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Au Chili, un second tour beaucoup plus ouvert que prévu

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Le conservateur Sebastian Piñera, candidat à l'élection présidentielle chilienne, lors d'une conférence de presse à Santiago, le 19 novembre 2017-AFP/CLAUDIO REYES
Le conservateur Sebastian Piñera, candidat à l'élection présidentielle chilienne, lors d'une conférence de presse à Santiago, le 19 novembre 2017-AFP/CLAUDIO REYES

La percée de l'extrême gauche au premier tour rebat les cartes de la course à la présidentielle au Chili, où le conservateur Sebastian Piñera, donné grand favori, aura fort à faire pour s'imposer, jugeaient lundi les analystes.

Comme prévu, l'ex-chef d'Etat de droite est arrivé dimanche en tête du premier tour (36,6% des voix), devant le candidat socialiste, le journaliste Alejandro Guillier (22,7%). Comme prévu aussi, les deux hommes s'affronteront le 17 décembre pour succéder à la présidente de gauche Michelle Bachelet.

Ce qui n'était pas prévu, c'est le score sensiblement inférieur aux pronostics de Sebastian Piñera, et surtout la performance (20,2%) de la candidate d'extrême gauche Beatriz Sanchez, 46 ans, véritable surprise du scrutin.

Alejandro Guillier, journaliste et candidat socialiste à l'élection présidentielle chilienne, salue ses supporteurs à Santiago, le 19 novembre 2017-AFP/CLAUDIO REYES
Alejandro Guillier, journaliste et candidat socialiste à l'élection présidentielle chilienne, salue ses supporteurs à Santiago, le 19 novembre 2017-AFP/CLAUDIO REYES

Forte de ses 1,3 million de voix, la représentante du Frente Amplio, une coalition formée par d'anciens dirigeants de manifestations étudiantes, détient la clef du second tour. Seules 160.000 voix la séparent de M. Guillier.

"C'est le bouleversement le plus important de la politique chilienne depuis le retour de la démocratie" en 1990, déclarait à l'AFP Mauricio Morales, un politologue de l'université de Talca.

"Tandis que les sondages la créditaient de 13% des voix, son bon résultat pourrait signifier qu'un nombre de bulletins plus important que prévu pourraient aller à M. Guillier au second tour", jugeait le cabinet Capital Economics.

Signe de cette incertitude, la Bourse de Santiago a dévissé lundi de 4,09% à l'ouverture et de 5,51% à la clôture, devant la contre-performance du candidat soutenu par le milieu des affaires, M. Piñera.

Le milliardaire a déçu aussi les marchés lors des législatives qui se tenaient également dimanche: sa coalition Chile Vamos n'atteint la majorité dans aucune des deux chambres.

Un résultat qui devrait ralentir la mise en place de son programme économique, dont la réduction des impôts sur les sociétés et l'assouplissement des régulations dans le secteur minier, selon Capital Economics.

- Peu de réserves de voix -

Avant le résultat inattendu de Beatriz Sanchez, l'homme d'affaires était donné largement gagnant au second tour face à Guillier.

Malgré sa confortable avance, il est loin de 43% que lui attribuaient les sondeurs au premier tour et, à la différence du candidat socialiste, il a peu de réserves de voix pour la suite.

Selon les analystes, Piñera se voit obligé de se tourner vers le candidat de l'extrême droite Jose Antonio Kast, qui a remporté 7.9% des voix.

"Piñera obtient huit ou neuf points de moins que prévu et cela renforce le côté dramatique et incertain du second tour", estime Marcelo Mella de l'université de Santiago. "La clef se trouve dans l'attitude qu'adoptera le contingent d'électeurs ayant soutenu Beatriz Sanchez".

Après des années de bras de fer entre la gauche et la droite, une troisième force émerge au Chili: la gauche radicale. "C'est un événement politique majeur", juge le sénateur de droite Andrés Allamand.

Célèbre pour son ton direct mais amical lorsqu'elle menait des interviews, Beatriz Sanchez, ancienne journaliste, se veut "un pont entre les mouvements sociaux". Sa coalition a nettement accru sa présence au Parlement, passant de trois à 20 députés et de zéro à un sénateur.

Le "Frente Amplio a assez de sièges pour être une nuisance au Parlement", selon Capital Economics.

Dimanche soir, elle a immédiatement exigé des explications publiques des instituts de sondage, qui l'avaient créditée de 10 à 13% des voix.

"Demain je veux une explication". "Si ces sondages avaient dit la vérité, nous serions au second tour", a-t-elle proclamé, assurant que les résultats rebattaient les cartes.

Tous ensemble, les six candidats de gauche ont rassemblé 3,6 millions de votes, contre 2,9 millions pour les deux postulants de droite.

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