A 75 ans, pas question de dételer pour Michel Leclerc. Dix ans après avoir vendu ses « supermarchés de la mort » Roc’Eclerc, ce trublion du commerce veut de nouveau bousculer le monde des pompes funèbres, qui manque cruellement de concurrence à ses yeux. En cédant son affaire, il avait signé une clause qui le tenait à l’écart du secteur pour dix ans. « Elle est tombée en mai. Désormais, je suis libre de parler et d’agir. »
A vrai dire, M. Leclerc n’a pas attendu le printemps pour repartir à l’assaut de ce marché qu’il connaît bien. Dès 2011, ce flibustier des affaires a contribué à la création d’une nouvelle entreprise funéraire familiale, appelée Sublimatorium Florian Leclerc. Officiellement, il n’y joue aucun rôle. Ses deux plus jeunes enfants, Florian et Jérôme, 25 et 26 ans, en sont les actionnaires et dirigeants.
En pratique, toutefois, « j’apporte mon expérience et mes conseils », indique le patriarche, frère d’Edouard, le fondateur des centres Leclerc décédé en 2012, et oncle de Michel-Edouard Leclerc, leur patron actuel. « On utilise sa notoriété », ajoute Florian Leclerc. Très actif, Michel Leclerc est toujours présent lorsqu’il s’agit d’inaugurer un nouveau point de vente, de recruter un franchisé ou de critiquer publiquement « ceux qui matraquent les familles en deuil ».
Innovations
C’est aussi lui qui a inventé les deux innovations grâce auxquelles la société espère un jour comprimer encore ses prix : un four permettant la crémation d’un corps en moins de quinze minutes et un module téléguidé pour déplacer les cercueils qui permettrait de se passer de la plupart des porteurs. A la clé, des centaines d’euros d’économie pour les familles, prédisent les Leclerc. Aucun des deux dispositifs ne sera cependant en service avant des années.
Avec cette entreprise, « on recommence comme au milieu des années 1980, lorsque j’ai entamé mon combat pour la liberté dans le domaine funéraire », explique Michel Leclerc. A l’époque, le secteur était cadenassé. Les Pompes funèbres générales (PFG), dans l’orbite de la Lyonnaise des eaux, bénéficiaient d’un monopole dans de nombreuses villes. Le commerçant avait été le premier à s’attaquer à la forteresse. La bataille fut remportée avec la loi Sueur et l’ouverture officielle à la concurrence, en 1993. Il s’en souvient encore : « Lors d’un déjeuner à l’Elysée, François Mitterrand m’a demandé : “Tu la veux, ta loi ? Elle passera demain au conseil des ministres.” »
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