Top 10 - 2020

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Nouveau conte de juillet pour le roziero-rohmérien, qui réalise avec une tranquille indolence l’exploit invisible de se situer au croisement du social et du psychologique, du sentimental et du comique, en empruntant une voie si légère qu’elle en désamorce tous les écueils. Film d’une douceur absolue, d’une bienveillance à pleurer, où chaque personnage trouve l’opportunité de travailler à sa chance, et dont on émerge avec l’envie immédiate de tomber amoureux en karaokant "Aline" un beau soir d’été.

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Le glorieux souvenir de "Princesse Mononoké" plane sur ce conte fantastique beau comme un vitrail de maître, envoûtant comme une tapisserie médiévale incrustée de mystères et d’étoiles. On y avance en spéléologue, à la lampe frontale, subjugué par les superpositions des formes, les chorégraphies des couleurs, les kaléidoscopes flamboyants d’or et de rouge feu. Et on en sort avec les larmes aux yeux, le bonheur d’avoir goûté à la pureté d’une allégorie aussi riche de sens que prodigue d’émotions.

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Dans son vaste appartement londonien, le vieil homme se heurte à des apparitions inconnues, des intrus invasifs, une réalité étrange. La texture des jours lui échappe, la matière même de l’existence s’effiloche, le monde s’émiette. Tout en boucles inextricables et vertiges déroutants, ce labyrinthe est érigé par un esprit en déroute. Et lorsqu’Anthony, perdu, démuni comme un enfant, réclame sa mère dans un sanglot, le film transcende le seul brio de l’exercice cérébral pour étreindre le cœur.

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L’amour ne connaît rien de plus constant que l’inconstance, et c’est au prix d’un changement perpétuel qu’il peut côtoyer l’éternité. Telle pourrait être la maxime du cinéma de Mouret, dont le romantisme truffaldien atteint ici un genre de sommet. Plaisir coupable, passion tragique et badinage secret, aucune facette du sentiment n’est oubliée par cette farandole de quêtes affectives en perpétuelle reconfiguration, dont la symétrie miraculeuse vient in fine suspendre la triangulation des désirs.

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Quatre récits gorgés d’humanité, de tension, de poésie, intimement liés par les délicates questions de la peine de mort et de la liberté de conscience – cruciales au sein d’une des dictatures les plus verrouillées du monde. Des petites rues embouteillées du centre de Téhéran aux forêts humides du nord ou aux steppes arides entourant la capitale, c’est la même esthétique pénétrée de morale qui s’impose, la même vibrante célébration de l’intégrité, de l’idéal et de la responsabilité individuelle.

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Écrasée de travail, acculée par les dettes, Virginie galère. Le jour où elle découvre que ses sauterelles ont le goût du sang, une idée germe dans son esprit. Et le film, parti d’un constat quasi documentaire sur le marasme économique de l’agriculture bio, d’orchestrer un crescendo des plus redoutables. Sans peur de ses ambitions, il imbrique avec bonheur le portrait de femme, le drame familial, la chronique naturaliste, le thriller-catastrophe. La nuée du fantastique hexagonal est bien là.

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C’est un film qui contemple. Les traits des vieux nomades tapés par le souci, tannés par le soleil, fripés par le froid. Les paysages d’Americana où se revisite le mythe des pionniers. La gamelle prêtée au voisin, le feu offert à un étranger, la main qui se pose sur une autre. La réalité des marges s’invite dans la fiction, le voyage spirituel de l’héroïne épouse les portraits de ces âmes vagabondes, pour chanter un mode d’existence qui résume le lendemain au point d’interrogation de l’horizon.

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Plutôt que d’opposer la technologie tyrannique à la poésie du merveilleux, Podalydès organise des emboîtements non étanches, un continuum d’invention dans les situations qui asservissent les personnages et les stratagèmes imaginés pour s’y soustraire. Épinglant la morgue grotesque des petits soldats de la performance, l’espèce de folie sociale qui émane de la start-up nation, sa savoureuse comédie vise avec une mordante ironie le faux de cette frénésie régressive qui se vend comme un progrès.

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Il suffit d’une demi-silhouette burlesque, d’un bout de père fondamentalement triste, pour figurer cette idée que rien ne répare un deuil, qu’aucun tour de magie ne peut venir combler une absence, que la fin de l’enfance est une notion avec laquelle nul ne saurait négocier. Fiction presque déceptive donc, mais autour de laquelle se développe une fantaisie colorée, pleine de trouvailles délicates, de sortilèges loufoques, de situations poétiques. Même en mode mineur, Pixar n’a pas perdu la main.

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Il y a du Hitchcock (celui de "Soupçons" et des "Enchaînés") dans cette intrigue tissée de faux-semblants et de motivations indémêlables, qui voit la défiance conjugale infiltrer un échafaudage de doubles jeux et de secrets d’état. Le maître du thriller horrifique nippon y active un art de la fiction tout à fait excitant, cultive le mystère épais, l’ambivalence fondamentale de ses personnages, et donne à voir quels chemins de traverse peut emprunter l’amour dans un monde qui s’abîme dans la guerre.