Paul Meilhat, skipper SMA, durant sa préparation pour le Vendée Globe 2016.

Paul Meilhat, skipper SMA, durant sa préparation pour le Vendée Globe 2016.

Eloi Stichelbaut / DPPI / SMA

Son regard bleu océan vous aimante. Puis Paul Meilhat raconte avec franchise et douceur son parcours. Atypique. Commencer la voile sur le lac de Créteil et participer 30 ans plus tard au Vendée Globe, ce n'est pas banal. Le 6 novembre, le skipper francilien prendra bien le départ de la prestigieuse course au large, depuis les Sables d'Olonnes. Avant de barrer un monocoque de 60 pieds sponsorisé par le groupe d'assurance SMA, c'est dans un Optimist, sur un lac artificiel, qu'il a tiré ses premiers bords.

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Ses parents, propriétaires d'un petit bateau lui inculquent très tôt le plaisir de la mer. Mais très vite, les croisières estivales au sud de la Bretagne, qui ne sont qu'un plaisir de vacances, ne lui suffisent plus. Le garçon veut naviguer, toute l'année, même si la famille habite en région parisienne. "J'ai donc commencé à faire du dériveur sur le lac de Conflans-Saint-Honorine dans les Yvelines, confie à L'Express le skipper. Puis comme les résultats étaient là assez vite, que mes performances grimpaient, il a fallu chercher un centre d'entraînement".

Paul Meilhat et son entraîneur, au bord du lac de Créteil, là où tout a commencé.

Paul Meilhat et son entraîneur, au bord du lac de Créteil, là où tout a commencé.

© / Brian Carlin

"On navigue entre les tours"

Direction le Val-de-Marne et l'US Créteil donc, où Paul Meilhat prend sa première licence. Il brave alors ses premières vaguelettes, et travaille ses empannages pendant dix ans sur ce petit plan d'eau. Aujourd'hui, le skipper en garde de nombreux souvenirs. "C'était assez étonnant, parce que sur le côté ouest du lac, il y a une base de loisirs, avec des arbres, c'est assez vert et sympa... Puis sur le côté est, on voit la préfecture, la mairie et des bâtiments avec beaucoup d'étages. Donc on a un peu l'impression de naviguer entre les tours".

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Les entraînements sont forcément atypiques. Mais formateurs. "Le vent tournait beaucoup, notamment à cause des immeubles hauts. Entre nous, on en rigolait, on se disait que quand quelqu'un ouvrait une fenêtre ça changeait le sens du vent!".

"Ces conditions d'entraînement m'ont permis de développer mon côté régatier, puisque la régate consiste à effectuer un parcours le plus vite possible en utilisant au mieux le sens du vent. Donc quand il change beaucoup de direction, ça devient encore plus intéressant puisqu'il faut en permanence s'adapter".

Adopté par les Bretons

Paul Meilhat, skipper SMA, avant le départ du Vendée Globe 2016.

Paul Meilhat, skipper SMA, avant le départ du Vendée Globe 2016.

© / Eloi Stichelbaut / DPPI / SMA

Après le bac, section voile, les choses "sérieuses" commencent. Ses bons résultats en dériveur l'amènent au pôle France de La Rochelle. S'en suivent une ascension rapide et quatre ans de compétition à travers l'Europe. Puis une nouvelle étape: à l'école nationale de voile en Bretagne, pour quatre nouvelles années de dériveur au haut niveau, à deux cette fois, en 49er (une sorte formule 1 de la catégorie des dériveurs, bien plus grand que l'Optimist).

Le lien tissé d'année en année avec la Bretagne - lors des vacances ou des compétitions - se resserre: "Pour moi, ça a toujours été une évidence de vivre en Bretagne". Il s'installe à Brest. Lui qui n'est pas issu du sérail parvient tout même à s'intégrer facilement au milieu des marins. "Même si j'ai quelques copains qui me taquinent, sourit-il. Mais je me sens breton, j'habite en Bretagne, ma femme est bretonne, mes amis le sont... Aujourd'hui je suis plus à l'aise en Bretagne que dans le métro à Paris, alors que j'y ai grandi".

En 2008, Paul et son équipier prennent chacun leur route. Deux ans plus tard, il gagne la sélection "skipper Macif" qui lui permet d'être professionnel pendant trois ans. "A partir de là, tout s'accélère et les étapes s'enchaînent un peu vite, jusqu'au Vendée Globe".

Objectif: arriver au bout

Paul Meilhat, prêt pour son premier Vendée Globe.

Paul Meilhat, prêt pour son premier Vendée Globe.

© / Eloi Stichelbaut / DPPI / SMA

Nous y voilà. Toutefois, le skipper ne se met pas de pression à l'heure de braver les océans pour ce tour du monde en solitaire et sans assistance. "L'objectif pour moi, c'est déjà de terminer. Pour le moment, le maximum de temps que j'ai passé en mer sur un bateau, c'est 23 jours. Là, je pars pour 80. Donc je n'ai pas de pression, mais je ressens de l'excitation et de l'appréhension aussi". Et qui sait, peut-être qu'en passant le Cap Horn, au milieu le la houle de cet océan géant, Paul Meilhat aura une pensée pour le petit lac Créteil. Là où tout a commencé.

A partir du 6 novembre, Paul Meilhat tiendra une chronique hebdomadaire sur L'Express.fr

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