Cover Orson Welles - Commentaires

Orson Welles - Commentaires

Tel un géant de la Renaissance égaré au XXè siècle, Orson Welles est un personnage de légende, un acteur prodigieux au physique et au charisme inoubliables, l’un de ces réalisateurs mythiques qui ont fait évoluer le septième art par leur façon orgueilleuse de défier l’insurmontable. Son génie et son ...

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12 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus d’un an

Citizen Kane
8

Citizen Kane (1941)

1 h 59 min. Sortie : 3 juillet 1946 (France). Drame

Film de Orson Welles

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Isolé à Xanadu, son immense manoir inachevé, Charles Foster Kane s’éteint dans un souffle… "Rosebud". Orson Welles, 25 ans, premier film et déjà une réputation de génie intouchable (la RKO lui a fait un chèque en blanc), démonte l’écheveau de sa vie faustienne. La découverte rétrospective de cette âme secrète, de ce chaos d’apparences contradictoires, s’effectue à travers de prodigieux procédés de narration, un enchevêtrement kaléidoscopique de souvenirs et de témoignages, rassemblés par la magie unifiante du spectacle. Formellement, c’est un labyrinthe vertigineux dont la grammaire visuelle, qui détruit la centralité de la perspective, invite à l’incertitude et complexifie le déchiffrement des images. Sur le fond, une méditation géniale sur la vanité du pouvoir, de la puissance et de la réussite, sur le mystère des êtres, l’ambigüité de la vérité et la pureté de l’enfance. Monument indépassable.
Top 10 Année 1941 :
https://urlz.fr/kefo

La Splendeur des Amberson
7.4

La Splendeur des Amberson (1942)

The Magnificent Ambersons

1 h 28 min. Sortie : 15 novembre 1946 (France). Drame, Romance

Film de Orson Welles

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Deuxième film, deuxième chef-d’œuvre. Welles substitue au foisonnement gigogne de "Kane" une atmosphère feutrée, enveloppée d’une sourde nostalgie. D’une grande acuité psychologique, l’étude de caractères est passée au tamis d’une analyse sociale qui montre comment l’aristocratie ébréchée et déclinante du XIXè siècle cède le pas à une nouvelle classe de riches. La narration est elliptique, voilée, la réalisation scénographique systématise l’usage du plan-séquence pour mieux y faire évoluer les personnages et synthétiser leurs rapports conflictuels, en illustrant avec une extrême élégance le gâchis des vies et des émotions sur l’autel de conventions moribondes. Une saga dynastique d’une très grande beauté, à l’image du générique final avec cartons somptueux et crédits cités par la voix du réalisateur lui-même.
Top 10 Année 1942 :
https://urlz.fr/kefL

Le Criminel
6.9

Le Criminel (1946)

The Stranger

1 h 35 min. Sortie : 7 avril 1948 (France). Thriller, Drame, Film noir

Film de Orson Welles

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Trop dur d’être un génie : même lorsqu’il cherche à démontrer qu’il peut "faire un film comme tout le monde" (sic), Welles reste loin au-dessus de la mêlée. En traitant de la reconversion des criminels nazis en fuite, il tire un suspense vénéneux sur la séduction du mal au sein de l’atmosphère néoclassique de la Nouvelle-Angleterre. Magnétique et ambigu, il incarne un professeur respectable qui assassine dans les bois, griffonne une croix gammée lorsqu’il se sent aux abois, manipule une Loretta Young envoûtée et joue au chat et à la souris avec Edward G. Robinson. Le dénouement, avec l’horloge baroque et Mittleuropa, parachève le brio contenu de ce film faussement soumis aux codes traditionnels, et dont les personnages transmettent à l’image la sensation d’une extrême instabilité.
Top 10 Année 1946 :
https://urlz.fr/keg8

La Dame de Shanghai
7.7

La Dame de Shanghai (1947)

The Lady from Shanghai

1 h 27 min. Sortie : 24 décembre 1947. Film noir

Film de Orson Welles

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Nimbé d’une poésie troublante et fantasmatique, qui tient à la fois de la beauté surréelle de l’image, de l’enivrante voix-off susurrée par l’auteur et de l’exotisme des décors, le film génère un envoûtement total. Splendide et vénale, Rita Hayworth tisse autour d’Orson une toile vénéneuse dont chaque scène est conçue comme un morceau de bravoure : l’aquarium et ses contre-jours baroques, l’effervescence onirique du parc d’attractions, et bien sûr le final au palais des glaces où amour et haine s’autodétruisent en de somptueuses arabesques expressionnistes. Ce n’est pas un film noir mais une rêverie ensorcelante sur la manipulation et la duperie sentimentale, qui retire toute aura de romantisme à la figure de la femme fatale et conjugue son exceptionnelle puissance visuelle à une leçon de morale des plus désenchantées.
Top 10 Année 1947 :
https://urlz.fr/kegb

Macbeth
7.4

Macbeth (1948)

1 h 47 min. Sortie : 23 juin 1950 (France). Drame

Film de Orson Welles

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Peut-être faut-il pour porter Shakespeare à l’écran la hardiesse d’un Titan dérobant la foudre de Jupiter. Travaillée par le sang, les ténèbres et la mort, par la soif de pouvoir de l’homme, que les forces du mal entraînent dans un gouffre toujours plus sombre, et les intrigues perfides de la femme, que la conscience conduit à la folie, cette adaptation se place au cœur du conflit entre le chaos des forces surnaturelles (les trois sorcières) et le nouvel ordre annoncé par le christianisme. Welles s’attache non pas à illustrer la tragédie mais à véritablement la mettre en scène, en plans souvent très longs qui en accentuent la dramaturgie, dans un décor de pierre troglodyte et de brume caverneuse constitué des entrailles mêmes de la Terre, une esthétique barbare évoquant un monde et une époque indéterminés.

Othello
7.5

Othello (1951)

The Tragedy of Othello, the Moor of Venice

1 h 30 min. Sortie : 19 novembre 1952 (France). Drame, Romance

Film de Orson Welles

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

À partir des ruines de Venise et Mogador, Welles invente une architecture imaginaire mais parée de tous les prestiges, de toutes les beautés concertées que peut seule posséder une pierre naturelle, patinée par des siècles de vent et de soleil. Murs, voûtes et couloirs répercutent, réfléchissent, multiplient ici comme des glaces l’éloquence du verbe tragique. Il y a du Eisenstein dans cette adaptation fiévreuse qui confond idéologiquement les univers du dramaturge et du cinéaste et assure sa cohérence par un montage pyrotechnique et éclaté. Même mutilée, l’œuvre demeure une véritable liturgie d’images, un hallucinant kaléidoscope de visions (contre-plongées démesurées, jeux de contrastes, ombres verticales et horizontales…) qui traduisent à merveille son atmosphère oppressante de folie et de meurtre, de jalousie et de haine.
Top 10 Année 1951 :
http://lc.cx/ZU7t

Dossier secret
7.4

Dossier secret (1955)

Mr. Arkadin

1 h 36 min. Sortie : 2 juin 1956 (France). Film noir

Film de Orson Welles

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Toujours exilé en Europe, Orson Welles tourne le film pendant huit mois, avec des moyens de fortune, et reprend le schéma d’enquête rétrospective de "Citizen Kane" à travers l’écriture flamboyante de "La Dame de Shanghai". Il soumet autant l’image que la narration à une déformation systématique, fait s’enrouler le récit sur lui-même le long de divagations continuelles qui font la part belle aux épisodes secondaires et aux personnages excentriques. Le résultat dessine un nouveau portrait de puissant aux mains sales, étouffé par le souvenir d’une enfance sacrifiée. Jeu de miroirs distordus, audaces baroques, perspectives expressionnistes se mêlent dans un montage feuilletonnesque et délirant, une autre réussite éblouissante autour des thèmes du pouvoir, de la manipulation, de la mémoire et du secret.
Top 10 Année 1955 :
http://lc.cx/Zwk9

La Soif du mal
7.9

La Soif du mal (1958)

Touch of Evil

1 h 52 min. Sortie : 8 juin 1958 (France). Film noir

Film de Orson Welles

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Transformant une intrigue classique de polar en fable shakespearienne et convulsive, développant une vision goyaesque de la corruption, Welles entremêle l’ambiguïté de la justice et la réversibilité du bien et du mal, l’ambivalence des personnages et le sentiment tragique de la vie. L’affrontement entre le vertueux inspecteur mexicain et le flic américain pourri nous plonge dans une atmosphère poisseuse au possible, saisie par une caméra d’une virtuosité hallucinante qui décadre l’espace, exagère les angles, transforme le monde en cauchemar baroque. De cet univers infernal, Marlene Dietrich est le témoin désabusé, la seule à comprendre que le secret des êtres échappe à tout jugement humain. "He was some kind of a man", dit-elle en parlant du monstre déchu tué par son ami, nouveau Iago. Conclusion extraordinaire d’un film noir qui l’est tout autant.
Top 10 Année 1958 :
http://lc.cx/Zw9w

Le Procès
7.5

Le Procès (1962)

The Trial

1 h 59 min. Sortie : 22 décembre 1962. Drame, Thriller

Film de Orson Welles

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

On peut considérer que cette adaptation de Kafka redouble un contenu métaphorique par une forme qui l’est aussi, mais il est difficile de démentir que l’univers de l’écrivain entre ici en parfaite adéquation avec celle du cinéaste. L’errance impuissante de l’homme moderne, aliéné par une bureaucratie totalitaire, est figurée à travers un véritable labyrinthe mental et physique, un onirisme de cauchemar qui déploie toute la palette wellesienne – plongées creusant les volumes, travellings détalants, immenses archives "piranésiennes", énorme profondeur de champ, plafonds étouffants, jusqu’au décor de la gare d’Orsay désaffectée, transformée en décor surréel. Autant d’équivalents visuels à un univers en miettes, où le rêve d’une possible harmonie est nié par le champignon atomique qui conclut le film.

Falstaff
7.5

Falstaff (1965)

Chimes at Midnight

1 h 59 min. Sortie : 20 juillet 1966 (France). Drame

Film de Orson Welles

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Retour à Shakespeare à travers la vie truculente d’un raconteur de balivernes et d’un grand consommateur de vins d’Espagne, au centre d’un récit qui fait constamment dialoguer la gravité et la bouffonnerie, l’épique et le dérisoire. Creusant les thèmes de la naissance et de la modernité, l’auteur illustre l’inévitable défaite écrite dans l’Histoire : la leçon d’humanisme que le vieux héros cherche à transmettre à son fils spirituel est écrasée par la raison d’état. L’anarchisme joyeux et le généreux individualisme de ce personnage ne pouvaient que séduire l’acteur gourmand que Welles est aussi : la philosophie de l’un rejoint celle de l’autre, lorsque l’on sent battre sous l’énorme carcasse de Falstaff un cœur meurtri par la trahison, et une solitude que l’artiste n’ose plus dissimuler à travers sa démesure.

Une histoire immortelle
6.9

Une histoire immortelle (1968)

The Immortal Story

58 min. Sortie : 24 mai 1968. Drame

Téléfilm de Orson Welles

Thaddeus a mis 4/10.

Annotation :

Réalisé pour la télévision, le premier film en couleurs du cinéaste relève d’une écriture paisible, sans excès, qui semble retrouver le charme un peu lénifiant du conte. Mais y subsistent une tension secrète de la mise en scène, une multiplication des points de vue et des contre-champs venant inquiéter le déroulement linéaire de l’intrigue. À travers l’histoire d’un riche commerçant qui décide de transformer en un fait réel une histoire qu’il a toujours cru vraie et dont il découvre qu’il s’agit d’une fable que tout le monde raconte par gloriole, Welles brode sur le destin de Kane, d’Arkadin ou de Quinlan : maîtriser l’existence des autres, outrepasser la frontière qui dissimule aux yeux des hommes un monde restant à façonner. À revoir car, malgré son raffinement, l’exercice m’avait passablement ennuyé.

Vérités et mensonges
7.3

Vérités et mensonges (1973)

F for Fake

1 h 25 min. Sortie : 12 mars 1975. Art, Essai

Documentaire de Orson Welles

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

L’auteur du célèbre (et involontaire) canular radiophonique de "La Guerre des Mondes" se livre ici à une suite d’évocations ludiques et malicieuses d’autres cas fameux, célébrant le pouvoir du faux, de l’illusion, de la contrefaçon. Sorte de crypto-essai réalisé presque au montage, le film devient progressivement une réflexion sur le monde de l’art et ses rapports avec la réalité, escamote la vérité au profit du spectacle, prend un malin plaisir à brouiller les pistes à coup de faits tronqués et de mensonges vrais. En un testament humble et pudique, le cinéaste fait comme une profession de foi, continuant à tourner autour de l’authenticité de sa propre marque déposée et de la nécessité de tout sacraliser avec sa signature. D’où l’ultime réplique, à la fois sésame et révérence : "My name is Orson Welles."

Thaddeus

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