Regardez la magistrale Leçon inaugurale de l'historien Patrick Boucheron au Collège de France

Victor Hugo, Jules Michelet, Michel Foucault… Une heure durant, jeudi 17 décembre, le médiéviste a livré une puissante réflexion sur “Ce que peut l'histoire”. A revoir en vidéo.

Publié le 18 décembre 2015 à 15h30

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 06h06

Patrick Boucheron, titulaire de la chaire « Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIII-XVIe siècle », a prononcé sa Leçon inaugurale au Collège de France jeudi 17 décembre à 18h dans l’amphithéâtre Marguerite de Navarre-Marcelin Berthelot. Dans une brève présentation, l'historien Roger Chartier a retenu trois mots qui, selon lui, pourraient servir de repères à l’œuvre et au travail de Patrick Boucheron : la ville, l’indiscipline et la République. Trois bornes du cheminement intellectuel d’un médiéviste, spécialiste de l’histoire urbaine de l’Italie, qui ne redoute pas de s’inviter dans l’histoire plus contemporaine pour ne pas rester en retrait des problèmes de son temps. « Il y a un mois, je suis retourné place de la République » : les premiers mots de sa conférence témoignent de cette « indiscipline » dont parlait quelques minutes auparavant Roger Chartier et qui conduit Patrick Boucheron à faire de l’histoire une discipline vibrante et énergique, liée autant par les textes et les historiens qui l’ont façonnée, que par les échos du présent qui ne cessent de la bousculer et de l’enrichir.

Pendant une heure, ce fut, certes, un festival oratoire, une puissante réflexion sur « Ce que peut l’histoire », thème de sa Leçon, mais, surtout, une invitation passionnée à un partage intellectuel et à comprendre que faire de l’histoire n’est pas perdre son temps. Victor Hugo, Jules Michelet, Michel Foucault, Georges Duby, Jacques Le Goff, Marc Bloch, Fernand Braudel, Montaigne ou Dante s’immiscèrent presque fraternellement moins comme références obligées que, comme compagnons de l’acte de lire car « lire, comme l’a dit Boucheron, c’est s’exercer à la gratitude ».

Il développera dans ses cours et séminaires qui débuteront en janvier 2016 les thèmes qu’il a esquissés hier soir : la discontinuité en histoire, le discours et les récits historiques, et, bien sûr, ce long Moyen-Age du XII-XVIe siècle. Patrick Boucheron n’est pas de ces historiens qui, comme l’écrivait Lucien Febvre « font de l’histoire comme leur vieilles grands-mères de la tapisserie ». Il aime à détricoter les chronologies trop pesantes, à réfuter les bavardages sur le déclin et à affronter « tous ceux qui répugnent à l’idée d’une intelligence collective ». Le Collège de France, comme diraient les bibliothécaires, vient de faire une belle acquisition en la personne de cet historien.

En ce 17 décembre 2015, dans cet amphithéâtre à l’ambiance solennelle, il y eut une heure d’enchantement intellectuel. Un historien parla à ses pairs, au public, à ses amis, à tous les savants comme à tous les curieux, enchaînant les faits, les idées, les problématiques et les digressions fécondes. Tâche forcément émouvante pour celui qui s’y colle — une Leçon inaugurale, tout de même ! — et moment passionnant pour les auditeurs qui lui offrirent des applaudissements reconnaissants. Ses cours intitulés « Souvenirs, fictions, croyances. Le long Moyen-Âge d’Ambroise de Milan » commenceront le 4 janvier 2016. Ses séminaires – « Les effets de la modernité, expériences historiographiques » – débuteront, eux, le 16 avril 2016.

> Regarder la leçon sur le site du Collège de France

A lire

Entretien avec Patrick Boucheron in hors-série Télérama 1500, la France entre Moyen-Âge et Renaissance, 2010.

 

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