Les relations école/parents en 2015 : des bases encore solides mais fortement menacées

Après avoir interrogé les directeurs d’école maternelle et élémentaire, puis les personnels de direction des collèges et lycées, Georges Fotinos, ancien chargé de mission d'inspection générale de l'Education Nationale, docteur en géographie, vient de mener une enquête globale auprès des parents d’élèves sur les relations école-parents.

 Cette étude, soutenue par la CASDEN, la banque coopérative de l’éducation, la recherche et la culture, met en lumière un climat général relativement positif malgré un désinvestissement grandissant des parents. Des résultats peut-être surprenants, à la fois rassurants et inquiétants, qui montrent néanmoins que les conditions semblent réunies pour mettre en place une véritable politique de « coéducation ».

 « Alors que les valeurs républicaines de notre pays sont plus que jamais mises à mal et que nous luttons contre toutes les formes de fanatisme, l’union école/parents pour la défense des droits de l’homme et nos principes de ’’vivre ensemble’’ se révèle fondamentale  » indique Georges Fotinos. Selon l’auteur, cet état des lieux réalisé en 2015 montre que « si elles sont solides, les relations école/parents sont aujourd’hui fortement menacées et il est urgent de travailler pour une véritable co-éducation  ».

Le premier enseignement de cette nouvelle étude provient de l’ampleur du nombre de parents satisfaits tant de la qualité du climat scolaire que de celle des relations enseignants/parents dans les établissements. C’est un premier étonnement au regard de l’ambiance générale plutôt pessimiste concernant le fonctionnement de l’école.

Le second enseignement souligne néanmoins un certain nombre de difficultés dans les relations école-parents évoquée par une minorité significative de parents. Des « signaux à bas bruit » qui expliquent un désinvestissement grandissant des parents.

L’auteur, qui rapproche les conclusions de cette étude des deux précédentes (avril et novembre 2014) et s’appuie sur des contributions d’experts reconnus en la matière, conclut que les conditions de mise en oeuvre d’une politique de co-éducation sont aujourd’hui réunies.

 

Un climat général globalement positif

 Il ressort de cette étude que la plupart des parents constatent un bon climat général (87 %) quelle que soit la catégorie d’établissement, ainsi qu’un bon climat de relation avec les enseignants (87 %).

Néanmoins l’appréciation est plus nuancée concernant les relations avec l’établissement notamment sur le registre « excellent/bon » (-17 points avec le climat général). Environ 20 % des parents sont des « consommateurs d’école ». Georges Fotinos explique : « Pour eux, l’école est seulement un service public d’enseignement au service des usagers et ils sont en droit d’exiger des résultats conformes à leurs demandes. »

L’étude met également en lumière le fait que la violence des personnes envers les responsables d’établissements scolaires existe et que la majorité des parents ont une vision globale et objective du fonctionnement de l’école et qu’ils n’ignorent pas les dérives de comportement de certains d’entre eux (différends, harcèlement, menaces...).

Opinions sur les enseignants, directeurs d’école, chefs d’établissement

 Si 7 parents sur 10 pensent que les parents sont informés des progrès et des difficultés de leurs enfants, 5 parents sur 10 considèrent que la volonté des enseignants de faire le nécessaire pour avoir une relation positive avec eux n’existe pas. De ces deux constats, il ressort que pour les parents une bonne partie des enseignants ne prend pas en compte cet aspect du métier pourtant inscrit comme mission de base de la profession : une communication suivie et régulière avec les parents au bénéfice des enfants.

Autre enseignement significatif : plus de 80 % des parents d’élèves respectent l’autorité des directeurs d’écoles/chefs d’établissement sur leurs enfants. Si ce résultat apparaît comme un élément porteur pour la construction d’une coopération avec l’école ou l’établissement, il ne faut pas sous-estimer le poids des conséquences sur la vie de l’établissement que représentent les 17 % de parents qui ne respectent pas cette autorité. Phénomène marginal il y a moins de 20 ans, il semble que ce comportement se développe, au regard d’études récentes sur ce sujet.

Des parents de moins en moins impliqués dans la vie de l’établissement scolaire

 Près d’1 parent sur 2 s’intéresse à la vie de l’établissement scolaire. Cela s’explique par le problème récurrent des modes de relation plus ou moins adaptés aux familles, du contenu des messages, de la disponibilité, du degré de réceptivité et de compréhension de ces derniers.

Un autre élément d’explication est l’évolution générale de la société française qui voit ses membres s’investir de moins en moins dans des responsabilités collectives et citoyennes et, pour certains, déléguer complètement à l’école la responsabilité du développement de leur enfant.

Le fait que 4 parents sur 10 déclarent que les parents ne savent pas ce qu’ils doivent faire pour aider leurs enfants à la maison pose la nécessité de mettre à la disposition de ces derniers les informations nécessaires mais également un accompagnement composé de conseils, de mises au point et de rencontres.

Une situation favorable à la mise en place d’une coéducation

 Il ressort de cette consultation des parents à la fois une image positive de l’école et l’émergence de plusieurs sources d’inquiétudes.

Les opinions les plus positives (indiquées par 8 ou 9 parents sur 10) portent sur :

  Les climats (climat général de l’école/établissement, climat de relation des parents avec l’établissement) ;

  La qualité des relations parents/enseignants ;

  Le respect de l’autorité des directeurs d’école/chefs d’établissement sur les enfants ;

  Les différends avec les directeurs d’école/chefs d’établissement.

 

Quant aux sources d’inquiétudes (indiquées par 2 à 4 parents sur 10), elles concernent :

  La reconnaissance du comportement agressif d’une minorité significative de parents ;

  Le désintérêt quasi majoritaire des parents pour la vie de l’école/établissement ;

  L’émergence d’une carence d’éducation parentale au respect des valeurs de l’école républicaine ;

  La captation pour des objectifs personnels de la fonction de délégué de parents d’élèves ;

  La méconnaissance d’une bonne partie de parents pour aider à domicile leurs enfants ;

  La difficulté pour les enseignants à construire un dialogue positif avec les positifs.

Ces sources d’inquiétudes pourraient être les premiers éléments à prendre en compte dans l’optique de la réalisation d’un véritable projet de coéducation. Aussi, pour maximiser les chances de réussite, il était essentiel de comparer les opinions et les pratiques de chacun des protagonistes sur les points nodaux de ce partenariat.

Pour Georges Fotinos : « Cette étude devrait conduire à une meilleure prise de conscience par les intéressés eux-mêmes de la situation actuelle et à une volonté commune d’y remédier. Elle contient les principaux éléments de base pour repartir de façon plus assurée vers l’ambition gouvernementale de créer une véritable coéducation. »  L’auteur ajoute : « Il est temps qu’enseignants et parents s’associent dans la construction d’une véritable école du Vivre Ensemble. Il faut rétablir le dialogue et une relation de confiance mutuelle : le vivre ensemble et les valeurs républicaines portées par l’école publique, comme la laïcité, sont en jeu. Heureusement, des solutions existent pour construire une véritable politique de coéducation. La confrontation des points de vue et des pratiques des deux responsables de l’éducation des enfants les Parents et l’Ecole, ici réalisée, ouvre de véritables perspectives de changement ».

 

L’étude « Le Divorce École-Parents en France – Mythe et réalité en 2015 » est consultable en ligne sur le site www.casden.fr

A découvrir également deux monographies :

- Bouches-du-Rhône

- Issy-les-Moulineaux

 

 Méthodologie

L’enquête auprès des parents porte sur l’année scolaire 2014-2015. Elle repose sur deux modes de recueil de l’information : un sondage auprès des parents d’élèves effectué par l’institut de sondage OpinionWay et un questionnaire réalisé en coopération avec une équipe universitaire de Lyon 1 géré et traité par le bureau d’études Vitruvian Consulting. Ce dernier a été diffusé principalement par le réseau national de correspondants CASDEN, des associations complémentaires de l’école, de la FCPE, des syndicats et organisations de personnels de l’Éducation nationale, des responsables de collectivités locales et du système éducatif et par des réseaux sociaux. Cette étude est la conclusion des travaux sur ce sujet et confronte à partir du même questionnaire les opinions et les pratiques de « partenariat » entre les responsables d’école et d’établissement et les parents d’élèves (10 000 réponses) pour chaque catégorie de lieu scolaire (Ecole maternelle, Ecole Elémentaire, Collège, LEGT, LP)

A propos de la CASDEN

Banque coopérative de l’Education, de la Recherche et de la Culture, la CASDEN compte, à fin 2014, 541 collaborateurs, 224 Délégués Départementaux, 8 445 Correspondants dans les établissements scolaires et universitaires, et plus d’un million de Sociétaires issus de l’Education, de la Recherche et de la Culture.

www.casden.fr 

 

Contacts presse :   

CASDEN

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Tel : 01 64 80 34 62
stephanie.guillas@casden.banquepopulaire.fr  

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Tel : 01 58 22 21 15
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