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4 questions pour comprendre le possible rachat de Darty par la Fnac

La Fnac cherche à se réinventer dans un contexte de baisse des ventes de disques et de concurrence de la vente en ligne.

Par  et

Publié le 30 septembre 2015 à 10h48, modifié le 30 septembre 2015 à 12h07

Temps de Lecture 4 min.

L’offre de la Fnac valorise Darty à 719 millions d’euros.

Coup de tonnerre dans la distribution. En 2012, la Fnac avait voulu imiter Darty en vendant des aspirateurs. Désormais, elle veut racheter son concurrent, afin de créer le « leader de la distribution de produits techniques, culturels et électroménagers en France ». Le conseil d’administration de Darty a reçu, lundi 28 septembre, une offre de rachat émanant du plus gros libraire de France. Le projet a été officialisé mercredi 30 septembre.

La Fnac offre 533 millions de livres (720 millions d’euros) pour reprendre Darty. L’opération se ferait uniquement en titres, sans versement de cash, la Fnac proposant d’échanger une de ses actions contre 39 actions Darty. Cela représente une prime de 27 % par rapport au dernier cours de Bourse de Darty.

« Le conseil d’administration [de Darty] a examiné cette proposition et a conclu qu’il devrait étudier de plus près les avantages d’un éventuel rapprochement avec Fnac. Dans un premier temps, il s’agira d’examiner les risques encourus par la réalisation de cette opération, afin de déterminer s’il y a une possibilité à ce qu’une offre puisse être recommandée aux actionnaires de Darty. »

Selon la réglementation britannique, la Fnac a jusqu’au 28 octobre à 17 heures pour confirmer son projet d’offre publique d’échange (OPE). C’est le paradoxe de cette affaire. S’il s’agit d’une opération largement franco-française, son succès passe par la City.

Vestige du groupe britannique Kingfisher, empire de la distribution qui s’est effiloché au cours du temps, Darty est coté à Londres. Son directeur général, Régis Schultz, est français, mais Alan Parker, son président, qui va piloter les négociations, est britannique, et ses actionnaires sont surtout des grands institutionnels de la City, à l’exception notable du fonds activiste néerlandais Knight Vinke.

  • Quel est l’état de santé des deux groupes ?

Sortie du giron du groupe Kering (ex-Pinault-Printemps-Redoute) et entrée en Bourse il y a un peu plus de deux ans – l’opération a été menée à bien en juin 2013 – la Fnac, dirigée depuis 2011 par Alexandre Bompard, transfuge d’Europe 1, s’est redressée.

La vénérable chaîne culturelle, qui avait accumulé 170 millions d’euros de pertes en deux ans, et que certains voyaient déjà morte, victime de la baisse de la lecture, de la crise du disque et de la concurrence d’Amazon, a vu ses comptes sortir durablement du rouge. Et son action n’a cessé de monter. Introduite à 22 euros, elle s’échange actuellement à plus de 50 euros.

Le groupe Darty, après quatre années de déficit, un plan de suppression de 450 postes, et la vente de plusieurs filiales à l’étranger, a enregistré un premier bénéfice net, modeste mais réel (14 millions d’euros), lors de son exercice 2014-2015, clos le 30 avril. Le chiffre d’affaires de l’inventeur du contrat de confiance a lui aussi augmenté (+3 %), à 3,5 milliards d’euros.

  • La Fnac a-t-elle les moyens d’absorber Darty ?

Pour la Fnac, il s’agit d’une opération d’envergure. Mais l’opération se ferait uniquement en titres, sans versement de cash, la Fnac proposant d’échanger une de ses actions contre 39 actions Darty.

L’enseigne mythique, créée en 1954 par Max Théret et André Essel, pèse 875 millions d’euros en Bourse, quand Darty capitalise 533 millions de livres (720 millions d’euros).

Mais Darty et ses actionnaires vont sans doute chercher à faire monter les enchères. Ils devraient également militer pour obtenir le versement de cash. Les actionnaires outre-Manche n’aiment pas, en général, les offres en titres. Encore plus s’il s’agit, comme ici, de titres cotés seulement à Paris.

  • Le rapprochement des deux enseignes peut-il faire sens et garderont-elles leurs identités ?

A la Fnac, on songeait depuis longtemps à ce « mariage » des deux premières enseignes françaises d’électronique et de produits techniques. Aux yeux de M. Bompard, c’est le moment d’agir, et de consolider la relance des deux groupes en les fusionnant.

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L’enseigne française de produits culturels, qui cherche à se réinventer dans un contexte de baisse des ventes de disques et de concurrence de la vente en ligne, « considère qu’un rapprochement avec Darty constitue une opportunité stratégique et financière majeure pour les deux groupes, en donnant naissance au leader de la distribution de produits techniques, culturels et électroménagers en France ».

Rien ne dit toutefois, à ce stade, si l’opération ira à son terme, mais les deux entreprises ont d’ores et déjà précisé qu’elles allaient discuter de ce rapprochement. Ensemble, la Fnac et Darty pèseraient plus de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires. M. Bompard n’entend pas supprimer une des deux marques.

« Culturellement, les deux enseignes ont des histoires et des approches très différentes, commente Guy-Noël Chatelin, consultant du cabinet OC&C Strategy et spécialiste du secteur. Chez Darty, les vendeurs sont beaucoup plus incités à faire du chiffre. Mais au-delà de ces différences, le rapprochement est intéressant. Il doit permettre de dégager des économies d’échelle et des synergies dans un des métiers de la distribution où gagner de l’argent est le plus difficile. »

La fusion doit donner lieu à des synergies « très significatives », avance la Fnac sans les chiffrer. Elles devraient concerner en premier lieu les achats de matériel électronique. Au-delà des achats, la Fnac pourrait tirer parti de l’« usine à services » que constitue Darty, célèbre pour son service après-vente.

Les deux groupes pourraient aussi jouer sur leur réseau de magasins (380 au total), et leur expérience sur Internet.

  • N’y a-t-il pas un risque concurrentiel ?

L’Autorité de la concurrence va avoir son mot à dire. En France, où se concentre l’essentiel des forces, le nouvel ensemble serait de loin le leader du marché des produits techniques, culturels et électroménagers. Il serait présent aussi, plus marginalement, en Belgique et aux Pays-Bas, grâce à Darty, et dans la péninsule ibérique, avec la Fnac.

« C’est un point qui a été étudié très en amont, et qui ne pose pas de problème majeur », confie un de ceux qui ont préparé l’opération. Si des cessions sont imposées pour éviter que le duo Fnac-Darty se retrouve en position trop dominante, elles devraient rester limitées.

Le personnel des deux groupes risque également d’être inquiet, même si aucune fermeture de point de vente n’est évoquée à ce stade.

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