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École à la maison : "La liberté de l’instruction doit demeurer la règle et non devenir l’exception"
"Depuis trente ans de nouvelles familles choisissent cette instruction en raison notamment des nouvelles pédagogies possibles qui s’avèrent parfois plus adaptées aux enfants. "
© Ludovic MARIN / POOL / AFP

École à la maison : "La liberté de l’instruction doit demeurer la règle et non devenir l’exception"

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Plusieurs députés Les Républicains, à l'initiative de Laurence Trastour-Isnart, députée des Alpes-Maritimes, s'inquiètent de la volonté d'Emmanuel Macron de limiter l'école à la maison.

Nous, députés Les Républicains, nous tenons à affirmer notre attachement à la liberté d’instruction et notre désaccord avec l’annonce faite par le président de la République le 2 octobre dernier lors de son discours aux Mureaux : à "la rentrée 2021, l’instruction à l’école sera rendue obligatoire pour tous dès 3 ans. L’instruction à domicile sera strictement limitée, notamment aux impératifs de santé." Cette déclaration, si elle se traduit dans les faits, portera atteinte à une liberté fondamentale des familles car bien que l’instruction soit obligatoire en France, celle-ci "peut être donnée soit dans les établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles" (article L.131-2, Code de l’éducation).

Un signal inquiétant

Nous estimons que ces trois modèles d’instruction existants doivent demeurer. En effet, l’instruction à domicile, qui concerne près de 50 000 enfants, est complémentaire de l’instruction à l’école tant publique que privée. Depuis trente ans de nouvelles familles choisissent cette instruction en raison notamment des nouvelles pédagogies possibles qui s’avèrent parfois plus adaptées aux enfants. L’annonce faite par le président de la République porte dès lors atteinte à la décision souveraine des familles et à leur liberté la plus fondamentale à l’égard de leurs enfants, celle de la liberté d’enseignement.

Interdire l’instruction à domicile nous semble être un signal inquiétant, alors même que la famille est la structure par excellence où tout être humain appréhende la vie sociale et les interactions avec autrui. Les parents sont les premiers décisionnaires de l’éducation de leurs enfants. Le choix de l’instruction à domicile ou dans une école, publique ou privée, sous contrat ou hors contrat, relève entièrement de leur décision. Une décision que le Président de la République se doit de respecter.

L'interdiction provoquera mécaniquement le recrutement de dizaines voire de centaines de nouveaux professeurs

Nous conclurons en affirmant que le risque de séparatisme dénoncé par Emmanuel Macron ne doit pas être une occasion de caricaturer ni de stigmatiser l’instruction à domicile comme lieu privilégié de développement de ce fléau. Une telle attitude révèle une méconnaissance de ce modèle éducatif qui a pourtant fait ses preuves pour tant d’enfants. Si, pour lutter contre la partition, l’encadrement avec un suivi spécifique doit certainement être assuré lorsque des suspicions de séparatisme existent au sein de tel ou tel foyer, l’interdiction de manière généralisée de l’instruction à domicile est une erreur.

En outre, son interdiction provoquera mécaniquement le recrutement de dizaines voire de centaines de nouveaux professeurs – pour répondre à l’intégration de ces élèves à l’école – alors même que les fonds mobilisés pourraient être dédiés à la formation d’agents vérifiant l’instruction faite à domicile. La liberté de l’instruction doit demeurer la règle et non devenir l’exception.

Signataires :

Laurence TRASTOUR-ISNART (députée des Alpes-Maritimes) ;

Edith AUDIBERT (députée du Var) ;

Marc LE FUR (député des Côtes-d’Armor, vice-président de l’Assemblée nationale) ;

Jean-Luc BOURGEAUX (député d’Ille-et-Vilaine) ;

Jean-Yves BONY (député du Cantal) ;

Frédérique MEUNIER (députée de la Corrèze) ;

Philippe BENASSAYA (député des Yvelines) ;

Josiane CORNELOUP (députée de Saône-et-Loire) ;

Jean-Carles GRELIER (député de la Sarthe) ;

Bérengère POLETTI (députée des Ardennes) ;

Fabrice BRUN (député de l’Ardèche) ;

Gérard MENUEL (député de l’Aube) ;

Pierre CORDIER (député des Ardennes) ;

Dino CINIERI (député de la Loire) ;

Thibault BAZIN (député de Meurthe-et-Moselle)

Robert THERRY (député du Pas-de-Calais) ;

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