Billets d'argent.

Le cinquième budget Leitao est présenté comme celui qui va redonner confiance en l’avenir. « À la place du gouvernement Couillard, je souhaiterais aussi que les Québécoises et les Québécois se tournent vers l’avenir et oublient les quatre derniers budgets. Ces budgets qui ont contribué à rendre leurs services publics et leurs programmes sociaux moins accessibles, ceux qui ont dégradé les conditions de travail dans les réseaux de la santé et de l’éducation au point de pousser leurs salarié-e-s au bout de leur rouleau, ceux qui ont causé des drames dans les familles qui n’ont pu recevoir l’assistance dont elles avaient besoin. Malheureusement, les années d’austérité ne s’effacent pas aussi facilement », de déclarer Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD).

La lutte aux inégalités n’est pas non plus à l’ordre du jour de ce budget. Nous en voulons pour exemple le fait que la croissance du PIB se soit améliorée de 114 % entre 2016 et 2017 (passant de 1,4 % à 3,0 %) alors que la progression du salaire horaire moyen, elle, n’a été que de 31 % (passant de 2,2 % à 2,9 %). La croissance économique a clairement profité davantage à d’autres personnes que les salarié-e-s du Québec.

D’autres déceptions

Si rendre obligatoire la perception de la taxe de vente sur les services et les biens immatériels vendus depuis l’étranger est une avancée intéressante – qu’il était plus que temps de faire –, le gouvernement annonce pratiquement qu’il fera le minimum du côté de la lutte aux paradis fiscaux. On retrouve les mots « lutter contre le recours aux paradis fiscaux » dans le discours du budget, mais ça s’arrête à peu près là. Le gouvernement n’ira donc pas chercher les revenus fiscaux qui lui échappent depuis trop longtemps. « Le gouvernement Couillard ne change malheureusement pas sa réponse décevante au rapport unanime de la Commission des finances publiques sur le recours aux paradis fiscaux, il se prive de revenus qui seraient extrêmement bienvenus pour réellement réparer les dégâts de ses politiques d’austérité », a poursuivi Luc Vachon.

Le financement des organismes communautaires autonomes n’est pas non plus substantiellement revu, il continue de souffrir des 15 années de non-indexation et ce ne sont pas les quelques millions de dollars disséminés ici et là dans ce budget qui vont contribuer au rattrapage absolument nécessaire. À une époque où le gouvernement compte de plus en plus sur ces organismes pour rendre des services à la population, c’est une attitude particulièrement insensible de sa part.

Quelques bonnes nouvelles

Le financement des musées pour qu’ils puissent offrir des visites gratuites un dimanche par mois nous semble une bonne initiative pour inciter les Québécoises et les Québécois à visiter leurs musées et pour faciliter la transmission de la culture.

Du côté de la future politique bioalimentaire, on peut souhaiter que favoriser une offre alimentaire québécoise, plus saine et plus locale va permettre de contrebalancer l’offre de produits bon marché venus de l’étranger et ainsi permettre de protéger et développer les emplois dans ce secteur au Québec.

Le nouveau crédit d’impôt pour permettre aux PME de libérer du temps pour que leurs employés aillent se former et développer leurs compétences professionnelles est une excellente nouvelle en cette ère de transformation numérique de l’économie. « Lors des rencontres prébudgétaires, nous avons fait valoir qu’il était primordial que les salarié-e-s aient accès à la formation continue pour éviter dans la mesure du possible qu’ils soient déclassés par les changements en cours », de relater Luc Vachon.

Par contre, nous n’avons pas de félicitations à faire au ministre Leitao pour l’allègement du fardeau fiscal des PME qu’il poursuit d’un budget à l’autre. L’idée – fausse – derrière cet allègement est que ça va permettre de stimuler les investissements des entreprises. « L’impôt des sociétés est en baisse depuis de nombreuses années au Québec et les entreprises n’ont pas investi les sommes économisées pour autant. Elles préfèrent faire de l’épargne, voire de la surépargne, en accumulant des actifs liquides considérables, évalués à près de 100 milliards de dollars pour le Québec seulement en 2013 » d’expliquer Luc Vachon. Ces actifs liquides constituent un véritable trésor sur lequel les entreprises non financières s’assoient plutôt que d’investir et alimenter le cercle vertueux de la croissance que le ministre Leitao pense avoir enclenché grâce à sa « bonne gestion des finances publiques ».