Les prix du lithium, un minerai parfois présenté comme « le pétrole du XXIe siècle », flambent. Ils ont plus que doublé depuis la fin de 2015 pour atteindre 13 000 dollars (12 243 euros) la tonne. Quant à la demande mondiale, en forte hausse, elle pourrait dépasser les 170 000 tonnes en 2021, selon la Corporation nationale du cuivre (Codelco), à Santiago. Car ce métal mou, très léger et blanc argenté n’est pas seulement un composant essentiel des batteries des téléphones portables. Il est utilisé par les laboratoires pharmaceutiques pour combattre les maladies bipolaires, mais aussi dans l’industrie nucléaire et dans l’automobile, actuellement son principal débouché pour les batteries des voitures électriques.
A eux trois, l’Argentine, la Bolivie et le Chili détiennent plus de 70 % des réserves mondiales, de facile extraction. Le carbonate de lithium se trouve dans des zones désertiques, à la place de lagunes et de lacs asséchés, sur des plateaux à haute altitude. Les multinationales minières se sont mises en ordre de bataille, ces dernières années, avec les yeux rivés sur le dénommé « triangle du lithium », formé par les déserts de sel d’Atacama, au Chili, d’Uyuni, en Bolivie, et d’Hombre Muerto, en Argentine. Les gouvernements de ces trois Etats frontaliers d’Amérique du Sud les ont encouragées : ils misent – ou ont misé – sur les investissements étrangers pour trouver de nouvelles sources de croissance.
Le Chili était jusqu’à présent le principal producteur de lithium, avec 50 « salars » (des déserts de sel) répertoriés, dont le plus étendu est celui d’Atacama, au nord du pays, l’un des endroits les plus arides de la planète. La particularité de leurs saumures, comme en Argentine ou aux Etats-Unis, est qu’elles produisent du carbonate de lithium, plus facile et plus économique à exploiter que le lithium minéral que l’on trouve en Australie, au Brésil ou au Zimbabwe, précise Codelco.
Réduction de dépendance
La présidente chilienne, la socialiste Michelle Bachelet, s’y est intéressée de près car elle veut réduire la dépendance de son pays à l’égard du cuivre, dont le prix s’est effondré sur les marchés mondiaux alors qu’il assurait jusqu’à présent plus de la moitié des entrées de devises. « Notre situation économique est la meilleure preuve que nous ne pouvons ni être un pays monoproducteur ni diminuer l’exportation de matières premières », a fait valoir la présidente en lançant, en janvier 2016, une nouvelle politique du lithium qui repose sur des partenariats entre Codelco et des sociétés privées.
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