Décembre en mars : la faute au... réchauffement climatique !

Les climatologues s'interrogent sur les températures anormalement basses de ce printemps. Mais le débat demeure, et leurs conclusions restent prudentes.

Source AFP

Le port de Sète blanchi par la neige le 25 mars.
Le port de Sète blanchi par la neige le 25 mars. © Photononstop/AFP

Temps de lecture : 3 min

Le printemps est là, et pourtant une partie de l'Europe et des États-Unis brave un froid digne du coeur de l'hiver. Preuve que le changement climatique n'existe pas ? Au contraire, selon certains climatologues, il est à l'origine du phénomène.

La newsletter sciences et tech

Tous les samedis à 16h

Recevez toute l’actualité de la sciences et des techs et plongez dans les Grands entretiens, découvertes majeures, innovations et coulisses...

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Ce mois de mars bat quelques records : températures anormalement basses en Belgique ou dans l'est de la France, jusqu'à 10 000 têtes de bétail prisonnières de la neige en Irlande du Nord, 25 morts en Pologne en mars avec des températures descendues jusqu'à - 24 °C la nuit... Pour la quatrième année consécutive, des hivers particulièrement marqués, avec de fortes chutes de neige en Europe et en Amérique du Nord, intriguent des climatologues. Et leurs soupçons se portent sur la fonte de la banquise arctique en été, qui, selon eux, entraînerait de fortes modifications de la circulation atmosphérique dans l'hémisphère nord en hiver. En 1979, début des mesures satellitaires, la glace couvrait environ 7 millions de km2 d'océan durant l'été. En septembre 2012, ce n'étaient plus que 3,4 millions de km2.

"Le lien est de plus en plus clair, je pense, même si la science n'est pas totalement fixée à ce sujet", avance le climatologue Dim Coumou de l'Institut Potsdam pour la recherche sur le climat (PIK), près de Berlin, qui va ainsi dans le sens de plusieurs études publiées ces dernières années. Pour un autre grand défenseur de cette thèse, le professeur des sciences de la terre et de l'atmosphère de l'université Cornell (New York) Charles Greene, l'explication est la suivante : moins il y a de banquise arctique pour refléter les rayons du soleil et plus la mer se réchauffe (et accélère, à son tour, la fonte de la banquise). À l'automne, la chaleur emmagasinée est graduellement relâchée dans l'atmosphère, augmentant le taux d'humidité et la pression atmosphérique, et réduisant d'autant la différence de température entre l'Arctique et les latitudes plus basses.

Des hivers interminables

Cette situation modifie alors le ballet complexe qui se joue entre la mer et l'air, en l'occurrence l'oscillation arctique et l'oscillation nord-atlantique, qui influencent directement le temps qu'il fait en Amérique du Nord et en Europe. L'un des effets est l'affaiblissement du vortex polaire, ce cyclone permanent situé à proximité du pôle, moins capable de retenir les masses d'air froid et humide en provenance de l'Arctique, qui se déversent ainsi sur des latitudes plus basses. "On a eu quelques hivers (en Europe) avec des épisodes froids plutôt courts, de 10 à 30 jours, durant lesquels on a constaté ce système de hautes pressions. Cela a été la même chose sur l'Amérique du Nord continentale, avec des épisodes similaires et assez bizarres de froid, mais plus courts", relève M. Coumou.

Ces hivers vont-ils pour autant devenir monnaie courante ? "Les changements qui s'opèrent sur la banquise augmentent la probabilité que l'air froid arctique s'enfonce plus au sud", assure Charles Greene. "Mais il est moins évident de prédire quelles régions vont être touchées. On ne sait pas bien encore comment ce phénomène interagit avec d'autres éléments du système climatique, comme El Niño ou La Niña", ajoute-t-il.

La question n'est pas tranchée

Cette théorie ne fait néanmoins pas l'unanimité au sein de la communauté des climatologues. "On n'observe le phénomène de réduction de la banquise en Arctique que depuis une quinzaine d'années, et c'est un peu court pour conclure formellement" à un lien, argumente David Salas y Mélia, chercheur en climatologie à Météo-France. Jeff Knight, de l'Office météorologique national britannique, met lui en avant la variabilité naturelle de l'oscillation nord-atlantique qui peut s'étendre sur "des décennies". "Il n'est pas impossible d'expliquer qu'il y a un lien entre la fonte de la banquise et la circulation atmosphérique", concède-t-il, "mais le jury est encore en train de délibérer sur cette question".

Plus terre à terre, les spécialistes réunis à Paris pour le 10e Forum international de la météo et du climat assurent que le printemps très frisquet que nous connaissons est certes anormal, mais pas alarmant pour autant. "Ce phénomène météorologique n'a rien d'exceptionnel", explique Alain Mazaud, climatologue. "Il a simplement une caractéristique de durée un peu plus longue que d'habitude." Certes !

REGARDEZ


Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (18)

  • justice.

    Je ne crois pas aux théories des deux premiers climatologues ! Je reste fidèle à la théorie de Claude Allègre qui se confirme !

  • belgicatolosa

    La banquise se réduit (=fond) et reflète moins, d'accord, mais le plus important est la quantité phénoménale d'eau douce qui se déverse dans l'océan et influence le Gulf Stream.

  • l eclopee

    Tout ces objets volants que l'on envoie sans vergogne dans l’atmosphère depuis des décennies... Cela ne peut aussi jouer ?