Fonctionnaires, cheminots, étudiants, retraités… Jeudi 22 mars, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues en France pour exprimer leur désaccord avec la politique du gouvernement Philippe.
A l’appel des sept syndicats représentatifs dans la fonction publique (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC), les fonctionnaires étaient invités à protester contre la suppression annoncée de 120 000 postes, le rétablissement du jour de carence et le gel des salaires. En parallèle, les agents de la SNCF entendaient dire leur opposition à la volonté de l’exécutif de réformer la SNCF par ordonnances, en la transformant en société anonyme et en abandonnant le statut de cheminots à l’embauche.
Quelque 180 défilés étaient prévus dans tout le pays pour cette première mobilisation nationale de l’année qui a rassemblé 323 000 manifestants, selon le ministère de l’intérieur, et plus de 500 000 selon la CGT. Saluant une « mobilisation puissante », le syndicat de Montreuil propose désormais l’organisation d’une journée nationale de mobilisation interprofessionnelle le 19 avril. Pour son secrétaire général, Philippe Martinez, « la balle est dans le camp du gouvernement ».
« On est juste là pour conserver nos droits »
A Paris, ce sont 47 800 personnes qui ont défilé à l’appel des syndicats de fonctionnaires et de la SNCF, selon le premier décompte indépendant réalisé par le cabinet d’études Occurrence pour plusieurs médias français, dont Le Monde. La préfecture de police a pour sa part annoncé le chiffre de 49 000 manifestants pour les deux défilés parisiens, la CGT parlant, elle, de 65 000 participants.
Dans les écoles, un enseignant sur quatre était en grève en moyenne, d’après le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire. Et une poignée de lycées et d’universités ont été bloqués.
Dans les cortèges, les cheminots ont exprimé leur « ras-le-bol » face à des conditions de travail « qui se dégradent » et leur peur de l’avenir, malgré le son joyeux des pétards et des sifflets qui accompagnait les manifestants.
« C’est difficile de voir ce que l’opinion publique pense de nous, de voir qu’on est l’entreprise sur laquelle tout le monde tape, alors que notre seul privilège, c’est de ne pas payer le train, comme un salarié d’EDF qui ne paie pas l’électricité, regrettaient par exemple Magali, Sophie et Kristelle, toutes trois salariées de l’entreprise ferroviaire et croisées devant le parvis de la gare de l’Est. Le reste, c’est beaucoup de contraintes. »
De Nantes à Toulouse en passant par Marseille et Strasbourg, les mêmes mots d’ordre fleurissaient sur les bannières : défense du service public, halte à la « casse sociale »… Dans le cortège des cheminots parisien, Alexandra, une assistante sociale rencontrée par l’un de nos envoyés spéciaux résumait l’état d’esprit général :
« On est là juste pour conserver nos droits. On ne demande même pas d’augmentation de salaire, même si on gagne à peine plus que le smic après trois ans d’études. On veut juste les moyens de faire correctement notre boulot. »
Quelques incidents
Quelques incidents sont survenus en marge des cortèges. Des jeunes, cagoulés, se sont livrés à des dégradations à Paris et ont lancé des projectiles sur les policiers, qui ont répliqué en usant d’un canon à eau et de gaz lacrymogènes. A Nantes également, des échauffourées ont eu lieu entre jeunes et policiers.
A Marseille, plus de 10 000 personnes selon la police – 55 000 selon les organisateurs – ont défilé dès 10 heures du matin au départ du Vieux-Port, sous un soleil presque printanier, pour dénoncer la politique du président de la République Emmanuel Macron. Un défilé unitaire où flottaient notamment les bannières des syndicats SUD, FSU, UNSA, CFDT, mais où la CGT fournissait visiblement le gros des troupes.
A Rennes, le cortège a réuni 7 500 à 8 000 manifestants selon les syndicats, 5 600 selon la préfecture. En première ligne de la foule bigarrée figuraient les postiers, parmi lesquels des salariés de bureaux rennais en grève depuis plus de soixante-dix jours. Une caisse de solidarité, sous forme de petite tirelire, recueillait les dons en leur faveur.
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