Éditions  Adimante  Analyse                                                        @EAdimante

 

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 21.06.2015

DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR L’INFORMATION EN SUISSE  2

Pourquoi des États généraux ?

Parce que l’information sur les questions européennes est en Suisse totalement biaisée et déformée par les médias.

Sur un sujet aussi important pour la Suisse, toute retenue ou manipulation des informations devrait provoquer une crise.

Des informations sont biaisées et retenues depuis maintenant plus de deux décennies sur ces questions et aucune crise n’a lieu.

On devrait se demander pourquoi ?

La réponse est simple. Pour qu’il y ait crise il faut que le peuple soit informé de ce qui ne fonctionne pas. Et ceux qui ont la responsabilité de l’informer sont eux-mêmes la cause du dysfonctionnement… Alors bien évidemment ils n’en parlent pas…

Les États généraux sont une assemblée extraordinaire mise sur pied pour traiter une crise et trouver des solutions. Ce rassemblement peut prendre n’importe quelle forme; dans le cadre d’Etats généraux de l’information en Suisse, cette assemblée chargée de traiter cette crise doit être le peuple.

Mais pour ça le peuple doit commencer par se saisir de cette question, les citoyen-ne-s doivent commencer à en parler entre eux. Le débat initié, ils doivent ensuite demander aux autorités politiques qu’elles mettent sur pied tous les moyens qui seront bons pour déterminer les contours de cette crise et quelles solutions elles proposent pour la résoudre.

Mais bien évidemment  se pose au préalable la question de savoir s’il y a une crise de l’information en Suisse ?

En politique une crise apparaît lorsque le gouvernement ne satisfait plus le peuple, ne répond plus à ses attentes, lorsque le rapport de confiance est rompu.

Dans le domaine de l’information une crise devrait apparaître lorsque les médias ne satisfont plus le peuple et ne répondent plus à ses attentes ni à ses besoins, lorsque le rapport de confiance n’existe plus.

Ce devrait être le cas lorsque les informations sur des questions politiques essentielles sont biaisées et déformées par les médias, sont l’objet de manipulations. Ce devrait être d’autant plus le cas lorsque la moitié de ces médias sont une radio et télévision publique, un média d’Etat que les citoyen-ne-s ont l’obligation de financer.

Dans une démocratie comme la Suisse les citoyen-ne-s sont en droit d’attendre une information objective et équilibrée sur les questions politiques fondamentales qui les concernent, et les questions européennes en font partie.

La question se résume donc à celle-ci : les médias suisses offrent-t-ils aux citoyen-ne-s une information objective et équilibrée sur les questions européennes ?

La réponse est NON et voici pourquoi.

I.

Lorsque la question de la libre-circulation des personnes s’est présentée pour la première fois en Suisse à la fin des années 90, vu l’importance fondamentale du sujet, cette question aurait dû être d’emblée soumise à la votation du peuple, c’est-à-dire en Suisse au référendum obligatoire. Le parlement a délibérément fait semblant de traiter cette question comme un objet secondaire afin d’éviter de le faire voter et d’éviter de le soumettre au vote de la double majorité des cantons et du peuple, difficile à obtenir en Suisse. Il a fallu que ce soit des groupements politiques minoritaires qui réunissent 50’000 signatures de citoyen-ne-s dans la rue pour que la libre-circulation soit soumise à la votation et force ainsi le parlement et l'establishment politique à demander l’avis du peuple. L’importance et les conséquences politiques et économiques de la libre-circulation des personnes est si évidente que cet objet aurait dû être d’emblée et obligatoirement soumis à la votation du peuple, l’objet est si fondamental qu’il aurait du obtenir la double majorité du peuple et des cantons pour être accepté; grâce à la manipulation du parlement la seule majorité du peuple a suffit pour le faire accepter. Le refus du parlement de faire voter d’emblée et obligatoirement la libre-circulation des personnes à la double majorité est une véritable manipulation des institutions politiques de la Suisse, un déni énorme et grossier des principes de sa démocratie directe. On a ici introduit au rabais et par la manipulation une des décisions les plus importantes pour l’avenir de la Suisse.

La presque totalité des Suisses ignorent cet épisode. La presse n’en a jamais rendu compte, un déni et une manipulation historique de la démocratie en Suisse.

II.

En 2009, lors de la votation pour l’extension de la libre-circulation des personnes à la Roumanie et à la Bulgarie, la question des effets de la libre-circulation des personnes en Suisse s’est posée. La cheffe du département fédéral de l'économie, la Conseillère fédérale Doris Leuthard, PDC, a fait la tournée des médias en Suisse-romande, affirmant jours après jours que la libre-circulation des personnes avait apporté des gains économiques considérables. La Conseillère fédérale a avancé des chiffres totalement faux et surévalués, dans un rapport de 1 à 5, comme si l’on avait promis un salaire de 100’000 par année alors qu’en réalité il n’était que de 20’000. La totalité des médias et des experts interrogés ont repris les chiffres de la Conseillère fédérale, personne ne s’étant aperçu qu’ils étaient absolument faux…

Aucun média n’a jamais rendu compte de cette erreur, de ce chiffre faux sur lesquels les Suisses se sont basés pour accepter la votation.

Le gain apporté par la libre-circulation et trouvé par la seule étude effectuée jusqu’alors montrait un accroissement de 0.16 % du PIB par année. Une autre étude de l’administration avait montré deux ans auparavant que la seule simplification et abaissement du taux de TVA aurait pu apporter un accroissement de de 2.1 % du PIB par année.

Comparativement le gain dégagé par la libre-circulation des personnes était dérisoire. La quasi-totalité des Suisses l’ignore.

III.

La presse en Suisse-romande est quasi monopolistique, elle se partage entre la radio-télévision d’Etat et un ou deux grands groupes médiatiques. Or, tant le média d’Etat que les grands médias privés ont eu durant les deux dernières décennies des intérêts propres et particuliers à l’introduction de la libre-circulation des personnes en Suisse. Le secteur étatique cherchant à tout prix un moyen de croissance rapide afin de refinancer les sommes énormes perdues dans la spéculation sur les marchés boursier par les caisses de retraites de la fonction publique; le secteur privé parce que certains de ces groupes de presse, gros possédants immobiliers, avaient eux aussi besoin d’une croissance rapide de la demande immobilière pour se refaire après les pertes subies dans la crise spéculative qui a ravagé l’immobilier en Suisse à la fin des années 90. Dans les deux cas, ces deux secteurs monopolistiques des médias ont en quelque sorte délivré des informations en étant à la fois juges et parties. En ayant un intérêt financier personnel immédiat à ce que la libre-circulation des personnes soit introduite rapidement pour qu’ils puissent se refinancer.

Les Suisses n’ont à ce jour jamais eu aucune connaissance de ces faits, qui sont pourtant déterminants en matière d’information.

IV.

En Suisse, l’exigence en matière de délivrance objective et équilibrée de l’information est devenue si laxiste et peu respectée que nombre de journalistes, et en particulier dans les médias d’Etat, n’hésitent plus à s’octroyer toutes les libertés pour faire passer leurs propres penchants politiques dans la relation des faits. Comme si le média d’Etat était devenu leur chasse-gardée ou leur propriété personnelle. Pour un exemple récent celui de la presse tant étatique que privée en Suisse-romande qui, suite au vote des Suisses dénonçant la libre-circulation des personnes et aux réactions négatives de l’UE, n’hésitait pas à colporter des informations fausses et non vérifiées visant à effrayer les Suisses sur les conséquences de leur vote. Ainsi dans l’émission radiophonique RTS [Journal du matin du 30 avril 2015, 7.00 h.] où les rédacteurs chroniqueurs de la rubrique politique n’hésitaient pas à affirmer sur un ton incroyablement théâtral et dramatique proche de la propagande que la Commission européenne avait désormais suspendu toutes les négociations avec la Suisse. Ce qui bien évidemment est totalement faux. L'ambassadeur en poste à Bruxelles ayant dû rappeler à l’ordre toute la presse romande en déclarant que c’était une rumeur infondée. Personne ne sachant d’où sortait cette information et s’il s’agissait d’une pure invention des journalistes.

Affirmation de suspension des négociations qui au demeurant est totalement irréaliste voir grotesque puisque les Etats-membres de l’UE retirent des revenus considérables de leurs entreprises qui sont venues s’implanter en Suisse à la faveur de la libre-circulation des personnes. Suspendre toutes négociations serait les prétériter elles-aussi et peut-être en premier.

Les questions sur la libre-circulation des personnes en Suisse sont des questions qui touchent en profondeur la souveraineté et l’avenir tant économique que politique de la Suisse et de ses habitants. Des quelques exemples qui viennent d’être présentés et qui couvrent deux décennies on voit que l’exigence d'information objective et équilibrée n’est pas remplie en la matière. Et pour cette raison les Suisses doivent maintenant demander des États généraux sur l’information en Suisse.

La démocratie, la vérité des faits et la nécessité d’être correctement informé, exigent désormais non seulement la mise sur pied d’Etats généraux en matière d’information, mais un moratoire sur toute votation concernant la libre-circulation des personnes. Il faut maintenant refuser tout vote sur les questions européennes avant que le problème de la qualité de l’information et de son objectivité ne soit réglé en Suisse. C’est là une simple exigence éthique et de respect de la démocratie.

Michel Piccand

21 juin 2015

Éditions Adimante       sur Twitter  @EAdimante

Les affirmations présentées ici sont toutes justifiées et documentées dans l’essai “La croissance économique de la Suisse, un drame politique caché” © 2014 disponible sur Amazon.

Ce document fait suite à

DES ÉTATS GÉNÉRAUX SUR L’INFORMATION EN SUISSE 1

qui se trouve ici : lc.cx/ZTvP  

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