Donald Trump a magnifié le passé dans la capitale des anticastristes, Little Havana, à Miami (Floride), vendredi 16 juin. Célébrant les grandes heures et les figures de la lutte contre le régime cubain, en commençant par un hommage aux rescapés de la désastreuse expédition de la baie des Cochons, en 1961, le président américain a annoncé devant un public conquis une révision de la politique d’ouverture envers Cuba engagée en décembre 2014 par son prédécesseur à la Maison Blanche, Barack Obama.
M. Trump a évoqué « l’annulation » du « marché totalement inéquitable » conclu par le président démocrate avec un « régime militaire » qualifié de « brutal ». « Il n’aide pas les Cubains et profite au régime », s’est-il justifié. Mais la virulence de ses paroles évoquant la restauration d’un climat de guerre froide n’a pu masquer le maintien d’une bonne partie des mesures prises jusqu’aux derniers mois de la présidence de son prédécesseur.
Il n’est ainsi pas question de revenir sur la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, même si l’ambassade des Etats-Unis à La Havane risque de ne pas être dotée d’un titulaire avant longtemps. De même, M. Trump ne va pas restaurer la politique d’immigration dont bénéficiaient spécifiquement les exilés cubains jusqu’en janvier.
La volonté de la nouvelle administration de revenir en arrière devrait se limiter pour l’instant à des restrictions visant les touristes américains et l’interdiction de toute forme de transaction pour les entreprises américaines avec des entités liées au régime. Ce dernier contrôlant les principaux pans de l’économie nationale, la mesure pourrait avoir des effets sur l’ensemble des activités d’un pays déjà entré en récession.
Attachement soudain aux droits de l’homme
M. Trump a rappelé également que l’embargo qui pèse sur l’île depuis plus d’un demi-siècle serait maintenu, une évidence compte tenu du fait que le Congrès, souverain en la matière, est entièrement contrôlé par le Parti républicain. Le Grand Old Party était majoritairement hostile à la politique d’ouverture de M. Obama. La Havane a regretté « une rhétorique hostile qui rappelle les temps de la confrontation ouverte » et un « retour en arrière », tout en se disant prêt au dialogue.
Pour justifier son revirement, M. Trump a avancé un thème absent de ses discours depuis son arrivée à la Maison Blanche : les droits de l’homme. Il a ainsi subordonné une nouvelle normalisation à la libération des « prisonniers politiques », et à l’expulsion de personnes recherchées par la justice américaine depuis des décennies.
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