Catégorie

mardi 14 février 2017

JOSÉ DE SAN MARTÍN (1778-1850)


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

JOSÉ DE SAN MARTÍN 
PAR FRANÇOIS JOSEPH NAVEZ, (1824) 

Soldat et homme d'État argentin. Fils d'une famille d'aristocrates espagnols qui retournèrent en Espagne quand il avait sept ans, José de San Martín reçut une éducation européenne. Ricardo Rojas, son biographe, divise sa vie en trois époques : 1778-1817, années de formation ; 1817-1822, années de réalisations ; 1822-1850, années de renoncement. San Martín servit vingt-deux ans dans l'armée espagnole et atteignit le grade de lieutenant-colonel. 
PORTRAIT DU GÉNÉRAL
JOSÉ DE SAN MARTIN
(1829) PROBABLEMENT
PAR JEAN BAPTISTE MADOU.
Apprenant en 1812 qu'un mouvement pour l'indépendance de son Argentine natale avait éclaté à Buenos Aires, il offrit ses services au gouvernement révolutionnaire. À son retour en Argentine, il trouva le pays en proie au chaos. Il ne s'y était formé aucun gouvernement stable, et les liens qui le rattachaient à l'Espagne n'avaient pas non plus été coupés par une déclaration formelle d'indépendance. San Martín ne briguait pas le pouvoir politique, il était soldat au tout premier chef, tout en marquant une préférence pour la monarchie constitutionnelle. Son objectif primordial était de battre les forces espagnoles et d'émanciper l'Amérique. Il était convaincu que la domination espagnole sur l'Amérique serait maintenue tant que le Pérou ne serait pas libéré. « La guerre, disait-il, continuera tant que nous ne serons pas à Lima. » Son plan consistait donc à former une petite armée disciplinée en Argentine occidentale, puis à entrer au Chili pour chasser les Espagnols, y établir un gouvernement amical et stable, et conduire finalement son armée par mer jusqu'au Pérou.

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

DESSIN CHARLES DOMINIQUE FOUQUERAY
IMMAGE GALLICA

L'Argentine proclama son indépendance en 1816, alors que San Martín attendait patiemment son heure. Trois années durant, il organisa et exerça ses hommes, puis, au début de 1817, il traversa les Andes en deux endroits, Los Patos et Uspallata, fondant à l'improviste sur les Espagnols. Il les battit à Chacabuco et entra à Santiago du Chili le 15 février 1817. Nommant son ami et collaborateur Bernardo O'Higgins directeur politique du Chili, il rassembla ses forces pour la suite de l'action. Une deuxième victoire sur les Espagnols, à Maipú en 1818, scella l'indépendance du Chili.

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

GRAVURE ENTREVUE SAN MARTIN ET BOLIVAR À GUAYAQUIL
PAR J. COLLIGNON

La conquête du Pérou était cependant une autre affaire. San Martín passa près de deux ans à armer une flotte pour transporter son armée. Il s'embarqua enfin en août 1820 pour Lima, entra dans la ville le 9 juillet 1821 et proclama l'indépendance du Pérou. Mais les forces espagnoles se retirèrent dans les montagnes, et San Martín ne put en venir à bout. 

Tout naturellement, il songea à Bolívar, qui se dirigeait alors vers le sud dans sa campagne de libération de l'Équateur. Les deux hommes se rencontrèrent à Guayaquil en juillet 1822. La teneur de leur entretien est l'une des questions les plus controversées de l'histoire hispano-américaine. Une chose est sûre : ils ne purent s'entendre sur des plans de libération pour le Pérou, ou d'avenir politique pour l'Amérique latine qui leur convinssent à tous deux. Déçu, San Martín quitta Guayaquil en avouant que Bolívar n'était pas « l'homme que nous avions imaginé ». 

Il présenta sa démission au Congrès péruvien en septembre 1822. Le fit-il pour laisser le champ libre à Bolívar ou à cause de l'écroulement de ses espoirs ? Cela demeurera toujours un mystère. Il fit à l'Amérique un adieu muet et écrivit à O'Higgins : « Je suis las d'être traité de tyran, d'entendre les gens dire que je veux être roi, empereur, ou même le diable. » Il passa le reste de sa vie d'exilé en Belgique, puis à Paris, enfin à Boulogne-sur-Mer.

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

ESTAMPE BATALLA DE CHACABUCO 
AUTEUR GERICAULT THÉODORE

San Martín n'a pas eu une influence aussi considérable que Bolívar sur le mouvement d'indépendance de l'Amérique du Sud, et ses idées politiques ne trouvèrent pas d'écho. Il était partisan d'une monarchie constitutionnelle centralisée qui ne convenait pas à la plupart des pays d'Amérique latine. Par ses qualités humaines et militaires, il se classe parmi les grands hommes d'Amérique du Sud. Les victoires de Chacabuco et de Maipú sont des jalons de l'indépendance de l'Argentine, du Chili et du Pérou ; néanmoins, le triomphe final sur les troupes espagnoles n'intervint qu'après que San Martín se fut retiré de la lutte.

© Encyclopædia Universalis 2004