Musicien, grand représentant de la nouvelle chanson latino-américaine des années 1960, Daniel Viglietti est mort lundi 30 octobre, à Montevideo, à l’âge de 78 ans. Il était un virtuose de la guitare, admiré des plus grands de son temps : Violeta Parra au Chili, l’Argentin Atahualpa Yupanqui, le Cubain Silvio Rodriguez ou le Brésilien Chico Buarque. Daniel Viglietti surprenait car il y avait dans sa guitare une « main impaire » qui venait perturber l’ordre de l’harmonie, qui était là pour altérer la séquence mélodique. Une forme esthétique en syntonie avec l’humanisme politique qu’il a cultivé toute sa vie.
Né le 24 juillet 1939 dans la capitale de l’Uruguay, Daniel Alberto Viglietti Indart était le fils du colonel et guitariste Cedar Viglietti et de la pianiste Lyda Indart. D’une solide formation classique, il fut l’élève d’Atilio Rapat et d’Abel Carlevaro avant de se consacrer à la musique populaire qu’il composait et interprétait avec grande sophistication. Ses chansons ont été reprises par des interprètes comme Mercedes Sosa, Victor Jara ou Marc Ogeret en France.
Après un premier disque de compositions pour guitare et chansons folkloriques en 1963, il enregistre cinq disques qui demeurent le cœur de son œuvre : Hombres de nuestra tierra (1964), Canciones para el hombre nuevo (1968), Canto libre (1970), Canciones chuecas (1971) et Tropicos (1973). Ces titres connaîtront une longue carrière internationale. Ainsi, en 1968, Le Chant du monde édite Canciones para mi America, prix Charles-Cros, réédité en 1997 par Buda Musique.
Emprisonné au début des années 1970
Les titres de ces disques intègrent vite le patrimoine de la chanson latino-américaine : A desalambrar (« enlevons les clôtures »), écrite comme un réquisitoire contre la propriété rurale, devient un véritable hymne pour la liberté. En outre, Daniel Viglietti met en musique magistralement des poèmes de Rafael Alberti, Nicolas Guillen, César Vallejo ou Federico Garcia Lorca et réinterprète des auteurs comme Violeta Parra ou Atahualpa Yupanqui.
A la suite d’une intense mobilisation populaire et d’une campagne internationale, il est libéré mais doit partir en exil
En 1972, il est emprisonné et ses chansons, considérées « perturbatrices », sont interdites en Uruguay. A la suite d’une intense mobilisation populaire et d’une campagne internationale à laquelle prennent part Oscar Niemeyer, Julio Cortazar, Jean-Paul Sartre, François Mitterrand, il est libéré mais doit partir en exil. Il s’installe à Paris où il reste jusqu’en 1984.
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