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Les enfants, doublement victimes du conflit en Syrie

Alep, 4 février 2014. Fadi al-Halabi/AFP

Dans un rapport accablant, l'ONU accuse le régime de Damas, comme la rébellion, d'avoir infligé des souffrances «indicibles et inacceptables» aux enfants, pendant trois années de guerre.

On se souvient de ces images de gamins qui, à Hama, Homs ou Idlib, s'égosillaient dans les manifestations contre le «chien» de Damas. On se souvient aussi, dans l'autre camp, de ces filles et garçons, le portrait de Bachar el-Assad à bout de bras, criant leur amour pour le raïs en plein cœur de la capitale syrienne. C'était il y a presque trois ans, au début de l'insurrection contre le régime syrien. Depuis, les armes ont remplacé les slogans. Et les enfants, victimes insouciantes d'un conflit qui les dépasse, en sont devenus malgré eux des acteurs à part entière.

Dans un rapport accablant, publié ce mardi, et remis au Conseil de sécurité, l'ONU accuse les deux parties au conflit d'infractions graves à leur encontre. «Les souffrances endurées par les enfants en République arabe syrienne depuis le début du conflit (…) sont indicibles et inacceptables. Les violations doivent cesser immédiatement», y déclare Ban Ki-moon, son Secrétaire général. Un véritable cri d'alarme qui résonne à travers les 20 pages de cette enquête détaillée couvrant la période allant du 1er mars 2011 au 15 novembre 2013.

Des enfants torturés pour faire pression sur leurs parents

Exemple, ces enfants qui auraient servi à maintes reprises de boucliers humains lors d'opérations au sol menées par les forces gouvernementales. Lorsqu'elles envahirent Deir Babli, dans la province de Homs, en avril 2012, elles auraient forcé des femmes et des enfants à s'aligner entre les chars d'assaut et les soldats de l'armée régulière pour dissuader les rebelles de riposter. En août 2012, dans le village de Kuferzita, dans la province de Hama, elles auraient également arrêté un grand nombre de filles et garçons, âgés pour la plupart de 10 à 12 ans, les obligeant à se tenir face aux blindés, de chanter des chansons à la gloire du régime et d'organiser une manifestation pro-Bachar.

Les forces gouvernementales sont également tenues pour responsable de la torture d'enfants (chocs électriques, y compris sur les parties génitales, ongles arrachés, coups de câble, viols et menaces de viol, brûlures de cigarette) dans le but de faire pression sur leurs parents. Par ailleurs, le rapport évoque des actes d'intimidation exercés sur de jeunes hommes, même âgés de moins de 18 ans, pour qu'ils rejoignent les forces armées.

Plus de 10.000 enfants tués en trois ans de conflit

L'enrôlement des jeunes est une pratique que les rebelles anti-Bachar ont également intégrée. «Particulièrement préoccupants sont les cas de recrutement ou de tentative de recrutement d'enfants au sein des populations réfugiés dans les pays voisins. La majorité des incidents sont liés au recrutement par les groupes affiliés à l'Armée syrienne libre ou par des groupes armés kurdes syriens», précise le rapport. À ce jour, plus de deux millions de personnes, surtout des femmes et des enfants, ont fui le conflit syrien. Leur recrutement par les rebelles est d'autant plus pernicieux que ces derniers profitent de l'absence de structure éducative et du chômage pour attirer les jeunes et gonfler leurs rangs. L'Onu dit aussi avoir reçu de l'intérieur de la Syrie des informations «concordantes» sur l'enrôlement des jeunes, même si, précise-t-elle, il ne s'agit pas d'une politique systématique. «Les entretiens avec les enfants et leurs parents indiquent que la perte des parents et des proches, la mobilisation politique et la pression de leurs semblables au sein des familles et des communautés, ont contribué à la participation des enfants aux groupes affiliés à l'ASL», estime le rapport.

D'après les Nations unies, plus de 10.000 enfants - sur un total de plus de 100.000 personnes - ont été tués en Syrie en trois ans de conflit.

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