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Editorial : vivre avec l’immigration

Rien n’est plus faux que d’imaginer que la question migratoire va se résoudre avec le retour à une forme de « normalité » en Syrie ou en Irak : les Européens vont devoir apprendre à vivre avec l’immigration.

Publié le 08 juillet 2016 à 10h26, modifié le 08 juillet 2016 à 11h53 Temps de Lecture 2 min.

Dans la « jungle » de Calais, le 24 juin.

Editorial du« Monde ». Pour l’Europe, la question stratégique numéro un du XXIe siècle a un nom bien précis : l’immigration. Les Européens doivent apprendre à vivre avec un Moyen-Orient en plein chaos et des voisins africains en pleine explosion démographique.

Ce n’est pas une affaire conjoncturelle. Rien n’est plus faux que d’imaginer que la question migratoire va se résoudre avec le retour à une forme de « normalité » en Syrie ou en Irak. L’immigration s’annonce comme une donnée structurelle de ce siècle pour l’Union européenne (UE).

La géographie la met face à un continent africain – plus d’un milliard d’habitants – en phase d’expansion démographique sans précédent. Les démographes se disputent sur l’évolution de ce phénomène. Il y a un scénario pessimiste qui voit l’Afrique avec une population de plus de 4 milliards d’habitants d’ici à 2100 et il y a une hypothèse plus rassurante.

Mais les économistes portent un verdict unanime : quelles que soient ses performances économiques, le continent noir sera dans l’incapacité de nourrir, loger et soigner une population aussi nombreuse. Une partie d’entre elle émigrera, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de l’Afrique. Plus exactement, pareil mouvement en cours depuis des années ne va faire que s’accélérer.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

L’UE commence à en prendre conscience. Le sujet de l’immigration n’est plus à l’avant-scène de l’actualité. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’accord conclu entre l’UE et la Turquie, très controversé, a stoppé le flux des Afghans, Irakiens et Syriens arrivant en Grèce –, ils sont aujourd’hui renvoyés en territoire turc. Réfugiés et passeurs ne mettent plus un bateau à l’eau.

Pour autant, nombre d’Africains continuent, de leur côté, à prendre tous les risques pour gagner la Libye. De là, où ils sont traités pire que des esclaves, les passeurs les mettent à bord d’embarcations de fortune. Qui continuent de couler.

Le cap des 10 000 migrants disparus en Méditerranée depuis le début 2014 a été franchi ces jours-ci. Qu’ils fuient la guerre, des régimes politiques iniques ou la misère, les migrants sont tous aussi déterminés : la frontière entre « réfugiés » politiques et « migrants économiques » est poreuse, explique au « Monde »  la sociologue Karen Akoka.

L’opinion européenne, un facteur-clé

Les gouvernements européens sont face à une situation difficile. D’ici à 2050, et même en tenant compte de la robotisation du travail, l’Europe vieillissante devrait avoir besoin d’une vingtaine de millions d’étrangers pour équilibrer sa population active. La fidélité à ses valeurs devrait la conduire à une certaine générosité. Pas si simple. Tous les pays de l’UE sont sous la pression de mouvements populistes anti-immigration, qui ne cessent de monter en puissance et risquent de changer radicalement le profil démocratique de l’Europe.

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La solution passe par des accords entre l’UE, d’un côté, et, sur le continent africain, les pays de départ et les pays de transit, de l’autre. Mêlant la gestion des flux migratoires et l’aide au développement, ces accords seraient révisés lors de conférences annuelles entre les deux parties, selon les besoins et les capacités des uns et des autres.

L’opinion européenne est un facteur-clé dans cette affaire. Rien de durable et de satisfaisant ne se fera sans son accord, qui commande ce qui a manqué jusqu’à présent pour trouver une solution au niveau de l’UE : un sentiment de nécessaire solidarité entre les pays membres.

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