ICI ABIDJAN -  À la rencontre des faiseurs d'art

La scène artistique ivoirienne est en pleine mutation grâce à l’engagement de trois structures privées : une maison rouge, un cube gris et une lune de verre.

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La Maison rouge symbolisant la Fondation Charles Donwahi pour l'art contemporain. 
La Maison rouge symbolisant la Fondation Charles Donwahi pour l'art contemporain.  © Fondation Donwahi

Temps de lecture : 4 min

Un pavillon à la Biennale de Venise en 2013, des artistes représentés dans les foires internationales et qui prennent de la valeur sur un marché africain de l’art contemporain qui peine encore à exister… Tout cela est devenu possible grâce à ces faiseurs d'art que sont la Fondation Charles Donwahi, la galerie Fakhoury et La Rotonde des arts.

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La maison rouge

Retranchée derrière de hauts murs carmin qui surplombent le boulevard Latrille, la Fondation Charles Donwahi pour l’art contemporain a fait le pari, dès 2008, d’offrir un espace consacré aux créations contemporaines qui corresponde le plus possible aux standards internationaux. La maison familiale s’est muée en un lieu chic, dirigé par l’ancienne patronne du Groupement des exportateurs de café et de cacao (Gepex) Illa Ginette Donwahi, fille du ministre de l’Agriculture de Côte d’Ivoire. Disposant d’un budget annuel important (200 000 millions de francs CFA, soit environ 305 000 euros), la fondation a pu programmer de très belles expositions, comme celle consacrée à la collection Sindika Dokolo, retraçant un siècle de photographie en Afrique. Un art qu’elle entend particulièrement mettre en avant. Depuis sa réouverture en 2013 (elle avait fermé en 2011-2012 à la suite de la crise postélectorale), la fondation a présenté notamment les travaux de Samuel Fosso et d’Ananias Léki Dago. Souhaitant faire connaître à un public ivoirien des artistes africains, comme Bili Bidjocka, bien souvent plus réputés en Europe que sur le continent, cette structure programme également des Occidentaux, à l’instar de «l’alchimiste» Jean-Claude Heinen qui vit en Côte d’Ivoire et dont les tableaux faits de «goudrons et or» sont présentés jusqu’au 25 juillet prochain. Son directeur artistique n’est autre que le curateur suisso-camerounais Simon Njami.

Fondation Charles Donwahi pour l’art contemporain, Boulevard Latrille, face à l’église Saint Jacques, II Plateaux – Téléphone : (+225) 22 41 45 49(+225) 22 41 45 49

Le cube gris

C’est le plus récent de tous les lieux d’art contemporain et sans doute le plus dynamique. À sa tête : Cécile Fakhoury. Cette trentenaire a de qui tenir. Fille de galeristes parisiens, belle-fille de l’incontournable architecte ivoiro-libanais Pierre Fakhoury, diplômée de l’Institut d’études supérieures des arts (IESA) de Paris, Cécile Fakhoury a conscience de la fragilité du secteur qui est le sien. Si elle refuse encore de parler d’un marché africain de l’art, elle reconnaît néanmoins une évolution positive. Fin 2013, après une année d’existence, sa meilleure vente s’élevait à 15 000 euros pour une toile de celui que l’on qualifie aisément – sinon abusivement, diront certains – de « Basquiat ivoirien », Aboudia. Une douzaine de mois plus tard, du 13 février au 2 avril dernier, l’exposition « No Man’s Land » de Jems Robert Koko Bi s’est révélée fructueuse. De nombreuses pièces sont parties entre 6 000 et 30 000 euros, achetées par des collectionneurs installés en Côte d’Ivoire. Lucide, Cécile Fakhoury a compris que les 600 mètres carrés (en extérieur et en intérieur) de son cube de béton brut ne suffiront pas à sa renommée. Afin de briser son relatif isolement et éloignement géographique, elle écume toutes les foires d’art internationales où elle représente des artistes comme François-Xavier Gbré, Paul Sika [renvoi possible vers le papier photo], Cheikh Ndiaye ou encore, le petit nouveau, Yéanzi, dont elle présente les émouvants portraits réalisés à partir de plastiques fondus jusqu’au 20 juin (« Persona »).

Galerie Cécile Fakhoury, boulevard Latrille, entre le rond-point de la RTI et le carrefour de la Vie, II Plateaux – Téléphone : (+225) 22 44 66 77(+225) 22 44 66 77

La lune de verre

Si vous êtes de passage à Abidjan, surtout n’oubliez pas de vous arrêter à La Rotonde des arts. Bien que, plus ancien, le lieu soit moins connu que la Fondation Donwahi ou la Galerie Cécile Fakhoury, le travail qu’y fait l’insubmersible Yacouba Konaté est fondamental. Philosophe et critique d’art, l’ancien commissaire de la Biennale Dak’art et actuel directeur du Marché des arts et du spectacle d’Abidjan en est convaincu : ce qu’il manque à la Côte d’Ivoire, c’est un musée d’art contemporain digne de ce nom. Qu’à cela ne tienne, en attendant que les politiques prennent enfin conscience qu’une société ne saurait se construire sans culture, Yacouba Konaté a transformé une partie de la galerie (375 m2) qu’il dirige en un petit musée de l’art moderne et contemporain ivoirien. On y trouve là des œuvres des principaux représentants du Vohou-Vohou, de nombreuses pièces de Christian Lattier ou encore de superbes sculptures de Jems Koko Bi, artiste qu’il avait sélectionné en 2013 pour représenter la Côte d’Ivoire lors de la Biennale de Venise aux côtés de Franck Fanny, de Frédéric Bruly-Bouabré et de Tamsir Dia.

Installée depuis 2008 dans un bâtiment circulaire du Plateau, non loin de la Librairie de France, la Rotonde des arts bénéficie d’un budget annuel de 6 millions de F CFA (9 000 euros). Derrière les larges baies vitrées formant une demi-lune sous une fresque haute en couleur, cette galerie programme alternativement dans ses 275 m2 réservés aux expositions temporaires des artistes du continent mais aussi d’Occident et d’Asie. Une manière de s’ouvrir sur le monde et de décloisonner les regards.

La Rotonde des arts, galerie commerciale Nour Al Hayat, au Plateau – Téléphone : (+225) 08 48 88 30(+225) 08 48 88 30

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