Chronique. Depuis l’antiquité, les civilisations se sont construites sur des matières premières simples, un peu d’argile, de paille, de solides blocs de pierre. La nôtre est bâtie sur du sable. De toutes les matières premières consommées par l’homme, il est de très loin le plus utilisé, avec ses cousins graviers et cailloux de toute sorte, qui rentrent, notamment, dans la production du béton. La planète en consomme près de dix fois plus que de pétrole ou de gaz.
Au XXe siècle, nous avons consommé 34 fois plus de matériaux de construction qu’au cours de tous les siècles précédents. Et selon le dernier rapport de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), paru ce mardi 23 octobre, cette dépendance sera encore plus grande dans les décennies à venir.
Démographie, urbanisation et croissance
La consommation de matériaux, et surtout de sable et pierres, devrait doubler d’ici à 2060, avec les conséquences que l’on imagine sur les milieux naturels, sur la pollution et le climat (ils représentent 10 % des émissions de gaz à effet de serre).
La première raison est l’accroissement de la population, qui devrait passer de 7 à 9 milliards d’individus. La deuxième, l’urbanisation, qui devrait en 2060 concerner les deux tiers des habitants de la planète. Sans oublier, bien sûr, la croissance économique dont l’effet est multiplicateur mais assez paradoxal : au-delà d’un certain stade, plus elle augmente, plus son appétit diminue.
Dans les pays les plus développés, la progression de l’économie est moins consommatrice de matières premières. C’est le cas en Europe ou aux Etats-Unis et cela le devient en Chine. L’ex-empire du Milieu, dans lequel s’active près de la moitié des grues du monde, devrait dès 2025 avoir stabilisé sa consommation de matériaux de construction aux alentours de 24 gigatonnes, sans augmentation par la suite, soit tout de même un quart du total mondial. C’est la raison pour laquelle, si la richesse globale (production intérieure brute mondiale) est prévue pour être multipliée par quatre entre 2011 et 2060, la quantité de matières premières devrait se « contenter » de doubler.
Impossible de recycler à 100 %
Le premier facteur de limitation est le changement de structure de l’économie. En s’orientant vers les services, elle consomme moins de matière première qu’une société industrielle, même si une partie de cette transformation résulte d’un transfert des activités les plus gourmandes vers des pays en développement, comme ce fut le cas pour la Chine.
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