Cover Paul Thomas Anderson - Commentaires

Paul Thomas Anderson - Commentaires

De tous les réalisateurs américains apparus depuis les années quatre-vingt-dix, il est sans doute considéré aujourd’hui comme l’un des plus précieux. Sa désormais grande notoriété, encore accrue par la relative rareté de sa production, est bien légitime. Car si la première partie de sa carrière a pu ...

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8 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus d’un an

Boogie Nights
7.6

Boogie Nights (1997)

2 h 35 min. Sortie : 18 mars 1998 (France). Drame

Film de Paul Thomas Anderson

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Bien sûr Anderson pompe les trois quarts de ses procédés et de ses effets chez Scorsese, évidemment son deuxième film souffre de débordements et de coquetteries en tous genres, mais ces péchés de jeunesse sont véniels en regard de l’énergie et de la verve dont il témoigne à travers cette chronique proliférante de l’âge d’or du porno et de son industrie marginale. À la cour pagayeuse d’un roi du X s’agite tout un petit monde pittoresque et pathétique, une microsociété obsolète sur laquelle le cinéaste, aux antipodes de la gaudriole et du voyeurisme, porte un regard mi-tendre mi-amusé : belles filles paumées mimant l’orgasme, naïfs bercés d’illusions, candides bouffés par les dérives (mauvais goût, stupre et luxure) de la libération sexuelle. Une vraie réussite, pleine de scènes mémorables (genre celle-ci : http://lc.cx/qap).

Magnolia
7.6

Magnolia (1999)

3 h 04 min. Sortie : 1 mars 2000 (France). Drame

Film de Paul Thomas Anderson

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le débit frénétique du précédent film est appliqué à une fresque sociale plus ample et ambitieuse, qui chasse assez clairement sur les terres d’Altman, la férocité et la distanciation ironique en moins. Anderson est doué et virtuose (il le clame d’ailleurs avec un peu trop d’insistance), et son soap-opera de luxe emporterait nettement le morceau s’il ne croulait sous la lourdeur démonstrative de ses intentions (Culpabilité, Pardon et Rédemption en mode XXL, attention les enfants), non dénuées d’un puritanisme moralisateur. Mais le patchwork psycho-philosophique embobine à l’usure : le rêve américain est dynamité au sein d'une Californie sans palmiers, les personnages sont complexes et fascinants, le foisonnement polyphonique en impose, et certaines séquences, tel le déluge final, impressionnent.

Punch-Drunk Love - Ivre d'amour
6.9

Punch-Drunk Love - Ivre d'amour (2002)

Punch-Drunk Love

1 h 35 min. Sortie : 22 janvier 2003 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Paul Thomas Anderson

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Ce repli à un registre low-fi témoigne d’une démarche intelligente, qui cherche à élargir sa palette et à défricher de nouveaux terrains. Puisant ses références chez Jacques Tati et Blake Edwards, mais aussi dans les clichés de la comédie romantique, qu’il tord et rafraîchit par tout un jeu de dissonances incongrues, le réalisateur organise une romance poétique au climat insolite, pratiquant l’excentricité sans jamais s’appesantir en adoptant le point de vue décalé d’un introverti inhibé par ses phobies, sanglé dans un costume bleu électrique et accusant les coups du sort avec flegme. Du surréalisme au spectacle musical, du cas clinique à la ballade décalée, le film fonctionne par ruptures déroutantes, bifurcations impulsives, dispense un charme singulier à défaut d’être complètement accompli.

There Will Be Blood
7.7

There Will Be Blood (2007)

2 h 38 min. Sortie : 27 février 2008 (France). Drame

Film de Paul Thomas Anderson

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

À rebours des épanchements spectaculaires, le cinéaste offre sa vision de la ruée vers l’or, dont le souffle épique se nourrit de tension contemplative, malade et tourmentée. Le chromo du rêve américain s’évanouit au profit d’une âpreté cruelle et désenchantée, à l’ironie noire : absolument prodigieux, Daniel Day-Lewis compose la figure terrible d’un self-made man damné, dont la richesse sonne comme une déchéance. Sous les patronages prestigieux de Stroheim et Kubrick, le cinéaste dénude les racines de la rapacité, de l’ambition et de la misanthropie destructrices, plonge dans le ventre d’une Amérique bâtie sur le capitalisme dévorant et la religion mystificatrice. Le drame atteint des dimensions bibliques, le portrait de l’antihéros consumé fascine, le lyrisme sec et sans emphase emporte telle une lame de fond. Grand film.
Top 10 Année 2007 :
http://lc.cx/UP7

The Master
6.6

The Master (2012)

2 h 18 min. Sortie : 9 janvier 2013 (France). Drame

Film de Paul Thomas Anderson

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Anderson aurait pu se contenter de récolter les dividendes du précédent film mais il choisit de prendre à rebours son sujet et oppose à la satisfaction immédiate du spectateur une fuyante et déroutante odyssée intérieure dans l’Amérique faussement prospère des années 50. Toute en décrochages dissonants et confrontations incongrues, elle offre un visage singulier à une folie ordinaire qui fait de l’aliénation servile et de la soumission désirée le terreau d’une étrange forme d’amitié et d’interdépendance. S’il n’engage que peu d’émotion, le film, ponctué de trouées parfois cocasses, parfois hypnotiques, et narré sur un tempo très particulier fait d’ellipses et d’attentes, témoigne d’une maîtrise intacte, d’un refus constant de se laisser dominer par les attentes et les lieux communs.

Inherent Vice
6.4

Inherent Vice (2014)

2 h 28 min. Sortie : 4 mars 2015 (France). Comédie dramatique, Film noir

Film de Paul Thomas Anderson

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

On mesure parfois les réussites à la manière dont son auteur assaisonne une tambouille parfaitement identifiée pour lui apporter sa saveur toute personnelle. Anderson en offre un bel exemple et livre un film noir emberlificoté comme du Chandler, nonchalant comme le classique d’Altman (en moins ironique) et décontracté comme le film-culte des Coen (en moins délirant). Si l’on apprivoise son faux rythme volontaire, sa fantaisie déceptive, sa pointe de désenchantement qui prévient le cliché psychédélique et solde les idéaux d’une époque grignotée par les puissances de l’ordre et de l’argent, c’est un plaisir complet de se laisse happer par ce polar nébuleux aux senteurs de floraison karmique, cette comédie touffue et mélancolique, ce film joyeux mais laissant une drôle d’impression peu triste.

Phantom Thread
7.2

Phantom Thread (2017)

2 h 10 min. Sortie : 14 février 2018 (France). Drame

Film de Paul Thomas Anderson

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

De l’histoire conventionnelle du Pygmalion autoritaire et de la muse transfigurée par son regard créateur, le cinéaste tire un labyrinthe d’énigmes et d’illusions, une pièce d’orfèvrerie magnifiquement retorse qui travaille et tisse sa propre perfection. La couleur des étoffes et du taffetas, le bruissement de la soie, le tombé des traînes constituent l’écrin d’une passion vécue comme une valse oscillatoire entre le pouvoir du despote et la soumission de l’admiratrice, la vulnérabilité de l’enfant blessé et les dons curatifs de l’amante dickensienne. C’est bien de l’alchimie de cette relation singulière, qui voit deux êtres emprunter des voies équivoques pour s’accorder en un pur consentement, un mutuel épanouissement, qu’émanent son mystérieux romantisme, son étrangeté magnétique, son insolite mais très entêtante beauté.
Top 10 Année 2017 :
https://lc.cx/P6Ky

Licorice Pizza
7.1

Licorice Pizza (2021)

2 h 13 min. Sortie : 5 janvier 2022 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Paul Thomas Anderson

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Retour à la San Fernando Valley, microcosme d’Amérique nixonienne offrant au cinéaste la matrice idéale d’un univers aussi flatteur pour le regard que vivifiant pour l’esprit. Jamais il n’avait approché d’aussi près l’utopie radieuse d’un monde filtré par le travail sélectif de la mémoire, embrassé avec une telle générosité l’insouciance d’une époque décomplexée et d’un âge tendre ouvert à tous les possibles. Avec cette chronique au long cours d’un amour en éveil, loin des fadeurs de la bluette comme les clichés du romantisme, il livre une fugue aérienne et lumineuse, une comédie à la fois ample et intimiste, peuplé de personnages attachants, azimutés, drôles, touchants, où se cristallisent les moments décisifs d’une vie et où la voie du cœur consiste à se frayer un chemin vers le sentiment qui vibre le plus fort.
Top 10 Année 2021 :
https://urlz.fr/jRsu

Thaddeus

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