Le cinéma ASYNC de Ryuichi Sakamoto

Ryuichi Sakamoto : async (Milan Music)
Ryuichi Sakamoto : async (Milan Music)
Ryuichi Sakamoto : async (Milan Music)
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Le compositeur japonais, admiré pour ses musiques de film comme pour son travail avec le Yellow Magic Orchestra, livre un album solo aussi méditatif qu'intrigant.

Vous entrez par « Andata » ou un thème comme joué dans le brouillard, si vous pensez aux musiques de film de Philippe Sarde ou encore à un choral de Jean-Sébastien Bach c’est sans doute parce que le compositeur Ryuichi Sakamoto dialogue ici autant avec le cinéma qu’avec une forme de célébration métaphysique.

Ryuichi Sakamoto vous le connaissez peut-être pour son Yellow Magic Orchestra, sans doute pour ses musiques de film. Il a composé notamment pour président du jury du festival de Cannes de cette année, Pedro Almodovar, qui avait fait appel à lui pour « Talons Aiguilles » (1991), il y a eu surtout « Furyo » avec David Bowie le film de Nagisa Ōshima, en compétition officielle au Festival de Cannes 1983, « Le Dernier Empereur » de Bernardo Bertolucci ou encore récemment « The Revenant » d’Alejandro González Iñárritu avec Leonardo di Caprio. Sakamoto « revenant » lui-même n’avait pas sorti d’album solo depuis 8 ans, mobilisé notamment par un cancer de la gorge qui mit sa carrière et sa vie en péril.

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Le titre de ce disque, qui avait presque valeur de testament ou de sommet pour lui : « Async » (comme Asynchrone : qui ne se déroule pas à la même vitesse). Ici Ryuichi Sakamoto superpose les couches de sons et de textures en s’appuyant à la fois sur des sons naturels récoltés dans différents musées et sur la technologie (ici le synthétiseur Prophet 5) jouant aussi bien des qualités que des défauts de la technologie numérique… La musique apparaît par endroit (ZURE) comme pixelisée, découpée ; l’on y entend des sons naturels (le vent, la pluie, des sons de jardins ou de foule) mais aussi des cordes du shamisen, vieil instrument japonais, sorte de luth du XVIIème s.

Tout ceci au service de ce que Ryuichi Sakamoto envisage comme une "bande originale pour un film imaginaire d'Andréï Tarkovski" (réalisateur russe d"Andreï Roublev" de "Stalker"). Une musique porte même le titre de "solari" (qui renvoie à « Solaris », Grand Prix du festival de Cannes 1972). On entend aussi la poésie d'Arseni Tarkovski, le père du cinéaste, que Sakamoto enregistre dans la voix de David Sylvian.

Vous l’aurez compris c’est un disque plein de cinéma, d’un art du montage vous allez l’entendre aussi, où apparaît la voix de Paul Bowles (l’auteur d’Un Thé au Sahara, entre autres) qui pose quelques questions fondamentales…

« Parce que nous ne savons pas quand nous allons mourir, on considère parfois la vie comme un bien inépuisable, et pourtant tout arrive seulement un certain nombre de fois, un tout petit nombre, vraiment. Combien de fois vous souviendrez vous d’un certain après-midi d’enfance, un après-midi qui fait si profondément partie de vous que vous ne pouvez envisager votre vie sans lui ? Peut être quatre ou cinq fois, peut-être même pas. Combien de fois encore verrez-vous la pleine lune se lever ? Peut être vingt. Et pourtant on pense la revoir indéfiniment. »

Paul Bowles dans "The Sheltering Sky" de Bernardo Bertolucci

On se quitte avec un piano et des tintements qui tournoient… ici aussi, tout paraît sans limites.

Extraits diffusés :

  • andata
  • ZURE
  • fullmoon
  • ubi

Ryuichi Sakamoto « async » (Milan Music)

SITE : http://www.sitesakamoto.com/

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