C’est une pièce de taille dans le puzzle politique mémoriel assemblé par François Hollande. Le président de la République a reconnu, dimanche 25 septembre, « les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines de ceux transférés en France ».
Une parole de poids prononcée par le chef de l’Etat lors d’un discours dans la cour de l’hôtel national des Invalides, à Paris, à l’occasion de la Journée nationale d’hommage aux harkis.
En s’exprimant ainsi, M. Hollande honore une promesse de campagne faite en 2012, quand, candidat à la présidentielle, il s’était engagé à reconnaître la responsabilité de la France « dans l’abandon des harkis » à la fin de la guerre d’Algérie.
Après les accords d’Evian du 18 mars 1962, entre 55 000 et 75 000 harkis avaient été laissés seuls en Algérie par l’Etat français, face aux sanglantes représailles des partisans de l’indépendance. Une blessure jamais refermée, depuis, pour cette communauté, dont 60 000 personnes ont été admises en France au fil des années, formant, avec leurs descendants, une population estimée à 500 000 personnes.
Une fois la gauche arrivée au pouvoir, c’était Kader Arif, alors ministre délégué aux anciens combattants, qui avait parlé au nom du gouvernement lors de la journée d’hommage du 25 septembre 2012. En évoquant, quatre ans plus tard, une « vérité implacable » et « cruelle », c’est le chef de l’Etat lui-même qui a pris cette fois position au nom de la République.
« C’est un acte très important de la part d’un président en exercice, dans un cadre officiel et dans un lieu mémoriel très symbolique, les Invalides », explique au Monde l’historien spécialiste de la guerre d’Algérie Benjamin Stora, qui a été consulté par M. Hollande avant son discours.
Réconciliation dans une période marquée par l’affrontement
L’intervention du chef de l’Etat est aussi un message adressé à la droite et à l’extrême droite qui séduisent largement l’électorat harki. Samedi, Nicolas Sarkozy, en meeting à Perpignan, a déclaré que « le drame des harkis est celui de toute la France (…). Une tache de sang indélébile reste sur notre drapeau ».
En mars, l’opposition avait dénoncé le choix par M. Hollande de la date du 19 mars pour célébrer la « Journée nationale du souvenir Algérie-Maroc-Tunisie », estimant que ce jour, en 1962, ne symbolisait pas la fin de la guerre d’Algérie, mais le début des représailles contre les civils et les harkis.
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