel, le groupe se compose de Keyjah (claviers, vibraphone), Submarine (MAO, claviers), Koji (contrebasse, claviers, chant) et ssokaa (batterie, claviers). Les Wild Wild Waves délivrent des sonorités à l'aide de contrebasse, du vibraphone, d'une batterie électro-acoustique et des machines qui leur permettent de « peindre des tableaux sonores aux fréquences et textures hybrides et faire danser. ».

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CHRONIQUE . L'EP s'ouvre sur le titre « Flocons ». La musique délivre une ambiance assez particulière, un peu mystique, légendaire. Le groupe remet au goût du jour le vibraphone. Ces quelques notes répétées donnent une impression de spirale c'est très particulier. Il y a comme une sensation de fraîcheur, de glace même. « Dusk » qui a donné son nom à l'EP est le second titre. On retrouve le côté tribal avec la contrebasse et le vibraphone (agrémentés de quelques beats). On ne sait pas si c'est lumineux ou sombre, chaleureux ou inquiétant, c'est assez particulier comme ambiance, surtout avec le souffle de cette voix à peine audible. On finit par découvrir la voix d'ailleurs, une voix presque effrayante mais comme argentée, cristalline. La seconde partie de ce long titre d'environ 6 minutes est plus pop électro même si ça reste particulier, il se rapproche plus de ce qu'on connaît avec ce beat très marqué. C'est très profond. La production se clôture bien trop rapidement avec « Dawn ». La voix féminine soutenue par cette voix masculine apporte une belle dimension mais en même temps ils sont englobés par cette musique angoissante qui monte en puissance. C'est intense, inquiétant toujours, il y a ce côté froid, lugubre un peu comme des êtres androïdes. C'est toujours difficile de donner son impression sur un EP 3 titres car c'est trop court pour réellement capter l'univers d'un groupe. Cependant, Wild Wild Waves nous donnent un avant-goût de leur production à venir. Atypique et contrasté, on savait déjà le monde du groupe très particulier, profond et talentueux. Une production à découvrir en attendant d'entendre la suite ! http://wildwildwaves.fr/

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W I L D W I L D W A V E S


Y E T I

Duo acoustique formé par Vincent et Julien en 2009, Yeti s'était fait entendre sur la toile avec un registre plutôt folk acoustique et minimaliste. Mais déjà en 2013, les compères de Yeti nous avaient initiés dans un EP 3 titres à des sons électroniques et électriques qui s’invitaient à la table de la Folk intimiste pour un rendu plus que réussi. C'est donc naturellement, qu'en avril 2016, le duo publiait un album 10 titres intitulé « Amidst » s'inscrivant dans ce même registre où guitare acoustique, banjo, batterie, sampler et effets psychélectriques se rencontrent et s'entrechoquent pour un rendu tout à fait étonnant et surtout unique. Un univers qui porte sans conteste la patte musicale de Yeti qui signe là une très belle production. Une originalité et une délicatesse qu'on retrouve jusque sur le CD physique avec un design magnifique. L'opus s'ouvre sur le titre « Phòs ». Dès le départ, il y a un effet de son saturé, plutôt grave. Celui-ci varie mais semble se répéter, comme une boucle. Au fur et à mesure qu'on avance dans le titre il y a des bruitages qui s'ajoutent. La mélodie est très synthétique avec un coté un peu jeu vidéo old school. La fin est plus intense, le bruit s'intensifie, monte en tension, c'est presque inquiétant. Puis s'enchaîne naturellement le titre « Buildings ». L'effet saturation disparaît et laisse place à une voix masculine, délicate et faussement fragile. C'est très harmonieux avec cette mélodie douce dernière qui semble se répéter et par conséquent nous capte, s'incruste dans nos têtes. Les chœurs apportent une belle dimension. Puis l'effet de cordes saturées s'invite par moment ce qui fait monter le titre en intensité. On ne sait pas s'il s'agit d'un bruit de circulation (avion, train ou voitures) mais en tout cas cela crée une atmosphère particulière. C'est un joli titre, très complet où Yeti exprime déjà tout son talent et son ingéniosité musicale. « Amy » lui se veut plus mystérieux au début avec cet effet de son qui arrive puis qui se coupe avant de revenir, et ainsi de suite. Un son plus rock avec des touches pop électro se fait entendre, tout comme une voix féminine doublée par moment par une voix un peu robotique.

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CHRONIQUE . Le rythme saccadé apporte presque un coté tribal au titre. « Fall is at down » s'enchaîne également avec le titre précédent. On garde cet esprit de voix off, sur un fond de bruit presque quotidien, commun, ambiant. Quelques notes se distinguent du brouhaha et laissent entendre une jolie mélodie (au banjo visiblement) qui arrive à nous captiver. C'est une très belle atmosphère là encore entre ambiance parasitée et musique délicate et poétique. Quelques gouttes de pluie tombent transportant avec elles le titre « Farewell » où se font entendre cordes étirées à leur maximum et où le rythme est mystiquement marqué. Ce dernier s'emballe, c'est comme une course. Puis la voix arrive un peu comme ça de nulle part, accompagnée d'une nouvelle mélodie. Il y a un mélange de sonorités (à la fois acoustiques et électriques, parfois électroniques) et de tonalités aussi. Le tout fonctionne bien. Yeti revient à ses premiers amours avec « Wolves ». Comme sur leur premier EP, on redécouvre un univers pop-folk simple mais parfaitement travaillé. Des sonorités électriques se greffent à la mélodie acoustique. Le titre se ferme sur le début du morceau suivant. Un morceau intitulé « Assis-là » où l'ambiance un peu pesante mais adoucie par les délicates cordes mélodieuses. Les voix qui chantent en chœur apportent une dimension magnifique au titre. C'est un très joli morceau qui laisse planer comme un sentiment de nostalgie. « The Path » reste dans un premier temps dans l'esprit un peu folk avec ces cordes doucement grattées, à intervalles réguliers. Quelques effets synthétiques viennent combler les silences, se poser sur les quelques notes. La voix se veut puissante mais délicate, la force tranquille. Le titre est hypnotique et l'écoute est assez unique. Quelques effets de saturation s'ajoutent. La seconde partie du morceau se veut bien plus rock (il faut dire que le titre est long, plus de 8 min) voire un peu noisy sur la fin. « The scene » dévoile directement la voix masculine délicate accompagnée de sonorités électriques mais très calmes, grattées doucement et progressivement. Puis des notes se détachent et de nouveaux bruitages discrets s’immiscent. Le rythme et le style ne varient pas dans ce titre et reste linéaire (comparé aux autres compositions). « Monowl », le dernier titre est une pure ballade folk et intimiste. C'est doux, délicat, d'une incroyable sensibilité le tout dans une belle simplicité parfaitement maîtrisée. Il n'en fallait pas plus et pourtant Yeti nous gâte en nous proposant un dernier titre en piste cachée. « Singing Grass » est une reprise du titre de Wovenhand. Un réinterprétation au banjo semble t-il, qui s'inscrit dans l'esprit de l'album. Si en 2013 Yeti nous avait donné un avant-goût de son talent, les trois ans d'attente pour avoir un album complet valaient vraiment le coup. Le duo revient avec un opus assez incroyable traversé par des sonorités bien diverses, opposées aussi, mais créant une ambiance parfois oppressante mais tellement délicate, dans laquelle nous accompagne une voix authentique d'une sensibilité incroyable. Serait-ce un album que nous vous recommandons d'écouter ? Bien évidemment, la question ne se pose pas ! www.3615yeti.com

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Y E T I


CLIPS LOA FRIDA – NORMCORE

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L O A

Loa Frida, est un projet musical initié, fin 2011, par la voix et les compositions d’Anka Ujma. Cette jeune polonaise, désormais installée en France, nous propose avec ses deux acolytes un mélange de pop sucrée et aérienne et de sonorités électro assez minimalistes dans un trio chant – vibraphone - claviers. En juillet 2015, Loa Frida, nous proposait le clip pour illustrer le titre « Tiger in a Cocoon », extrait de « Pop-Fiction », son premier LP 7 titres. Dès les premières secondes, nous sommes embarqués dans un univers assez onirique. La musique ne fait qu’un avec les images qui composent ce clip, qui, on peut le dire est vraisemblablement très réussi. La voix nous accompagne dans cette forêt à la fois merveilleuse et magique, qui s’illumine et s’éveille au fil des notes. L’ensemble est harmonieux, somptueux, avec une belle fluidité. Loa Frida et son talent, nous fait vivre, à travers ce clip, un réel voyage sensoriel, ce qui est tout à fait surprenant et loin de nous déplaire, bien au contraire ! Pour vivre l’expérience Loa Frida, on vous invite vivement à découvrir cette jolie vidéo ainsi que son premier LP. http://ankaujma.free.fr/anka/Musique.html https://youtu.be/T5NnKEPfbe4

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F R I D A


N O R M C O R E

Normcore, jeune groupe de power pop/garage Montreuillois, nous a présenté leur deuxième clip extrait de leur nouvel opus 4 titres « Magic Johny EP ». Il faut savoir que le quatuor est adepte du « Do It Yourself / Home Made », ou encore en français du « Fait Maison » et le résultat est plutôt réussi, que ce soit au niveau de leur nouvel EP ou au niveau de leurs deux clips, « Morning Thoughts » et « Magic Johny ». Ce qui nous a tout de suite interpellés chez eux, c’est surtout l’authenticité de leur univers musical, et même artistique. Tourné et monté en seulement 3 jours, « Morning Thoughts » nous embarque dès les premières images. Un homme solitaire, qui promène son skateboard au bout d’une laisse, et avec lequel il semble être lié, parcourt un bout de chemin. Il se retrouve tantôt dans des endroits dépeuplés, naturels, tantôt dans des zones plus urbaines, commerciales et industrielles. Les plans séquences s’enchaînent, on peut voir des situations assez surnaturelles, irréalistes, mais en même temps, il se dégage une once de vérité, avec des éléments proches de la réalité. Le tout est assez paradoxal et mystérieux. Le clip est, ainsi, bien pensé et réalisé. La musique n’est pas en reste puisqu’elle amplifie l’atmosphère qui se dégage des images, ou inversement. Très douce, minimaliste, aérienne, mais implacablement efficace. Alors « Rêve éveillé ou délire surréaliste ? » nous demande les musiciens. Et bien, à vous d’en juger ! https://www.facebook.com/normcoreband http://www.youtube.com/watch?v=WD4Esp35evU

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P LAY LI S T

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P L A Y L I S T

Retrouvez tous les titres en ĂŠcoute sur : https://soundcloud.com/amalgame-musical/sets/playlist-11

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PLAYLIST . 4menStanding – Lonesome Man Adan & Xavi y Los Imanes – Fuera El Dolor Brooke Sharkey - Which Cloud Babel – Bless(e) You Billie – Avant bien avant toi Brass Phantoms – City Of Wolves Charlotte & Magon – We are The Thunder Clint Slate – Rules of Intimacy Collection – Gems & Treasures Couteau Papillon – L'Après Monde Dan Druf – Sell My Heart Eve & The Travelers – The Tree Fingers & Cream – Forsaken Dream Gentle Vex – Burn The Letter Gisèle Pape – Encore Grout/Grout – Sunny Season Hubrecht – Ma Dernière Camel JUNA – Dangerous Kissamilé – 1177 Konoba – On Our Knees Leitmotiv – Entre Ciel et Terre Loïc Desplanques – Say Yeah Mârie Adôre – L'été n'existe plus Mathis – Çà ne suffit pas No Random – Bad Beat Nuits Blondes – Au Rythme des Pavés Pet Trap – End of the Evening SIX – Les Refrains Sophren – Camisole Stations Echo – You're Wrong Summer – Laura Gemser The Viewers – Give Nothing Away Tisiphone – Where Are You Wild Wild Waves – Dusk Yeti – Farewell

P L A Y L I S T

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“Le festival C'est pas d'la Carotte! tiendra sa 5e édition les 2 et 3 septembre 2016 à Huy, en Belgique. Au début, tout a commencé par une soirée d'adieu pour des amis, que les deux organisatrices du festival souhaitaient mettre en place. Mais plutôt que de louer une salle et un DJ, les deux copines ont préféré imaginer un jam musicale au milieu des champs. De fil en aiguille, la "petite soirée entre amis" a commencé à ressembler de plus en plus à un petit festival. A la fin du week-end, il était clair que cela ne pouvait pas en rester là, et très vite une seconde édition a commencé à se préparer. Depuis lors, l'équipe -entièrement bénévole- s'est agrandie, l'événement ne cesse de se réinventer, mais tout en gardant les ingrédients de base qui forment notre ADN: un festival éco-responsable, convivial et participatif. Au programme des réjouissances: des concerts, une scène ouverte, une grande partie des infrastructures construites par nos petites mains et avec des matériaux de récupération, un village d'artisans, des animations en tous genre (fanfares, artistes de rue, ateliers participatifs,...), un camping, un bar, de la petite restauration, et bien d'autres choses! Pour l'aspect éco-responable, nous proposons des gobelets réutilisables, des toilettes sèches, et des produits locaux. En ce qui concerne la programmation, elle se veut aussi éclectique qu'alternative, mettant en avant des artistes talentueux à l'avenir prometteur! Le vendredi est consacré aux groupes "rock" tandis que le samedi est davantage réservé à des artistes allant du reggae au ska-rock, en passant par du jazz ou encore du swing! Pour vous faire une petite idée de ce que c'est, nous avons l'habitude d’accueillir entre 300 et 500 visiteurs par jour, ce qui fait de C'est pas d'la Carotte! un événement à taille humaine et propice aux rencontres. Aucun souci pour le prix d'entrée non plus, puisque nous souhaitons rendre l’événement accessible à tous, ce qui nous encourage à maintenir un prix volontairement bas. » http://www.cpasdlacarotte.org/

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Crédits photos : Emma Brady : cover EP Brass Phantoms Olga Kuzmenko : photo press Brass Phantoms Charlotte & Magon : self portrait C&M Kim Schaedlich : cover Konoba Gab de Selys : photo concert Konoba Giorgio Violino : She Owl polaroïd Roberta Calisano : She Owl portrait Zoz-photos.com : Mathis concert Rosie Reed Gold : Brooke Sharkey Alexandre Telliez-Morenno : artwork Dan Druf Josselin Altère : photographie et artworks Billie Remy Boudet : visuel cover Station Echo Yeti, Cold Cream et Etienne Bonnot : visuel Yeti Héloïse Combes : autoportrait Héloïse Linda Luttinger : cover Couteau Papillon Rudy Deboeuf : Gentle Vex photo Fraizeuhmagik : photo groupe The Moonfingers Funken : pochette Zoen Pommelien Koolen/Laura Vertriest: cover Gentle Vex Francos Simard : cover EP 4Menstanding Florine Ruas ; artwork Eve & The Travelers Alexandre Chenet : cover Gisèle Pape Thierry Nguyen : cover Leitmotiv Renaud Alouche: Tisiphone scène Johanny Melloul: cover LP Tisiphone Apolicarpio Tsidrio Tearsovitch: Collection cover Kobayashi Photography: Clint Slate Cover Etienne Dufour: photo presse Sophren Gary Lafitte Photography: locaux label Talitres Thomas Babeau: portrait Mârie Adôre Photo de couverture et conception magazine par Amalgame Musical

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