« Nous sommes prêts à résister le temps qu’il faudra », a prévenu vendredi 10 février Carlos Allendes, le porte-parole du Syndicat des travailleurs d’Escondida, la plus grande mine de cuivre au monde, qui se trouve en plein désert d’Atacama, dans le nord du Chili. La grève « illimitée », qui a débuté la veille pour des revendications salariales, a été approuvée par « 99,9 % » des 2 500 salariés, après « plusieurs semaines de négociations infructueuses », selon M. Allendes, qui se prépare à un conflit « dur ».
Ce mouvement a contraint la compagnie minière anglo-australienne BHP Billiton à paralyser totalement, pour au moins quinze jours, sa production. Le groupe a invoqué une clause, dite de force majeure, à laquelle peuvent recourir les producteurs de matières premières s’ils sont dans l’impossibilité de respecter leurs contrats pour des raisons échappant à leur contrôle.
Cette annonce a fait grimper le prix du cuivre à Londres, les marchés internationaux s’inquiétant de potentielles difficultés d’approvisionnement, la mine d’Escondida représentant à elle seule 5 % de l’offre mondiale.
Le pays détient 20 % des réserves mondiales d’or rouge
Le gouvernement chilien de centre-gauche de Michelle Bachelet redoute, pour sa part, les répercussions que pourrait avoir ce conflit sur une économie déjà affaiblie. « Cette grève pourrait affecter plus gravement le produit intérieur brut [PIB] que les incendies de forêts – les plus graves de l’histoire du Chili – qui ont ravagé le pays fin janvier », estime le ministre des finances, Rodrigo Valdes.
Le Chili détient 20 % des réserves mondiales de cuivre et l’or rouge a longtemps été le moteur de l’économie du pays, à l’origine du dénommé « miracle chilien ». La mine d’Escondida assure 25 % de la production de cuivre chilien, soit environ 927 000 tonnes de métal rouge par an. « Escondida est probablement le principal acteur économique privé », explique, depuis Santiago, l’économiste Carlos Guajardo, indiquant « qu’elle représente près de 1 % du PIB chilien et 10 % des exportations nationales ».
Le président d’Escondida, Marcelo Castillo, a appelé les grévistes à éviter « tout acte de violence » et à « respecter la loi » alors que les mineurs ont installé un campement provisoire à l’extérieur de la mine et constitué un fonds de soutien de 250 millions de pesos (367 000 euros). La direction du groupe a créé une commission chargée d’assurer la sécurité des personnes et des installations.
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