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Tribune

Le quatrième âge n’attendra pas longtemps !

Instauration d’un système universel de retraite, hausse de la CSG des retraités, évolution de l’épargne retraite, financement de la dépendance des personnes âgées : ces quatre réformes marquent la première année du quinquennat et touchent directement les retraités. Elles méritent une réflexion sur leur cohérence d’ensemble afin de bien cerner les objectifs poursuivis par le Président de la République.

Par André Renaudin (Directeur général d’AG2R LA MONDIALE)

Publié le 30 mai 2018 à 18:46

Si le futur système universel de retraite réalisera pour la branche vieillesse l’ambition de Pierre Laroque d’un régime unique de Sécurité sociale, nous ne sommes plus en 1945. À l’époque, les retraités avaient à peine dix ans d’espérance de vie et leur souci était d’éviter la pauvreté. Aujourd’hui, grâce aux nombreuses réformes des retraites et au pilotage rigoureux des régimes, le niveau de vie des retraités est en moyenne supérieur à celui de l’ensemble de la population. La hausse non compensée de la CSG sur les retraites est donc une décision d’équité, logique et courageuse. Quant au système universel de retraites, plus transparent et plus simple à piloter, il apportera davantage d’équité et facilitera les mobilités professionnelles.

Le doublement de l’espérance de vie à la naissance au cours du 20e siècle n’a pas fait disparaître le "risque vieillesse", qui s’est déplacé, pour schématiser, de 65 à 80 ans, vers le "quatrième âge". La perte d’autonomie des personnes âgées, ou "dépendance", est "le" risque vieillesse du 21e siècle. Il concerne la branche maladie pour les soins et la branche vieillesse pour les revenus nécessaires à la couverture des nouveaux besoins. L’enjeu est de taille : d’ici 2050, les personnes âgées dépendantes devraient passer de 1,3 à 2 millions et le coût pour les finances publiques de 25 à 35 Mds €.

La gestion de ce 4e âge nécessite un cadre propice au "bien vieillir", grâce à une approche multisectorielle mobilisant la prévention sous toutes ses formes, l’adaptation de l’habitat, le lien social, la coordination des acteurs sanitaires et sociaux, l’aide aux aidants et, comme l’a rappelé un récent rapport parlementaire, des solutions aux besoins, notamment médicaux, des Ehpad. C’est tout l’enjeu de la "silveréconomie".

Même si nos aînés sont pour 3⁄4 d’entre eux propriétaires de leur logement, bénéficient d’une épargne générée par une vie de travail, n’ont plus d’enfants à charge, sont peu endettés, et héritent de leurs parents, ils n’ont pas un niveau de revenu suffisant pour faire face aux charges additionnelles liées à la perte d'autonomie, alors que les pensions de retraite supplémentaire ne représentent qu’à peine 3 % de la totalité des retraites ! L’idéal serait de transformer leur patrimoine en rente additionnelle, ce qui est plus simple à réaliser à partir de l’assurance-vie que par la cession du logement devenu inutile au moment d’entrer dans un Ehpad.

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La question clé est d’organiser la meilleure allocation des ressources pour ce 4e âge, après celui de la retraite en bonne santé, sachant qu’une majorité des séniors décèderont sans jamais avoir été dépendants. Deux voies sont explorées par les pouvoirs publics : financement public et système assuranciel.

Comme pour tous les aléas de la vie, un socle de solidarité nationale reste indispensable. C’est le sens de la deuxième journée de solidarité évoquée par le Premier ministre.

Des revenus supplémentaires seront nécessaires au-delà de ce socle minimal. Il faudrait donc que l’ensemble des nouveaux mécanismes de retraite, publics et privés, puisse servir à la fois une pension de "retraite en bonne santé", et une pension majorée en cas de perte d’autonomie : les durées relatives et la fréquence de survenance tempèreraient la charge. Si ce n’est pas pour le "stock acquis", ce serait envisageable pour les "flux". Nos (petits) enfants en bénéficieraient !

L’initiative privée pourra emprunter divers chemins, individuels ou collectifs.

En ce qui concerne les suppléments de retraite individuels, le projet Pacte s'oriente vers un produit d'épargne avec sortie en rente ou en capital. Or il ne répondra aux problèmes de financement de la dépendance que s’il encourage la sortie en rente, seule à même, à l’heure de la liquidation de la retraite, de garantir un revenu viager, quel que soit l'allongement de l'espérance de vie.

Au niveau collectif, à l’image de la voie choisie après la création du régime des cadres (Agirc en 1947) puis des salariés (Arrco en 1951), les partenaires sociaux pourraient tirer les conséquences de la fusion de ces régimes complémentaires dans le système universel en participant à la création de nouvelles institutions dédiées à la couverture du risque dépendance, professionnelles ou territoriales.

Quoi qu’il en soit, la réforme des retraites ne sera réussie que si elle organise la protection sociale du 4e âge par une solidarité entre retraités. "Actif, je prépare ma retraite ; retraité, je prépare ma dépendance" : tel serait le ressort de la gestion de ce grand risque social, qui relève bien de l’assurance, solidaire ou simplement mutualisée.

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