L'agilité, on n'en revient pas...

Loin de moi l'idée d'exprimer des opinions politiques! J'en ai vu beaucoup sur Linkedin... ce n'est pas le bon endroit.

Mais si on m'avait dit qu'un jour je verrai une photo de François Fillon et Alain Juppé en train de regarder les stories Agile d'une entreprise digitale... j'aurais bien ri! Pourtant c'est arrivé il y a quelques jours. 

J'ai commencé à remplir ces post-its il y a une dizaine d'années, chez un pure player américain. J'étais loin d'imaginer qu'un jour, en France, on les montrerait aux candidats présidentiels. Le système Agile est révolutionnaire et je ne peux qu'espérer que Messieurs Fillon et Juppé ont posé des questions sur ces post-its et que leurs hôtes ont pris le temps de leur expliquer les bases d'Agile.

Parce que travailler en mode Agile, ce n'est pas réservé aux ingénieurs, et une fois qu'on a commencé, on a du mal à en revenir. Tout simplement parce que c'est un système extrêmement efficace! Et d'ailleurs quand je travaillais à Londres, dans mon équipe, non technique, nous utilisions aussi ce mode dans un souci de rapidité.

Par exemple, pour stimuler le bon avancement d'un projet au sein d'une équipe, la tenue de daily scrum est particulièrement pertinente.

Imaginez une équipe classique: certains sont rapides, d'autres moins. Certains sont motivés, d'autres moins. Certains s'attaquent aux problèmes, d'autres les poussent sous le tapis. Imaginez à nouveau cette équipe réunie tous les matins pendant un quart d'heure pour parler de l'avancement du projet. Tout le monde reste debout. Chacun prend la parole tout à tour pour parler de ce qu'il fait. C'est le daily scrum meeting et ça va tout changer.

Chaque personne énonce:

1) ce qu'elle a fait le jour précédent

2) ce qu'elle fera aujourd'hui

3) les points de blocage qu'elle rencontre dans son travail.

Ceci permet une responsabilisation maximale des membres de l'équipe, qui déplacent sur des tableaux des post-its, matérialisant les tâches accomplies, à accomplir, ou bloquées.

Ceci permet aussi d'identifier des difficultés qui avaient été sous-estimées ou ignorées, et d'exposer ces difficultés à l'ensemble de l'équipe. Ceci maximise les chances de trouver des solutions, de s'entraider. Et pour un manager c'est très utile: pour motiver les troupes, qui se sentent plus impliquées, mieux informées, pour surveiller les employés moins efficaces (qui vont moins se sentir "fliqués" puisque tout le monde parle de son travail).

Alors évidemment Agile ce n'est pas pour tout le monde! Et notamment ce n'est pas pour ceux:

• qui n'aiment pas rendre des comptes
• qui n'aiment pas qu'on leur pose des questions.

Et l'implémentation de la méthodologie Agile ne se fait pas toujours facilement, précisément à cause de ces personnes.

Mais cette méthodologie, dont je n'ai mentionné qu'un élément, le daily scrum meeting, à été mûrie très longuement, par des experts du développement informatique, pour aboutir en 2001 au manifeste Agile. C'est probablement pour cela qu'elle est si riche et si intéressante à utiliser.

Elle replace l'humain et la communication au coeur du développement, loin des spécifications de 200 pages pour des projets. Le découpage en petits lots, ("des stories", résumés sur des post-its) qui pourront être livrés rapidement, permet au business non seulement d'en tirer profit plus vite, mais aussi de rectifier le tir plus vite si des éléments importants ont été oubliés ou mal conçus.

Elle oblige aussi les développeurs informatiques (parfois assez réservés) à communiquer entre eux et vers le business. Elle réduit également la frontière entre les codeurs et les utilisateurs.

L'agilité, on n'en revient pas!