D’un côté, l’éducation nationale semble secouée par les réformes des rythmes scolaires ou du collège, de l’autre, les rangs de la profession d’enseignant sont en passe de s’atrophier.

La tendance se confirme d’année en année à la lecture des résultats des concours de recrutement des professeurs des écoles (CRPE) et du certificat d’étude au professorat de l’enseignement du second degré (Capes) : le nombre de postes non pourvus dans l’éducation nationale reste élevé dans le primaire et le secondaire.

Professeurs des écoles : lourd déficit à l’académie de Créteil

Au total, sur les 13 500 ouverts, 573 postes de professeurs des écoles seraient non pourvus à la rentrée prochaine. Bien que 37 000 personnes se soient présentées aux épreuves d’admissibilité du concours, en hausse depuis deux ans, ce résultat est « un révélateur du manque d’attractivité du métier » selon le SNUipp-FSU.

Dans un communiqué du 4 juillet, le syndicat avance des causes multiples à cette « crise de recrutement » : « augmentation du niveau de recrutement sans mesures favorisant l’accès à tous (pré-recrutements, aides sociales…) », « rémunération insuffisante » ou encore « conditions d’entrée et d’exercice du métier difficiles ».

L’académie de Créteil semble tout particulièrement touchée par cette disette, concentrant, à elle seule 454 de postes non pourvus, soit 30 de plus qu’en 2016, suivie de celle de Versailles, également préoccupante, avec 92 postes laissés vacants.

Dans le secondaire, 1 602 postes non pourvue7

Du côté des collèges et lycées, la désaffection est plus grande encore avec plus de 1 600 postes non pourvus sur les 8 500 postes offerts, soit 1/5e. Le Capes ne paraît plus motiver les potentiels enseignants du secondaire. Les candidats, présents au moment de l’épreuve d’admissibilité, étaient à peine 25 000 cette année, soit 2 000 de moins qu’en 2016 et 12 000 de moins qu’en 2008.

Certaines matières en souffrent davantage que d’autres. Les langues tout particulièrement. Avec 1 055 candidats admis, contre 847 en 2016, le nombre de candidats au poste de professeur d’anglais a fortement baissé. C’est encore plus significatif lorsqu’on compare le nombre de postes laissés vacants : 343 en 2017, contre 2 l’année précédente. Avec 1 065 postes pourvus sur les 1 440 offerts (soit 26 % de postes non pourvus), les mathématiques paient également un lourd tribut cette année, malgré des résultats bonifiés depuis cinq ans. En 2012, il y avait, en effet, 837 postes pourvus sur 1 135 offerts, avec toutefois le même déficit (26 %)

D’autres sections, comme l’histoire-géographie, la SVT ou l’espagnol semblent, à l’inverse, être totalement préservées de ce phénomène, avec un taux d’occupation plein.

« 12 500 postes de professeurs »

Ce déficit de titulaires va conduire mécaniquement à l’arrivée de nombreux contractuels, dont le recours est critiqué par les syndicats qui dénoncent leur manque de formation.

Cette pénurie de professeurs, couplée à l’annonce de sévères coupes budgétaires de 4,5 milliards d’euros, contraste avec l’ambition affichée par le nouveau ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, notamment dans le primaire où le dédoublement des classes de CP en réseaux d’éducations prioritaires (REP +) doit s’appliquer. Néanmoins, l’ancien recteur a concédé, dans un entretien à laVoix du Nord, que cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron ne pourrait être assurée « à 100 % » à la rentrée prochaine.

Parmi ses promesses, le candidat annonçait en effet l’ouverture de « 12 000 postes de professeurs des écoles dans les classes de CP et de CE1 dans les zones prioritaires ». Mais le nouveau chef de l’État devra aussi concilier avec la volonté de supprimer, hormis l’hospitalière, 50 000 membres de la fonction publique d’État.