« Je crois que j'ai été utile à quelque chose » : Marilyn Monroe, lue par Gilles Leroy

Publicité

« Je crois que j'ai été utile à quelque chose » : Marilyn Monroe, lue par Gilles Leroy

Par
Marilyn Monroe sur le tournage de "Something got to give" en janvier 1962
Marilyn Monroe sur le tournage de "Something got to give" en janvier 1962
© AFP

Gilles Leroy, invité d'Augustin Trapenard, a choisi de lire un extrait d'une lettre que Marilyn Monroe écrivit à son psychiatre, un an avant sa mort.

C'est un rituel : à la fin de l'émission, Augustin Trapenard donne carte blanche aux invités de "Boomerang". Il recevait ce mercredi 1er février, Gilles Leroy pour "Dans les westerns", une variation sur une tragique histoire d’amour entre deux acteurs dans l’Hollywood de l’âge d’or, entre fiction et réalité.

►►► (re)écouter Gilles Leroy invité de "Boomerang"

Publicité

Pour sa carte blanche, Gilles Leroy a choisi de lire une lettre de Marilyn Monroe, écrite en mars 1961. L'actrice est alors en convalescence dans un centre presbytérien de l'université de Colombia, après voir été internée - contre son gré - à New York quelques temps auparavant. Elle écrit à Ralph Greeson, son psychiatre. Elle évoque le Docteur Kris, le Directeur de l'hôpital dans lequel elle était internée, et dans lequel est venu la voir son ex-mari, le champion de base-ball Joe Di Maggio.

« Ce matin, 2 mars 1961.

Le directeur de l’hôpital, qui ressemble à un principal de collège, m'a interrogée en se prenant pour un analyste. Il m'a dit que j'étais une fille très très malade et que j'étais comme ça depuis des années. Cet homme méprise les patients. Il m'a demandé comment je pouvais bien travailler dans un état aussi dépressif. Il voulait savoir si cela interférait sur mon jeu. C’était pas vraiment une question : il avait déjà décrété que oui. Aussi je lui ai rétorqué que peut-être Greta Garbo, peut-être Charlie Chaplin et peut-être même Ingrid Bergman, d’autres que moi avaient dû travailler en pleine dépression. J’ai dit : ‘autant demander à un joueur comme Di Maggio si il peut frapper une balle quand on est déprimé’. C'est ridicule.

A propos de Joe, j'ai de bonnes nouvelles, en quelque sorte, puisque je crois que j'ai été utile à quelque chose, enfin c'est ce qu'il affirme. Joe dit que je lui ai sauvé la vie en l'adressant à un psychothérapeute que le Dr Kris juge excellent. Joe dit qu'il s'est repris en main après le divorce, mais il reconnaît que s'il avait été à ma place, il aurait lui aussi demandé le divorce.

Pour Noël, il m'a envoyé un champ entier de poinsettias. J'ai demandé de qui venaient les fleurs tellement j'étais surprise - mon amie Pat Newcomb était là quand on me les a apportées. Elle m'a dit: "Je ne sais pas trop, la carte dit juste : « Meilleurs vœux, Joe » ". Je lui ai répondu "Il n'y a qu'un seul et unique Joe." Comme c'était le soir de Noël, je l'ai appelé et je lui ai demandé pourquoi il m'avait envoyé les fleurs. Il m'a dit : "D'abord, j'ai pensé que tu me téléphonerais pour me remercier, ensuite qui d'autre pourrait bien t'en envoyer ? Tu n'as que moi au monde." Il a ajouté : "Je le sais, j’ai été marié avec toi, et je n’étais pas envahi par la belle famille".

Bref, il m'a proposé de prendre un verre avec lui un de ces quatre. Je lui ai fait remarquer qu'il ne buvait jamais. Il m'a dit que maintenant il buvait de temps en temps, je lui ai dit que j'étais d'accord, mais à condition d'aller dans un endroit très très très sombre. Il m'a demandé ce que je faisais pour Noël; je lui ai dit : "Rien de spécial, je suis avec une amie". Il m'a demandé s'il pouvait passer. J'étais si déprimée, tout le temps au bord des larmes, mais quand même j’étais heureuse qu’il vienne.

Je pense qu'il vaut mieux que je m'arrête là Docteur parce que vous avez sûrement d'autres choses à faire. Merci de m'avoir écoutée un moment.

Marilyn M.»

Gilles Leroy lit une lettre de Marilyn Monroe dans "Boomerang"

2 min

►►► ALLER PLUS LOIN :

pixel