Saad eddine kouidri (avatar)

Saad eddine kouidri

Reporter photographe

Abonné·e de Mediapart

195 Billets

0 Édition

Billet de blog 23 octobre 2013

Saad eddine kouidri (avatar)

Saad eddine kouidri

Reporter photographe

Abonné·e de Mediapart

Et si le hijab n’était pas plus qu’une tradition ? Par Abdou Semmar |

Saad eddine kouidri (avatar)

Saad eddine kouidri

Reporter photographe

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le hijab suscite un débat houleux depuis des siècles contrairement à ce que peuvent croire la majorité des musulmans. Cette tenue imposée aux femmes musulmanes n’a jamais fait l’objet d’une unanimité. Du moins, parmi les érudits et les Fouqahas, le voile alimente une vive polémique. Et ce depuis toujours. 

Les siècles passent et la sempiternelle question revient toujours : le port du voile est-il une obligation coranique ? A cette question, très peu de réponses claires et précises ont été fournies. Les institutions les plus respectées du monde islamique ont toujours tenté d’éluder la question pour éviter de blesser les sentiments d’une communauté musulmane qui accorde une grande importance au voile et à l’apparence de la femme croyante. Mais, en depuis 2012, le cheikh Mustapha Mohamed Rachid, un docteur à l’université Al Azhar, a brisé le silence et a jeté un véritable pavé dans la mare. En effet, au cours de la soutenance de sa thèse de doctorat, ce chercheur et homme de religion a défendu ardemment que le hidjab n’est pas un devoir islamique. Il a crié haut et fort que le hijab n’a jamais été mentionné dans le Saint Coran. Il balaie ainsi d’un revers de la main les idées présentées depuis des siècles par des Cheikhs qui ont défendu avec véhémence que le voile est à la fois un devoir islamique et l’un des piliers les plus importants de l’islam.

Cette obligation est un mensonge, a écrit dans sa thèse Mustapha Mohamed Rachid. D’après ce dernier, “les défenseurs du Hijab comme devoir islamique de base, argumentent avec des preuves contradictoires et fausses. Ils attribuent des significations différentes au voile, passant du hijab au Khimar et jusqu’au Jalabib, ce qui montre qu’ils se sont écartés de la véritable signification qu’ils avaient l’intention d’aborder, la couverture de la tête”. Pour étayer ses propos, Mustapha Mohamed Rachid a étudié minutieusement le verset dans lequel il est mentionné le voile. Et il en déduit qu’il est spécifiquement adressé aux épouses du Prophète Mohammed (QSSSL).

« Quand vous demandez quelque chose aux épouses du Prophète, faites-le derrière un voile. Vos cœurs et les leurs n’en seront que plus purs. Vous ne devez pas offenser l’Envoyé de Dieu ni épouser ses femmes après lui. Ce serait un énorme péché auprès de Dieu », Al-Ahzab (33-53).

Pour Mustapha Mohamed Rachid, le terme voile dans ce verset est supposé être une séparation entre les épouses du Prophète et ses compagnons. “Il ne s’adresse pas aux femmes musulmanes, sinon cela aurait été dit”, a-t-il expliqué.  A l’époque, cette thèse, jugée osée et radicale, a défrayé la chronique et des pressions ont été exercée sur l’université d’Al Azhar pour qu’elle rejette cette thèse de doctorat. Mais, à la surprise générale, en octobre 2013, le comité scientifique d’Al Azhar aurait validé le sujet de doctorat de Mustapha Mohamed Rachid, rapportent de nombreux médias électroniques arabes. La mention d’excellence aurait été accordée à ce chercheur qui a convaincu ainsi les érudits d’Al Azhar de la justesse de sa thèse. Dans ce contexte, la prestigieuse université d’Al Azhar, l’une des institutions religieuses les plus respectées du monde sunnite, reconnaît explicitement que le hijab n’est pas plus qu’une tradition. Une première qui va faire couler beaucoup d’encre et les conservateurs n’hésiteront certainement pas à riposter…

Et la riposte n’a pas tardé à fuser puisque face à la vague d’indignation qui s’est abattue à la suite de cette nouvelle “déconcertante” aux yeux des fouqahas rigoristes, l’université d’Al Azhar a rendu public un communiqué  où elle dément avoir validé le sujet de la thèse de Mustapha Mohamed Rachid. Al Azhar a même annoncé des poursuites judiciaires à l’encontre de ce chercheur qu’elle accuse d’avoir propagé des rumeurs infondées et des “idées déviantes” qui alimentent la fitna entre les musulmans. La polémique sur le hijab n’en finit donc pas d’enfler…

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.