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L'autoédition, nouveau terrain de chasse des éditeurs

¤ L'autoédition est en plein essor sur le Net. ¤ Les éditeurs traditionnels cherchent à repérer les talents et des agents littéraires d'un type nouveau apparaissent.

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Par Véronique Richebois

Publié le 18 mai 2016 à 01:01

L'essai est transformé. Le succès, impromptu, du roman d'Agnès Martin-Lugand, « Les gens heureux lisent et boivent du café », d'abord autoédité sur Amazon avant d'être publié en 2013 dans le circuit traditionnel par Michel Lafon, n'aura pas été qu'un feu de paille. Son deuxième livre, que vient d'éditer le même Michel Lafon, « Désolée, je suis attendue », truste, trois semaines seulement depuis sa sortie, la deuxième place du classement Livres Hebdo des romans, avec 384.000 exemplaires, selon l'institut GfK - devant David Foenkinos et Marc Levy ! Il est vrai que, fin renard et homme de coups, Michel Lafon est l'un de ceux qui ont pris en marche, très vite, le train de l'exploitation des succès de l'autoédition.

Cofondatrice, en 2013, avec Laure Prételat, de la start-up Librinova, qui permet aux écrivains amateurs de publier leurs manuscrits sur liseuse, Charlotte Allibert se révèle encore plus pragmatique : « L'autoédition est le phénomène 2016. Depuis le succès du roman autoédité "50 Nuances de Grey" en 2011 puis, en France, celui d'Agnès Martin-Lugand, tous les éditeurs ont commencé à se dire : "Il faut que j'aie mon succès d'autoédition cette année !" ».

Au dernier Livre Paris (ex-Salon du livre), le promeneur ne pouvait que constater la multiplication de stands de plates-formes spécialisées comme Librinova, mais aussi Iggy Book (« Vendez votre ebook en direct. Gardez 100 % du prix de vente », promet son site), Edilivre, Bookelis, MonBestSeller, YouScribe ou encore Kobo. Flairant le potentiel du phénomène, une foultitude de petits acteurs ont ainsi mis un pied dans la porte, se glissant derrière les figures imposantes de BoD (Books on Demand) et, plus encore, du géant Kindle/Amazon. Même si, du propre aveu de Florian Lafani, éditeur chez Michel Lafon, « sur les 120 livres annuels que nous éditons, les livres autoédités ne sont au nombre que de 4 ou 5 ».

A ce jeu-là, les candidats écrivains, rêvant de percevoir 70 % de la vente de leur livre (contre 30 % dans le circuit de l'édition classique), sont légion. Selon l'étude Odoxa réalisée par Amazon en mars 2015, « 1 Français sur 3 a déjà écrit ou songé à écrire un livre (31 %) ». Et « 73 % considèrent l'autoédition comme une option privilégiée », relève la même étude.

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Avantages substantiels et risques amoindris

Mais l'alchimie n'aurait jamais fonctionné si cette offre n'avait pas rencontré une demande à la hauteur. Et si cette porosité des maisons d'édition traditionnelles avec l'univers du manuscrit à compte d'auteur, réputé jadis infréquentable, n'offrait de substantiels avantages aux éditeurs : les voilà en mesure de constituer un vivier supplémentaire de talents déjà adoubés par le grand public. Un risque éditorial bien moindre, en théorie. « Qu'un livre ait eu du succès sur Internet est un gage de succès en librairie, car on peut s'en prévaloir pour le lancement », souligne un éditeur. « Quelqu'un qui a 1 million de followers sur Twitter, on l'édite. On est sûr de vendre. Les fans d'EnjoyPhoenix sur les réseaux sociaux, par exemple, forment un public captif », ajoute un autre. « On ne peut pas passer à côté de 10.000, voire 20.000 ou 30.000 ventes sur Internet, intervient Florian Lafani. Mais le risque éditorial n'est pas écarté pour autant. Déclencher un acte d'achat à 2,99 euros sur Internet et faire acheter un livre dans une librairie à 16 euros, cela n'a rien à voir. »

Reste que l'emballement du phénomène, même s'il est encore balbutiant, se traduit par une attention accrue portée au goût du lecteur... et, par ricochet, au marketing. « Amazon se situe dans une logique d'alimentation en contenus de sa liseuse Kindle. Son objectif est de maîtriser tout le process, commentait récemment le célèbre et très traditionnel agent suisse Peter Fritz, sur Arte. Et du jour au lendemain, nous avons vu surgir un acteur qui ne regardait que les consommateurs. » Consommateurs, le mot est lâché...

Véronique Richebois

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